Cette année qui célèbre le triste 500e anniversaire de la naissance de la Réforme protestante verra-t-elle aussi la victoire définitivement consommée du protestantisme, de l’esprit protestant sur l’esprit catholique au sein de la Rome actuelle qualifiée déjà du temps de Mgr Lefebvre de « néo-moderniste et néo-protestante » ?
Infiltrer l’Église catholique a été un objectif majeur du protestantisme depuis sa création au XVIe siècle. Si le Saint-Siège a su neutraliser son influence jusqu’au milieu du XXe siècle, le concile Vatican II lui a ouvert en grand les portes de l’Église romaine. On aurait pu espérer comme dans la parabole de l’Évangile, au retour du fils prodigue repentant. Que nenni : bien trop de pères conciliaires se plièrent, au contraire, aux revendications de ce fiston émancipé et libéral, ce qui eut pour conséquences terribles un aggiornamento à la mode protestante et une réforme liturgique post-conciliaire qui fit dire triomphalement à un théologien protestant notoire, Roger Mehl :
« Si l’on tient compte de l’évolution décisive de la liturgie eucharistique catholique, (…) il n’y a plus de raisons pour les Églises de la Réforme d’interdire à leurs fidèles de prendre part à l’Eucharistie dans l’Église romaine ».
Depuis lors, les fidèles ont déserté les églises, les séminaires se sont vidés, les vocations se sont taries, dans les couvents et monastères ne vivent plus que des vieillards esseulés religieux rescapés du grand chambardement conciliaire, la déchristianisation de la société continue inexorablement à entraîner les âmes vers le matérialisme et son pendant le nihilisme intérieur, « la civilisation moderne » disait Malraux étant « une conspiration permanente contre la vie intérieure ». Mais tous ces maux mortifères ne réveillent pas la conscience des hiérarques conciliaires qui, tels des aveugles orgueilleux, cheminent dans ce monde post-moderne en décomposition sans repentance. Sans envisager sérieusement l’unique remède nécessaire, un retour à ce qu’ils ont lâché pour plaire au monde apostat, une conversion à la Tradition bi-millénaire de l’Église catholique.
Bien au contraire. Avec le pape François sur le siège pétrinien la dérive protestante et moderniste du monde catholique s’aggrave chaque jour davantage. Face aux désordres issus de cette protestantisation de la société et de l’Église, El papa argentin donne des solutions bien dans l’esprit protestant. C’est le serpent qui se mort la queue !
Dernièrement on a pu lire sur Radio-Canada que « des évêques québécois » se sont rendus à Rome pour leur « visite Ad Limina qui eut lieu en mai 2017 » :
« Lors de ces rencontres, explique la journaliste, Mgr Dorylas Moreau, a notamment partagé ses préoccupations concernant la pénurie de prêtres dans les petites communautés.
« Le pape m’a dit, »écoutez, vous oubliez deux choses : l’avenir de l’Église est plus autour de la parole de Dieu, qu’autour de l’eucharistie », paraphrase l’évêque. Alors la parole de Dieu, ça ne prend pas nécessairement des prêtres pour l’exprimer et la mettre en œuvre dans nos milieux. Et il a insisté beaucoup sur les œuvres de miséricorde. Ça c’est nouveau, c’est faire du bien, prendre soin des pauvres, être ouvert sur le plan de la justice, etc. C’est ça qui va donner le témoignage de l’Église. »
Luther, Calvin, et autres hérétiques réformateurs seraient-ils les maîtres à penser de François ? Fondamentalement dans les sectes protestantes l’idée même du Sacrifice de la Messe est récusée et par voie de conséquence l’importance de la Communion eucharistique pour la vie de l’âme s’en trouve méprisée. En revanche, chez tous les réformateurs protestants, la primauté est donnée à la Parole de Dieu. Dom Guéranger, dans son ouvrage Les Institutions Liturgiques, en souligne toute la dangerosité :
«la préférence donnée, par tous les hérétiques, aux Écritures Saintes sur les définitions ecclésiastiques, n’a pas d’autre raison que la facilité qu’ils ont de faire dire à la parole de Dieu tout ce qu’ils veulent, en la laissant paraître ou l’arrêtant à propos.”
L’actuel détenteur du trône pétrinien, adepte de la praxis pour renverser les quelques fondements qui subsistent encore de l’ordre catholique ancien, en faisant de la Parole l’avenir de l’Église tout en minimisant l’importance de la communion sacramentelle semble bien s’être inspiré de ces principes révolutionnaires protestants. Et de certains autres encore… Pour mieux faire avancer sa révolution ? Pour finir de transformer cette nouvelle Église conciliaire en une énième secte protestante ?
Dans le système doctrinal protestant, le prêtre est tout bonnement rejeté puisqu’il n’y a plus d’autel : les laïcs sont suffisants pour dispenser la Parole de Dieu. Cela a sonné le glas du sacerdoce chez les protestants. Or ce drame touche aujourd’hui aussi l’Église catholique en manque de prêtres mais n’émeut pas outre mesure le réformateur François, puisque « la parole de Dieu, ça ne prend pas nécessairement des prêtres pour l’exprimer et la mettre en œuvre« …
In fine,
« selon Luther », écrit Robert Beauvais dans son ouvrage Nous serons tous protestants, « la méditation, la vie contemplative des couvents, soustraient l’homme aux devoirs de ce monde ; elles lui apparaissent comme le produit de l’égoïsme et de la sécheresse… ».
Est ainsi défini par le protestantisme le primat de l’action sur la contemplation, que l’on retrouve en substance dans les paroles ci-dessus du pape François. Auprès des évêques canadiens il a insisté non sur la prière, comme première œuvre de miséricorde, mais sur un travail pour la justice et la charité qu’il conçoit, ne l’oublions pas, en tant que valeurs sociétales découlant d’un Évangile revisité par l’idéologie des Droits de l’Homme, elle-même fruit de l’égalitarisme protestant.
L’année 2017, 5e centenaire de la Réforme protestante mise à l’honneur au Vatican avec la statue du moine hérésiarque Luther, verra-t-elle grâce à ce pontificat bergoglien la victoire totale de l’esprit protestant sur le catholicisme ? Il semble en tout cas que Jorge Maria Bergoglio déformé par une pensée conciliaire qui a réhabilité le protestantisme s’y emploie, volontairement ou involontairement Dieu le sait, assidûment.
Francesca de Villasmundo
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