Padre Sorge, ancien directeur le la revue La Civiltà Cattolica
Padre Sorge, ancien directeur le la revue La Civiltà Cattolica

Le Père Bartholomé Sorge vient de donner au quotidien Vatican Insider son opinion concernant les unions civiles homosexuelles. Ancien directeur de la revue des jésuites, La Civiltà Cattolica, il est considéré comme un expert en doctrine sociale de l’Église. Un expert très progressiste et en rupture avec la tradition. Un expert très apprécié par le pape François qui en avril 2015 lui avait fait cet éloge pontifical : « Vous êtes un brave, non ? Vous êtes un jésuite qui avait ouvert la voie dans le champ de la politique. »

L’actuel responsable du périodique, le père padre GianPaolo Salvini, brosse un portrait de son prédécesseur et de la revue dans une récente interview accordée au journal des évêques italiens, Avvenire : « Bartholomé  Sorge a su en donner l’image de revue moderne et courageuse dans la ligne du post-Concile. » Il justifie également La Civiltà Cattolica comme étant devenue « l’organe de diffusion du message et de l’aggiornamento de l’Église du concile Vatican II » et « la revue du pape. L’expression est impropre, parce que La Civiltà Cattolica n’a jamais été  la voix officielle du Pontife, mais tous savent que son rapport avec le Saint-Siège n’a jamais été rompu et certainement aujourd’hui il s’est fait plus intense, aussi grâce à l’intérêt que le pape François a manifesté autour de certaines interventions de la revue qui accompagnent son magistère. »

En un mot, ce qui est imprimé sur ses colonnes a l’approbation pontificale. Et ses collaborateurs le soutien intellectuel, pastoral et doctrinal de François.

Dans l’interview accordée au journaliste Bruno Quaranta du Vatican Insider, le père Sorge a une appréciation très laïque de la loi concernant les unions homosexuelles. Plus important cependant est le rapport qu’il fait entre cette nouvelle vision ecclésiale de la reconnaissance légale de l’homosexualité et le Concile Vatican II qui a ouvert une nouvelle époque, éloignée de ce qu’il appelle « l’idéologie chrétienne », en clair loin de la doctrine immuable de l’Église catholique.

« Question : L’affaire des unions civiles est en général racontée avec les catégories « laïcs » et « catholiques »…

Réponse du Père Sorge : La division  remonte à une phase historique qui n’existe plus. L’époque des idéologies, chaque idéologie ayant une vision totale de l’histoire, de l’homme, de la société. On imposa alors, naturellement, l’idéologie chrétienne. »

Q : Une époque finie ?

R : Le Concile l’a archivée. Mais dans la mentalité de beaucoup elle n’est pas révolue. Réduire la religion a une idéologie est une déformation qui n’est pas encore éradiquée.

Q : L’Église et l’État en Italie avec les derniers pontifes…

R : Avec Paul VI, le choix religieux, l’adieu au « collatéralisme » (c’est aux laïcs, « sans attendre passivement consignes et directives, à agir dans la cité terrestre »). Avec Wojtyla : que l’Église ait une fonction sociale. (…) Avec François, jamais comme aujourd’hui le Tibre n’a été aussi large. »

Q : Et maintenant ?

R : C’est une période de recherche. Il n’y a pas à dire, Martini est disparu. Martini dans la ligne de Montini, le choix religieux.

Q : C’est-à-dire ?

R : La mission religieuse de l’Église, mère de tous (Martini en chaque homme voyait un croyant et un non-croyant). En gommant les superstructures qui depuis Constantin ont pourri l’Église, la transformant en un État. Le pape non pas successeur d’un pécheur mais d’un empereur. François, c’est le retour à l’Évangile.

Q : Les unions civiles, un test…

R : L’État est laïc. La Constitution est laïque. Tous les citoyens ont une dignité sociale égale et sont égaux devant la loi. C’est intolérable que les droits personnels des homosexuels qui vivent en couple ne soient pas protégés juridiquement.

