En 1636, la Sainte Vierge demande à Mère Anne-Marie de Jésus-Christ crucifié d’annoncer au Roi Louis XIII son désir que la France lui soit consacrée. 

L’année suivante, le Roi exauce la volonté de la Vierge dans le secret de son cœur en lui consacrant le Royaume de France et va multiplier avec la reine Anne d’Autriche les prières et les pèlerinages en vue d’obtenir l’héritier qu’il espère depuis 22 ans. 

La Vierge lui répondra par l’intermédiaire d’une révélation intérieure d’un religieux, le frère Fiacre, que le vœu d’obtenir le fils tant désiré ne serait exaucé qu’à la condition que la Reine Anne d’Autriche demande publiquement que trois neuvaines de prières soient effectuées en l’honneur de Notre-Dame de Grâces. 

Les neuvaines commencées le 8 novembre par le frère Fiacre se terminèrent le 5 décembre 1637. Neuf mois après, jour pour jour, le 5 septembre 1638, naissait à St Germain en Laye, Louis Dieudonné futur Louis XIV. 

Sans même attendre la naissance et alors qu’il ne pouvait savoir si la Reine était enceinte d’un garçon, Louis XIII faisant entièrement confiance à la mère de Dieu, publie le 10 février 1638 l’édit qui consacre la France à la Reine des Cieux. 

Dans cet édit, Louis XIII s’engageait à faire construire un grand autel en la cathédrale Notre Dame de Paris, mais il mourut prématurément sans avoir pu réaliser la seconde partie de son vœu. Ce fut Louis XIV qui se chargeât de l’acquitter en s’associant à son père dans la réalisation de l’œuvre où l’on peut admirer les statues des deux Rois de part et d’autre du maître-autel, Louis XIV à genoux et Louis XIII tendant sa couronne à la Vierge Marie, elle même tenant son fils mort sur ses genoux.

Cathédrale Notre-Dame de Paris, maître-autel. Groupe sculpté de la Descente de Croix (Nicolas Coustou), bas-relief de la Mise au tombeau (François Girardon), statues de Louis XIII (Guillaume Coustou) et Louis XIV (Antoine Coysevox ).

Louis XIII chargeât l’archevêque de Paris de faire dire tous les ans, le jour de l’Assomption, une commémoration de la déclaration et qu’après les vêpres du jour, il soit fait une procession dans toutes les paroisses et monastères du diocèse de Paris et où devront s’y adjoindre les provinces du royaume. Demande à été faite à ce que les principaux officiers des villes y soient présents. 

377 ans plus tard, le vœu de consécration de la France à la Vierge est toujours vivace et même si les officiels sont absents, les fidèles à la Vierge, à la France et au vœu de Louis XIII défilent en procession dans les rues de Paris et de province afin de respecter la parole du Roi et invoquer celle qui reste la mère protectrice de notre pays.

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Ce sont donc plusieurs centaines de personnes qui se sont retrouvées après les vêpres en ce jour férié pour défiler en l’honneur de Marie. Le cortège s’est élancé de la rue Monge pour se diriger vers la place de l’Odéon où un autel avait été dressé. Les porteurs de la statue de la Vierge revêtus d’élégantes tuniques identiques ouvraient la marche suivis par une congrégation de Sœurs.

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La procession a alterné chants et récitation du chapelet.

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Sur la place de l’Odéon, l’abbé de La Rocque, curé de la paroisse de St Nicolas du Chardonnet a prononcé un discours qui a été suivi d’un rappel du texte du vœu de consécration de la France à la Sainte Vierge par le Roi Louis XIII.

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Consécration de la France à la Sainte Vierge

Texte du vœu prononcé par Louis XIII le 10 février 1638 

A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Salut.

Dieu qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l’esprit qu’il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre état, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne, sans y voir autant d’effets merveilleux de sa bonté, que d’accidents qui nous pouvaient perdre.

Lorsque nous sommes entré au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d’en troubler la tranquillité ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause que l’on vit en même temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins. En divers autres temps, l’artifice des hommes et la malice du diable ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables au repos de notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice.

La rébellion de l’hérésie ayant aussi formé un parti dans l’Etat, qui n’avait d’autre but que de partager notre autorité, il s’est servi de nous pour en abattre l’orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses saints autels en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques.

Quand nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes, qu’à la vue de toute l’Europe, contre l’espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs états dont ils avaient été dépouillés.

Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne, se sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins pour faire voir à toutes les nations que, comme sa providence a fondé cet Etat, sa bonté le conserve et sa puissance le défend.

Tant de grâces si évidentes font que pour n’en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra sans doute de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l’accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du fils de Dieu en notre chair, de nous consacrer à la grandeur de Dieu par son fils rabaissé jusqu’à nous, et à ce fils par sa mère élevée jusqu’à lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte-Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n’étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables et c’est chose bien raisonnable qu’ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.

A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et de défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que, soit qu’il souffre du fléau de la guerre ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cour, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés en ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de la cathédrale de Paris avec une image de la Vierge qui tienne dans ses bras celle de son précieux Fils descendu de la Croix , et où nous serons représenté aux pieds du Fils et de la Mère comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.

Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris et néanmoins lui enjoignons que tous les ans le jour et fête de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grand’messe qui se dira en son église cathédrale, et qu’après les vêpres du dit jour, il soit fait une procession en la dite église à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville, avec pareille cérémonie que celle qui s’observe aux processions générales les plus solennelles ; ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales que celles des monastères de la dite ville et faubourg, et en toutes les villes, bourgs et villages du dit diocèse de Paris.

Exhortons pareillement tous les archevêques et évêques de notre royaume et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales et autres églises de leur diocèse ; entendant qu’à la dite cérémonie les cours de Parlement et autres compagnies souveraines et les principaux officiers de la ville y soient présents ; et d’autant qu’il y a plusieurs épiscopales qui ne sont pas dédiées à la Vierge, nous exhortons les dits archevêques et évêques en ce cas de lui dédier la principale chapelle des dites églises pour y être fait la dite cérémonie et d’y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre et d’admonester tous nos peuples d’avoir une dévotion particulière à la Vierge, d’implorer en ce jour sa protection afin que sous une si puissante patronne notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu’il jouisse largement d’une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement à la dernière fin pour laquelle nous avons été créés ; car tel est notre bon plaisir.

Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l’an de grâce mil six cent trente-huit, et de notre règne le vingt-huit.

Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre.

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