Pierre Gentillet est président des Jeunes de la Droite Populaire, un des courants de l’UMP qui a été reconnu lors des dernières élections internes. La mention avait recueilli 10,87% des voix. Un des champs de bataille de ce jeune homme, c’est la Russie. Il voudrait faire changer les mentalités des Français sur ce pays et œuvrer à un rapprochement entre les deux pays sur le plan politique et diplomatique. D’où lui vient son attachement pour la Russie ? Comment agit-il au sein de son parti sur ce sujet ? Comment voit-il l’avenir entre les deux pays ? Disponible, Pierre Gentillet a bien voulu répondre à nos questions.
Pierre Gentillet est un russophile assumé : « Cela fait très longtemps que je m’intéresse à la Russie. J’espère même y faire un séjour de plusieurs mois pour pouvoir apprendre le russe. ». Le jeune homme se dit passionné par la culture russe et notamment ses chants russes, qu’il écoute régulièrement mais il tient à rassurer : « je n’écoute pas que ça. ». Il a un profond respect pour ses racines culturelles et sa non-soumission au mondialisme. C’est en se plongeant dans le gaullisme qu’il a été convaincu de liens indispensables entre les deux pays et il se plait à citer cette phrase du général De Gaulle : « Pour la France et la Russie, être unies, c’est être fortes, être désunies, c’est être en danger. C’est une condition indispensable du point de vue de la géographie, de l’expérience et du bon sens. » Cette passion pour la Russie a été soutenue et encouragée par son mentor politique Thierry Mariani, vice-président de l’UMP et chef de file du mouvement la Droite Populaire, avec qui il parle souvent. Ce dernier, député des Français de l’étranger, est président de l’association Dialogue franco-russe avec Vladimir Iakounine, un des proches alliés de Poutine. Il fait partie de ceux qui tentent, au sein de l’UMP, de porter les idées d’une création de liens plus forts avec la Russie.
Pierre Gentillet nie que l’UMP soit un parti anti-russe et il cite des noms de personnes, qui sont plutôt axées vers la Russie : « Nous avons Guaino, Peltier, Myard ou bien encore Thierry Mariani qui est quand même vice-président de l’UMP. » Mais il tient à préciser que : « dans un parti politique, les positions internationales sont toujours clivantes. » tout en reconnaissant que l’axe franco-russe n’est pas la position prioritaire du parti. Cependant encore « jeune acteur politique », Pierre Gentillet veut user d’autres moyens qu’écrire des tribunes ou tweeter pour changer les mentalités. Il y a quelques mois, il entre en contact avec Alexandre Latsa, écrivain français travaillant à Moscou et géopoliticien, pour organiser une conférence avec lui : « J’étais très intéressé par ce qu’il écrivait. C’est quelqu’un de très intelligent, qui a une grande lucidité et que j’apprécie beaucoup. » En tant que membre d’un mouvement reconnu par l’UMP, il a droit à avoir une fois par mois accès à une salle au siège national du parti pour organiser une conférence et il a profité de cette opportunité pour pouvoir faire cette conférence sur « les mythes de la Russie d’aujourd’hui » avec Alexandre Latsa en février dernier : « ça a été un vrai succès. La salle était pleine. Il n’y avait plus assez de sièges pour s’asseoir. Nous étions environ 300 personnes. Je considère cela comme une vraie victoire. » tout en insistant sur le fait qu’elle a lieu au siège national de l’UMP. Mais il faut continuer de faire des efforts pour que les politiques et les Français tournent leur regard vers la Russie et que les mentalités changent.
Pour Pierre Gentillet, sur le dossier ukrainien, la France a raté le coche : « on est trop poussé vers l’Ouest et on aurait pu profiter de l’occasion pour se tourner davantage vers Moscou. » Il dit d’ailleurs son opposition au retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN : « ce n’est pas parce que je suis à l’UMP que je suis d’accord avec toutes les positions du parti. » Au lieu de se poser en arbitre en Ukraine, la France s’est mise dans le camp américain : « nous sommes totalement sous la tutelle américaine et je pèse mes mots. D’ailleurs s’il est mis en application, le traité transatlantique sera une catastrophe pour nos industries. Je ne veux pas d’une Europe étatsunienne. » Le jeune homme ne manque pas de souligner l’inégalité de traitement : « si demain la France signait un accord, du style de l’OTAN, avec la Russie, on hurlerait que nous sommes vassalisés. Cependant, on accepte la domination américaine. La Russie sort rarement de ses frontières. C’est un empire en phase de redressement. Les Américains, eux, interviennent dans de nombreux pays. » Il ne comprend pas d’ailleurs qu’on dit combattre le FN et qu’on s’affiche avec le parti ukrainien Svoboda : « On a des élites totalement déconnectés qui profitent de la situation. Quelle crédibilité a BHL pour s’exprimer sur le dossier ukrainien ? » Il ne manque pas de faire remarquer qu’aujourd’hui c’est la loi de la jungle à Kiev et que le pays risque de rentrer un peu plus dans la spirale infernale de la dette, devenant totalement dépendant des banques américaines. Pour lui, ce sont les Américains qui ont gagné en Ukraine : « Ils ont obligé la Russie à bouger, l’exposant ainsi à de lourdes sanctions internationales. » On est toujours dans une guerre froide, qui n’a jamais véritablement cessé.
Certains n’hésitent pas à appeler Pierre Gentillet « radio Moscou », ce qui fait sourire le jeune homme qui assure qu’il n’est pas payé par le Kremlin. S’il est russophile, il n’est pas non plus anti-américain : « c’est un peuple fier et orgueilleux qui est persuadé qu’il apporte le bien avec la démocratie. Il n’aime pas perdre. Les Américains sont des patriotes. On voit partout des drapeaux américains. Imaginez cela en France ! Aux USA, il y a une véritable solidarité civile. Quand il y a des catastrophes naturelles, au lieu de se tourner vers l’État, les Américains sortent les pelles et commencent à déblayer. Ils s’en sortent ensemble. » Mais le jeune homme veut que la France retrouve sa souveraineté et pour cela, elle a besoin de la Russie. C’est une nécessité. Il ne s’agit pas pour autant de devenir un vassal russe mais de s’en servir. Il souligne les nombreux partenariats qui unissent les deux pays : « nous dépendons à 60% du titane russe. » Pour lui, ce serait une grave erreur de s’en priver, pour se tourner vers les Américains qui n’attendent que les marchés européens.
Pierre Gentillet va continuer de tout faire pour que les Français aient une autre vision de la Russie : « on assiste à un véritable matraquage médiatique qui diabolise la Russie. C’est une erreur totale. Il faut effectuer un travail de réinformation et cela passe par des médias sur le web. Certains comprennent que la Russie a besoin d’un pouvoir fort. Poutine est un des plus grands hommes d’état de la Russie. Il y a certains abus mais on passe sous silence les réussites économiques. Le nouveau modèle a fait ses preuves et marche plutôt bien. » A défaut d’avoir un poste politique plus important, le jeune homme va continuer d’écrire des tribunes pour défendre la Russie, tout en continuant de s’engager dans une voie souverainiste pour la France.
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