Penser l’Islam, le dernier livre de Michel Onfray sort aujourd’hui, en avant première, en Italie. Le philosophe a décidé de ne pas le publier d’abord en France, l’auteur estimant que tout débat serein sur le sujet étant impossible dans l’hexagone à cause de la tyrannie du politiquement correct. De quoi déchaîner des polémiques dans le pays des droits de l’homme, pays qui se croit à la pointe de la liberté d’expression et qui est à l’avant-garde de la dictature de la pensée !
Après Soumission de Houellebecq, l’opus de Onfray est un nouveau réquisitoire féroce contre un Occident décadent.
En même temps que la sortie de son livre, Michel Onfray a donné une interview au quotidien italien Il Corriere della Sera où il évoque sa thèse d’un Islam politique avec lequel l’Occident joue depuis longtemps. Et, selon lui, et non à tord, l’Islam entrevoit aujourd’hui la possibilité de dominer la vieille Europe décadente et sans plus aucunes valeurs, la finissante civilisation « judéo-chrétienne » qui se complaît « dans le nihilisme et dans la destruction, ne crée plus rien et vit seulement dans la rancœur et le ressentiment. »
La rescention de cet ouvrage ne constitue en rien une adhésion ni un soutien à la pensée très généralement anti-chrétienne de Michel Onfray, mais elle permet d’illustrer de façon intéressante que même ceux qui ont tout fait pour détruire la civilation chrétienne, tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme tant sa disparition parait aujourd’hui probable. C’est toute l’absurdité du système de pensée athée dont se targue Onfray : c’est une destruction qui n’a jamais fini de détruire, car l’éthéisme ne construisant rien et n’offrant aucune alternatice à ce qu’il détruit, il voit sa victime remplacée par un autre système qu’il va de nouveau combattre. Cet autre système s’appelle l’Islam, et il leur fait peur. Ces philosophe de l’absurde viendront-ils à regretter le temps bénit et libre de la Chrétienté ?
Texte intégral de l’interview :
En avant-première, le philosophe français présente son livre «Penser l’Islam» en vente avec le «Corriere della Sera» à partir du jeudi 4 février.
« Michel Onfray: «Notre civilisation est morte. Qui serait prêt à mourir pour nos valeurs?»
Deux ouvrages qui racontent l’Islam à partir de points de vue différents et influents, dans les kiosques pour la collection du «Corriere della Sera»: à partir du 4 février, en avant-première, Penser l’Islam de Michel Onfray avec la contribution de Asma Kouar (traduction de Michele Zaffarano), et du 11 fevrier l’essai de Olivier Roy La peur de l’Islam – Dialogues avec Nicolas Truong traduit pour la première fois en italien (par Laura De Tomasi) à l’occasion de cette collection. Les thèmes sont de brulante actualité, en commençant par l’hypothèse d’un déclin des valeurs européens.
Michel Onfray, jeudi s’ouvre à Cologne le Carnaval, avec la journée de la femme qui sera l’occasion pour rappeler les agressions sexuels de masse du 31 décembre. Quelle a été votre réaction aux faits?
«Je trouve sidérant que notre élite journalistique et mondaine, intellectuelle et parisienne, si prompte à traiter de sexiste quiconque refuse d’écrire professeure ou auteure, n’ait rien à dire au viol de centaines de femmes par des hordes d’émigrés ou d’immigrants, comme on ne dit plus, car le politiquement correct impose migrants. Cette même élite, si prompte à trouver de l’antisémitisme partout, y compris chez moi quand j’écris un livre contre Freud qui désire travailler avec les nazis pour sauver la psychanalyse sous le III° Reich , n’a rien à redire non plus sur les déclarations antisémites quand elles viennent de musulmans intégristes. La France a renoncé à l’intelligence et à la raison, à la lucidité et à l’esprit critique. Michel Houellebecq a raison : nous vivons déjà sous le régime de la soumission».
