« Contrairement aux rumeurs qui s’étaient répandues dans la presse internationale après l’indiscrétion rapportée par le Vaticaniste Don Antonio Pelayo, rapporte le quotidien italienla Nuova Bussola Quotidiana dans son édition du 31 janvier, aucune opération chirurgicale n’est en vue pour le pape François. Après l’arrêt la semaine dernière provoqué par le retour de la sciatique qui l’avait contraint à ne pas célébrer la messe et les vêpres et à reporter l’audience avec le corps diplomatique, le pape a repris son activité à plein régime.
« Hier, par exemple, Bergoglio a reçu les participants à la réunion organisée par le Bureau national catéchétique de la Conférence épiscopale italienne dans la Salle Clémentine, devant lequel il a prononcé un discours d’importance non négligeable. En présence du cardinal Bassetti et de Mgr Russo, respectivement président et secrétaire de la CEI, le pape a de nouveau insisté sur l’opportunité de convoquer un synode de l’Église italienne. Il l’a fait en des termes plus péremptoires que par le passé, probablement en sachant que ce scénario – déjà largement souhaité – ne réchauffe pas le cœur des évêques italiens. ‘’L’Eglise italienne, a dit François, doit entamer un processus de synode national, communauté par communauté, diocèse par diocèse’’, indiquant également le périmètre dans lequel se déplacer : celui marqué par lui-même dans son discours à la Conférence ecclésiale nationale de Florence en 2015. ‘’Dans la Convention de Florence, a poursuivi Bergoglio, il y a précisément l’intuition de la voie à suivre dans ce Synode; maintenant, reprenez-le : il est temps. Et de commencer à cheminer.’»
Le pape François en cela suit, explique LNBQ la « voie défendue dans un éditorial rédigé il y a deux ans par le père Antonio Spadaro, directeur de La Civiltà Cattolica, qui a été le précurseur du débat dans les cercles démocratiques catholiques et qui a été suivi en septembre de la même année par un article de son prédécesseur, le père Bartolomeo Sorge, dans lequel le ‘’Synode probable’’ était inséré à la suite de la première Conférence ecclésiale de 1976, lui donnant la tâche de reprendre le tournant interrompu à l’époque. Ce colloque, dans lequel prévalait un langage plus sociologique et moins biblique (selon le jugement publié dans La Civiltà Cattolica neuf ans plus tard), fut dépassée en 1985 par la nomination de Lorette, plus influencée par le nouveau climat du pontificat wojtylien.»
Ce futur synode italien, « probable synode » aurait un objectif majeur : « traduire le Concile en italien » pour reprendre l’expression du père Sorge, prédécesseur du père Spadaro à la tête de La Civiltà Cattolica.
Le pape François a utilisé cette même expression lors de son allocution de samedi en précisant que « la foi doit être transmise en dialecte », ne faisant pas référence à « la linguistique, dont l’Italie est si riche » mais « au dialecte de proximité, au dialecte de la compréhension, au dialecte de l’intimité ». Le pontife argentin avait déjà publiquement loué l’article du père Sorge sur le « probable Synode », affirmant y avoir trouvé une « clarté qui a fait trembler, je ne parle pas de la politique italienne, mais certainement au moins l’Église italienne ».
