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Pétrole, gaz, uranium : la Hongrie fustige l’hypocrisie des Etats-Unis et de l’UE au sujet de la Russie

La Hongrie met les Etats-Unis et l'UE devant leurs contradictions

La Hongrie est souvent mal vue des dirigeants de l’Union européenne, et Peter Szijjarto, son ministre des Affaires étrangères et du Commerce, ne s’est pas fait que des amis la semaine dernière en mettant les Etats-Unis et l’UE devant leurs contradictions au sujet de la Russie.

Hypocrisie des Etats-Unis et de l’UE

S’exprimant à Chatham House à Londres, Szijjarto a fustigé l’Union européenne et les États-Unis pour leur hypocrisie et leur échec en matière de sanctions contre la Russie. Ses remarques ont été prononcées presque au même moment où son patron, le Premier ministre Viktor Orban, recevait le président Xi Jinping en visite d’État à Budapest pour promouvoir des liens plus étroits.

Szijjarto a fait trois affirmations intéressantes. Premièrement, les Russes embauchent des travailleurs non russes pour travailler sur des projets nucléaires en Hongrie.

Deuxièmement, de nombreux États de l’UE ont payé des prix gonflés pour le pétrole « indien », que New Delhi a acheté à la Russie à des prix très réduits.

Troisièmement, la Russie reste le plus grand fournisseur d’uranium enrichi des États-Unis.

Ces points expliquent comment les sanctions contre la Russie tant vantées par certains politiciens européens, conçues pour faire effondrer l’économie russe et le régime de Moscou, ont essentiellement fini par nuire aux Européens ordinaires et à leurs économies.

Américains et Européens embauchés par les Russes

La Hongrie a signé un contrat de 12,5 milliards d’euros avec Rosatom, la société publique russe d’énergie nucléaire, pour la construction de deux réacteurs. C’est l’une des raisons pour lesquelles la Hongrie s’est opposée aux tentatives de l’UE d’inclure l’énergie nucléaire sur la longue liste de sanctions. Il y a un an, la Hongrie a reçu l’approbation de la Commission européenne pour modifier le contrat de financement et de supervision de la gestion. Bruxelles ne voulait tout simplement pas devoir indemniser la Hongrie pour ses pertes financières si des sanctions étaient imposées.

Rappelant au passage que fermer les centrales reviendrait à se priver du tiers de la production d’électricité, le chef de la diplomatie hongroise sourit des critiques faîtes à l’égard de son pays pour avoir confié à Rosatom la construction d’une centrale nucléaire : « Si je vous emmène sur le chantier [de construction nucléaire] demain, vous verrez d’énormes travaux en cours. Vous verrez des ouvriers américains, allemands et français travailler sur le chantier, payés par les Russes, pour y travailler.»

Voilà pour l’énergie nucléaire, qu’en est-il du pétrole ?

Le pétrole russe… acheté à l’Inde

Comme le rapporte Reuters : « Les importations record de pétrole brut en provenance de Russie au cours de l’exercice 2022-23 ont aidé les raffineurs indiens à augmenter leurs exportations de diesel et de carburéacteur vers l’Europe. L’accès au brut russe bon marché a stimulé la production et les bénéfices des raffineries indiennes, leur permettant d’exporter des produits raffinés de manière compétitive vers l’Europe et de conquérir une plus grande part de marché. La Russie est devenue l’année dernière le premier fournisseur de pétrole brut de l’Inde, supplantant l’Irak.

Szijjarto n’a pas mentionné le gaz naturel russe, ce qui est encore plus embarrassant pour l’UE. Selon le service d’information allemand DW, « la Russie est désormais le deuxième fournisseur de GNL de l’UE. Les importations de GNL en provenance de Russie représentaient 16 pour cent de l’offre totale de GNL de l’UE en 2023, soit une augmentation de 40 pour cent par rapport à la quantité vendue par la Russie à l’UE en 2021. »

L’uranium enrichi acheté à la Russie par les Etats-Unis

Parallèlement, le New York Times rapportait l’année dernière : « Aujourd’hui, les entreprises américaines paient environ 1 milliard de dollars par an à l’agence nucléaire publique russe pour acheter le combustible qui génère plus de la moitié de l’énergie sans émissions des États-Unis. . Les paiements pour l’uranium enrichi sont versés à des filiales de Rosatom, qui est elle-même étroitement liée à l’appareil militaire russe.»

Un projet de loi interdisant les importations d’uranium russe devrait bientôt devenir loi, mais des experts indépendants affirment qu’il est tellement rempli d’exemptions et de dérogations que l’offre russe restera importante pendant longtemps. Pourquoi?

« Environ un tiers de l’uranium enrichi utilisé aux États-Unis est désormais importé de Russie », selon l’article du Times. « La construction d’une nouvelle chaîne d’approvisionnement en uranium enrichi prendra des années – et un financement gouvernemental bien supérieur à celui actuellement alloué… La société qui exploite l’usine [d’enrichissement de l’uranium] de l’Ohio affirme qu’il lui faudra peut-être plus d’une décennie pour produire des quantités rivalisant avec Rosatom. »

Szijjarto n’a pas mâché ses mots : « L’ensemble de l’Union européenne et l’ensemble de la communauté de l’Atlantique Nord sont super, super hypocrites… Vous regardez derrière la scène, vous voyez que ceux qui nous accusent [la Hongrie] font des affaires bien plus importantes et concluent des accords bien plus importants avec la Russie que nous. »

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«Qui a été le premier fournisseur d’uranium des Etats-Unis l’année dernière ? La Russie», rappelle Peter Szijjarto.

«Et ils font pression sur nous pour que nous n’achetions pas de combustible à la Russie.»

Et de conclure en beauté sur le pétrole russe, dont les Européens se vantent bruyamment de s’être passés… alors qu’ils l’achètent simplement via l’Inde. Plus cher.

«Je comprends que la politique est une question de perceptions, d’idéologies. Mais si l’on examine les faits, on découvre quelques surprises.»

Pierre-Alain Depauw

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