Dans votre livre «Penser l’Islam», vous dédiez quelques pages au rôle de la femme dans le Coran traitée d’inférieure par rapport à l’homme. Est-ce que les problèmes de Cologne naissent du Coran à votre avis ?
«Ces problèmes relèvent surtout de la situation libidinale de jeunes hommes sans partenaires sexuels et dans une situation sociologique sans points de repères. Cette régression fait songer à ce que furent probablement les rapts de femmes dans les hordes primitives. Le Coran affirme l’inégalité entre les hommes et les femmes, une sourate dit aussi : “Vos femmes sont pour vous un champ de labour : allez à votre champ comme vous le voudrez” (II.223), mais l’invitation au viol collectif ne s’y trouve tout de même pas explicitement recommandé».
Quelle est a été votre impression sur la communication des autorités allemandes à propos des faits à Cologne et dans d’autres villes?
«Pour effacer le réel il suffit de ne pas le dire. C’est la loi des médias: ce qui n’est pas montré n’a pas d’existence. Mais la multiplication des réseaux libres fait que la domination des médias d’Etat se trouve supprimée par les médias libres qui rapportent ce qui a vraiment eu lieu».
Elisabeth Badinter a affirmé qu’il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe, si c’est pour parler vrai. Etes-vous d’accord?
«Elle a tout à fait raison. Et je suis suffisamment insulté pour souscrire sans réserve…».
Sur la question du terrorisme islamiste, vous tenez pour responsables «des décennies des bombardement occidentaux» d’un coté, mais de l’autre vous expliquez que une attitude belliqueuse et totalitaire de l’islam est bien ancré dans le Coran. N’y a t-il pas contradiction? A qui va la responsabilité majeure?
«Les deux ne s’excluent pas: l’occident a tué 4 millions de musulmans depuis la première guerre du Golfe (selon un rapport des Physicians for Social Responsability, ndr) et le Coran invite à la guerre contre les infidèles. Ce mélange détonnant produit la situation dans laquelle nous nous trouvons. Je rappelle qu’à l’époque où les Etats-Unis travaillaient avec Ben Laden contre les soviétiques en Afghanistan le terrorisme islamique n’était pas d’actualité sur la planète».
Pourquoi prendre la première guerre du Golfe en 1991 comme point de départ? Si la «guerre de civilisations» existe, comme vous dites, ne remonte-t-elle pas à plus avant dans le temps?
«Oui, bien sûr, elle existe depuis l’Hégire et je le montre dans un très gros livre auquel je travaille et qui s’appellera Décadence. Les Croisades, la chute de Constantinople, la bataille de Lépante, la collaboration du Grand Mufti de Jérusalem avec les nazis, la fatwa contre Salman Rushdie, relèvent de cette histoire tourmentée qui dure encore. Cette méconnaissance des relations entre les deux civilisations chez nos gouvernants, ajoutée à leur imprudence, à leur cynisme, à leur bêtise, explique l’état actuel des choses. L’islam politique est une bombe avec laquelle l’occident joue depuis toujours».
Selon votre analyse, un Islam de paix et un Islam de guerre trouvent également leur justification dans le Coran. Est-il raisonnable d’espérer alors dans une victoire de l’Islam de paix? Et que pourrait faire l’Occident pour la favoriser?
«On ne fait la paix qu’en la voulant et on ne la fait qu’avec nos ennemis. Le pacifisme table sur le cerveau et l’intelligence, la raison et le dialogue, la culture et la civilisation ; la guerre, quant à elle, mise sur les instincts et les passions, la vengeance et la haine, la barbarie et l’inhumanité. La France fut la patrie des Droits de l’homme, mais ne l’est plus, la France fut la patrie de la paix perpétuelle avec l’abbé de Saint-Pierre ( dont Kant s’inspire), mais elle ne l’est plus, la France fut la patrie du pacifisme avec Jaurès , mais elle ne l’est plus. Cette même France pourrait prendre l’initiative d’une grande diplomatie et d’une conférence mondiale pour la paix. Mais je n’y crois pas. François Hollande n’a aucun charisme international et il n’a pour seule perspective que d’être réélu , or, la testostérone du chef de guerre est hélas un argument électoral».