Q : Unions civiles et famille…

R : Autre est l’égalité entre couples hétérosexuels et couples homosexuels. L’article 29 de la Constitution « reconnaît les droits des familles comme société naturelle fondée sur le mariage ».

Q : Jemolo observait : un État ne peut pas vivre « sans certaines convictions universellement acceptées ».

R : Vivre unis en respectant les différences. C’est le défit du XXIe siècle. Une société ne tient pas debout si elle n’a pas un fondement éthique. Qui ne peut pas faire abstraction, comme l’affirmait le non-croyant Croce, d’une dimension transcendantale, la religion étant l’essence de n’importe quel humanisme.

Q : Un nouvel humanisme : quelles sont ses valeurs universelles ?

R : Jean-Paul II a donné la réponse à l’ONU. Une « grammaire éthique » avec trois fondements : la dignité de la personne humaine, la solidarité (la démocratie en est l’expression la plus haute), la subsidiarité (en valorisant l’apport que chacun peut donner sans que le supérieur se substitue à l’inférieur). »

Avec le Père Sorge, soi-disant expert en doctrine sociale de l’Église, nous sommes bien éloignés de la vraie doctrine sociale de l’Église qui respecte la loi naturelle et applique « des principes constants de la théologie morale à la vie en société » selon l’expression de Jean Madiran dans la revue Itinéraires n° 304 qui se faisait l’écho des papes d’avant le Concile Vatican II.

«L’Église, a écrit Pie XI, reconnaît à l’État sa sphère d’action propre et en enseigne, en ordonne le plus consciencieux respect. Mais elle ne peut pas admettre que la politique se passe de la morale, pas plus qu’elle ne peut oublier le précepte du divin Fondateur qui lui commanda de s’occuper en propre de la morale, d’être la maîtresse de la morale partout où la morale entre et doit entrer»

Quant à Pie XII, il qualifie d’anti-chrétienne et de dangereuse toute doctrine visant à séparer la loi étatique et la morale :

«Vouloir tirer une ligne de séparation entre la religion et la vie, entre le surnaturel et le naturel, entre l’Église et le monde comme si l’un n’avait rien à faire avec l’autre, comme si les droits de Dieu ne s’appliquaient pas à toute la réalité multiforme de la vie quotidienne, humaine et sociale, est parfaitement contraire à la pensée chrétienne, et c’est nettement antichrétien». «La doctrine sociale de l’Église est claire en tous ses aspects; elle est obligatoire; nul ne peut s’en écarter sans danger pour la foi et l’ordre moral». 

Avec le Père Sorge, expert en doctrine sociale conciliaire, nous sommes bien en plein dans « l’ère nouvelle » ouverte par le Concile Vatican II et son nouvel humanisme :  dans une notion de liberté absolue pervertie qui admet toutes les déviances sexuelles et dans un laïcisme outrancier qui place l’État et ses lois au-dessus de l’Église et sa doctrine. Cette démission de la hiérarchie ecclésiastique conciliaire concernant les lois morales livre le monde à des gouvernement apostats soumis aux ordres des lobbies Lgbt, et aux bas-instincts et folies dépravées d’une humanité déchristianisée.

Avec le Père Sorge, admiré de François, nous sommes dans la rupture totale avec la Tradition catholique. Mais en accord parfait avec l’actuel détenteur du Siège pontifical qui, en février, avait exprimé ces mêmes idées lors de la conférence de presse donnée dans l’avion qui le ramenait du Mexique où il avait affirmé à propos de la loi italienne sur les unions homosexuelles : « le pape ne s’immisce pas dans la politique italienne, le pape ne se met pas dans la politique concrète d’un pays ».

Sorge-François, même combat…anti-chrétien et dangereux si l’on se réfère aux paroles de Pie XII !

Francesca de Villasmundo

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