Plusieurs fichiers prétendument classifiés du Pentagone, totalisant plus de 100 pages, ont été divulgués sur les réseaux sociaux la semaine dernière. Ils fournissent des détails clés sur des questions allant de la vulnérabilité du champ de bataille en Ukraine aux renseignements sur des questions concernant les pays alliés du monde entier. La fuite pourrait être l’une des violations publiques les plus dommageables du renseignement américain depuis que des milliers de documents classifiés ont été publiés via WikiLeaks.
Les détails sur le conflit ukrainien et les plans des États-Unis et de l’OTAN pour aider l’Ukraine avant leur offensive prévue en avril ont fuité
L’existence de ces documents, qui ont été découverts en circulation sur les sites de médias sociaux dès mercredi, a été signalée pour la première fois par le New York Times. Le Pentagone est pris de panique : en effet, les détails du renseignement américain sur le conflit ukrainien ont été rendus publics ainsi que des détails des plans des États-Unis et de l’OTAN pour aider l’Ukraine avant leur offensive prévue en avril. Au moins 12 brigades auraient été préparées pour l’offensive, dont neuf ont été recrutées et fournies par les forces de l’OTAN et des États-Unis. Pour ces unités, 250 chars et plus de 350 véhicules de combat d’infanterie sont utilisés. Les tableaux indiquent que six des neuf unités devaient être terminées au 31 mars et les autres au 30 avril. Une source proche du président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré à CNN que la fuite des dossiers en question aurait contraint Kiev à revoir ses plans militaires dans le conflit avec Moscou.
Les responsables du Pentagone ont reconnu que les fuites sont en effet des documents légitimes du ministère de la Défense, mais devant l’ampleur des révélations essayent de minimiser l’affaire en déclarant que certains documents semblent avoir été modifiés. Par exemple, un document modifié exagère les estimations américaines des pertes ukrainiennes et minimise les estimations des troupes russes tuées.
Certains points mettent en effet particulièrement en lumière la réalité de la situation du conflit russo-ukrainien, guerre par proxy des Etats-Unis.
La situation de l’Ukraine est bien pire que celle reportée par les médias dominants : l’armée de l’air ukrainienne pourrait bientôt s’effondrer
D’après ces renseignements qui ont fuité, l’armée de l’air ukrainienne pourrait bientôt s’effondrer. La défense aérienne de l’Ukraine sera confrontée à de sérieux défis dans les mois à venir, révèlent des documents. Une prétendue diapositive du Pentagone datée du 28 février affirme que, si l’Ukraine continue aux taux de consommation actuels, elle aura complètement épuisé son stock de missiles Buk d’ici le 13 avril et de missiles S-300 d’ici le 3 mai.
Selon une carte dans une autre prétendue présentation du Pentagone du même jour, d’ici mai, la plupart des infrastructures nationales critiques de l’Ukraine en dehors de Kiev et de deux autres zones du sud-ouest de l’Ukraine n’auront plus de couverture de défense aérienne, le nombre de sites critiques non protégés sautant de six à plus de 40.
Concernant les pertes militaires, les documents révèleraient que l’Ukraine a 4 fois plus de pertes que la Russie. Les Etats-Unis et l’OTAN envoient les Ukrainiens se faire massacrer… jusqu’au dernier d’entre eux !
Les États-Unis n’espionnent pas seulement la Russie, mais aussi leurs alliés dont Zelenski
Cette fuite pourrait également nuire aux relations diplomatiques d’une autre manière. Les éléments divulgués montrent clairement que les États-Unis n’espionnent pas seulement la Russie, mais aussi leurs alliés. Bien que cela ne surprenne guère les responsables de ces pays, rendre publiques de telles écoutes entrave toujours les relations avec des partenaires clés, comme la Corée du Sud, dont l’aide est nécessaire pour approvisionner l’Ukraine en armes. Zelensky lui-même aurait été espionné par son mentor américain : mais ce n’est guère surprenant, et les Ukrainiens eux-mêmes ne sont d’ailleurs pas surpris (selon les mêmes sources). Certains documents évoquent aussi la pénétration des services secrets américains dans l’appareil militaire dirigé par le Kremlin. Depuis Kiev, cependant, une tentative a été faite ces derniers jours pour sous-estimer les révélations : le conseiller du président ukrainien, Mykhailo Podolyak, a en effet qualifié les documents divulgués de faux, arguant qu’ils n’ont « rien à voir avec les vrais projets de l’Ukraine ». Les dernières rumeurs suggèrent cependant le contraire.
Les documents brossent donc un tableau différent de la position que Biden a prise plus tôt ce mois-là. Dans une interview du 28 février avec ABC, le président Biden a rejeté les appels à envoyer plus d’avions de combat en Ukraine, affirmant que l’Ukraine « n’a pas besoin de F-16 maintenant ».
L’administration de Joe Biden et le département américain de la Défense sont sur les nerfs et « travaillent à retirer » ces documents d’Internet. Mais jusqu’ici sans succès.
« Nous sommes au courant des rapports de publications sur les réseaux sociaux, et le ministère étudie cette question », a déclaré la porte-parole adjointe du ministère américain de la Défense, Sabrina Singh.
Le Kremlin a également commenté la fuite de documents confidentiels : « La Russie n’a aucun doute sur le fait que les États-Unis ou l’OTAN sont directement ou indirectement impliqués dans le conflit en Ukraine. Le degré d’implication augmente de manière significative, mais cela n’affectera pas les résultats de nos actions », a déclaré le président russe Dmitri Peskov.
Francesca de Villasmundo
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