Vous écrivez que l’islam en ce moment n’a pas trop d’intérêt à être pacifique, vu qu’il pourrait vaincre et dominer. Trouvez-vous la civilisation occidentale vraiment à bout de ses forces, et celle musulmane tellement en progression en Europe?
«Oui, notre civilisation judéo-chrétienne est épuisée, morte. Après deux mille ans d’existence, elle se complait dans le nihilisme et la destruction, la pulsion de mort et la haine de soi, elle ne crée plus rien et ne vit que de ressentiment et de rancoeur. L’islam manifeste ce que Nietzsche appelle “une grande santé”: il dispose de jeunes soldats prêts à mourir pour lui. Quel occidental est prêt à mourir pour les valeurs de notre civilisation : le supermarché et la vente en ligne, le consumérisme trivial et le narcissisme égotiste, l’hédonisme trivial et la trottinette pour adultes?».
Vous suggérez des négociations avec l’Etat islamique, qui cependant dit travailler pour l’Apocalypse, la bataille finale entre musulmans et «mécréants» a Dabiq. N’est il pas possible que les jihadistes agissent selon une logique différente par rapport à notre rationalité?
«La France ne trouve pas indigne de négocier avec des pays qui soutiennent ce terrorisme quand il s’agit de faire du commerce et de vendre ses avions de combat : Arabie saoudite, Qatar, Turquie… Les djihadistes sont des soldats qui obéissent à leur calife qui est un chef de guerre et un chef d’Etat. La diplomatie ne saurait fonctionner qu’avec des Etats amis, moralement impeccables et inconnus d’Amnesty International. Il faut diner en compagnie du diable avec une grande cuiller».
Vous vous déclarez toujours de gauche, mais sur le terrorisme et sur nombreux d’autres sujets vos opinions sont le contraire de la ligne politique de la gauche au gouvernement. Seriez-vous prêt à vous présenter aux élections du 2017?
«La gauche libérale qui est au pouvoir en France depuis 1983 est très libérale et plus du tout de gauche. Je suis, pour ma part, resté de gauche et antilibéral. Cette gauche qui supprime les 35 heures, envoie des syndicalistes en prison, légitime la location d’utérus des femmes pauvres pour les couples riches, fait de l’école le lieu où seuls les enfants de bourgeois s’en sortent, donne les pleins pouvoirs à l’argent dans la santé et la culture, les transports et les médias, la police et la défense n’est pas de gauche. La voilà aujourd’hui qui réalise les idées du Front National sur l’état d’urgence et la déchéance nationale et de la droite sur la guerre impérialiste! Quant à me présenter aux présidentielles, c’est impossible : je suis un homme seul et sans parti, sans argent et sans réseaux. Mais, pire, je suis un homme d’éthique et de conviction, ce qui est contradictoire avec l’exercice d’une campagne présidentielle où le mensonge et la démagogie font la loi».
Pourquoi avez-vous décidé de publier «Penser l’islam» en France seulement dans un deuxième temps? Et après sa sortie en Italie, envisagez-vous de reprendre à vous exprimer dans les médias français?
«Parce que la date de parution coïncidait avec la date de commémoration des attentats de janvier et qu’en France il n’y a plus de place que pour le compassionnel qui est l’antipode du philosophique. Déposer des peluches au pied de la statue de la république est la seule manifestation d’intelligence autorisée par le pouvoir d’Etat soutenu par le pouvoir médiatique. Je reprends la parole, oui, bien sûr, en mars avec la parution de Penser l’islam et d’un livre politique Le miroir aux alouettes. Et puis je crée mon média indépendant pour économiser la bêtise médiatique française». «
Francesca de Villasmundo
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