Face à ce souhait d‘un synode italien sur la ligne décidée par les jésuites, il y aurait de la résistance du côté des évêques italiens :
« ce n’est pas un mystère, précise LNBQ, que les hiérarchies ecclésiastiques italiennes sont décidément moins enthousiastes que les jésuites à la perspective d’un synode de l’Église italienne. Au cours de ces six années les dirigeants de la CEI ont changé mais ce que François avait défini en 2019 ‘’un bruit récemment arrivé à Sainte Marthe’’, donnant l’idée que son appel était imminent, l’est toujours, ne se traduisant pas dans la réalité. Le cardinal Bassetti lui-même, qui a succédé à Bagnasco à la tête de la Conférence, n’a jamais expressément invoqué son ouverture, même s’il a qualifié le discours de Bergoglio à Florence de ‘’merveilleux’’ et ‘’à approfondir’’. Les paroles d’hier prononcées par le pape, avec l’utilisation des termes ‘’doit’’ et ‘’maintenant’’ concernant le début du processus synodal par l’Église italienne, pourraient aider à dissiper les doutes qui ont survécu parmi les évêques. »
Selon le très progressiste Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant’Egidio qui considère la Convention ecclésiale de 1976 comme l’acte fondateur de l’Église italienne la proposition du pape d’un Synode italien pour « traduire le Concile » vise à secouer un catholicisme italien à court d’idées. En clair, l’objectif, en se fondant sur un Concile qui a fait de l’ouverture au monde, et à ses us et coutumes mêmes si foncièrement anticatholiques, l’alpha et l’oméga de la vie ecclésiale, est de cheminer vers toujours plus d’ouverture, de mettre en pratique dans toute leur logique les décrets libéraux et modernistes de Vatican II. Mais ce cheminement, pour ne pas apeurer les esprits inquiets de tant de modernisme, doit se faire graduellement, lentement…
Et c’est pourquoi le pape François, pour mettre un frein à un Synode allemand qui tend à prendre des décisions radicales sans l’accord du Vatican, tant sur l’ordination des femmes que l’ouverture en grand à l’univers Lgbtqi+, dans la salle Clémentine, a tenu à invoquer le Concile Vatican II comme limite à ne pas dépasser en citant à plusieurs reprises son prédécesseur lombard, le pape Paul VI : « Le Concile est le magistère de l’Église », a affirmé l’Argentin :
« Soit vous restez avec l’Église et donc vous suivez le Concile, soit vous ne suivez pas le Concile, ou vous l’interprétez à votre manière, comme vous le souhaitez, alors vous n’êtes pas avec l’Église. «
Sur ce point a-t-il ajouté il faut être « exigeants, sévère » en blâmant ceux qui voudraient négocier l’héritage du Concile « pour avoir plus que cela » :
« Non, le Concile est comme ça. Et ce problème que nous connaissons, celui de la sélectivité vis-à-vis du Concile, s’est répété tout au long de l’histoire avec d’autres conciles. »
Le pape a demandé de ne faire aucune « concession à ceux qui tentent de présenter une catéchèse qui ne concorde pas avec le magistère de l’Église ».
Ce discours bergoglien destiné avant tout à des évêques d’outre-Rhin qui poussent, trop vite, trop tôt, à des réformes à la saveur toujours davantage protestante et dopées d’arc-en-ciel, a le mérite d’éclairer le fond de la pensée du pape François : qui ne suit pas le concile Vatican II n’est pas avec l‘Eglise.
Encore faut-il définir l’Eglise dont il parle : en l’occurrence, le pape sud-américain parle de l’Eglise conciliaire, née de Vatican II en rupture avec la Tradition bi-millénaire de l’Eglise catholique, cette « secte conciliaire », ainsi appelée par Mgr Tissier de Mallerais, dans un article paru en 2013 dans le n°85 de la revue des dominicains d’Avrillé Le Sel de la Terre.
Or Mgr Lefebvre, l’évêque qui sauva la Tradition du naufrage conciliaire, déclarait le 31 juillet 1976 :
« L’Église conciliaire est une Église schismatique, puisqu’elle rompt avec l’Église catholique de toujours ».
Et ajoutait quelques jours plus tard, le 4 août :
« Nous croyons pouvoir affirmer, en nous en tenant à la critique interne et externe de Vatican II, c’est-à-dire en analysant les textes et en étudiant les avenants et aboutissants de ce concile, que celui-ci, tournant le dos à la tradition et rompant avec l’Église du passé, est un concile schismatique. »
Conclusion : qui suit la Tradition, et non ce Concile qui rompt avec l’Eglise du passé, n’est donc pas de cette Eglise conciliaire dont parle le pape François… et c’est tant mieux !
Francesca de Villasmundo
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