Pablo Neruda a été Prix Nobel de Littérature 1971, ce que l’on rappelle sans cesse et Prix Staline 1950, ce que l’on rappelle beaucoup moins. Il est une icône intouchable, que Slate définit comme un poète hors-norme et un ennemi des dictatures sanguinaires. Jugeons en part ces poèmes : « Staline est le midi, la maturité de l’homme et des peuples ! Staline est un phare pour les colombes »,
« Staliniens. Nous portons ce nom avec orgueil.
Staliniens. Telle est la hiérarchie de notre temps.
Dans ses dernières années la colombe
La Paix, l’errante rose poursuivie, se posa sus ses épaules
et Staline, le géant, la porta à la hauteur de son front.
Ainsi virent la paix les peuples éloignés »
Comme disait le bon Monsieur Cyclopède (aka Pierre Desproges) : « Etonnant, non ? » (rappelons que « Monsieur Cyclopède » avait le premier souligné la ressemblance entre le symbole du communisme et un coupe-carotte…).
Le film sur Neruda nous donne plus de précision sur le personnage. Il battait sa femme, était bisexuel et pédéraste et un fieffé gredin sur le plan humain. Neruda a beaucoup de points communs avec d’autres icônes de l’extrême gauche dont les noms « ornent » encore trop de rues et bâtiments de nos villes, ce que j’appelle la rance nostalgie des vaincus. Tout d’abord, double point commun avec son ami et compère dans le vice Federico García Lorca. Outre évidemment leur pédérastie, c’est la cause de leur mort qui a été sujet à des versions ad usum delphini. Neruda est mort le 23 septembre 1973 de cachexie cancéreuse, douze jours après la prise de pouvoir du général Augusto Jose Ramon Pinochet Ugarte qui devançait un « coup de Prague » prévu le 18 septembre sous le nom de Plan Z (le régime Allende était illégal depuis le 22 août). Sa maison ayant été saccagée par les épurateurs du nouveau régime (et toute personne ayant cessé de croire au monde des bisounours sait qu’un épurateur de droite et souvent aussi abruti qu’un épurateur de gauche), des rumeurs sur un possible assassinat par une DINA probablement confondue avec le KGB ont été portée à bout de bras par la gauche, même quand une enquête judiciaire avec autopsie le démentit définitivement le 8 novembre 2013. Quant à Federico Garcia, il a été victime d’un sordide règlement de compte entre factions rivales du camp nationaliste, et même, plus grotesque, entre deux familles andalouses. Lorca fut protégé par les Phalangistes (alors qu’en face, ils massacraient tout ce qui était catholique) chez qui il avait de solides amitiés. C’est d’ailleurs à un dîner chez Pablo Neruda qu’il manifesta le 12 juillet 1936 son envie de quitter Madrid où des gens de gauche voulaient sa peau : le 18 juillet 1936, alors que les premières informations sur le soulèvement militaire parviennent à Madrid, l’extrême gauche publie dans la presse une cruelle caricature de Federico. On le voit vêtu en premier communiant et la légende douteuse qui figure sous le dessin est une attaque sans ambiguïté : « Garcia Lorca : enfant mignon, fierté de sa maman ». Le poète communiste Rafael Alberti récite à la radio des vers injurieux contre les militaires soulevés qu’il attribue indûment à Lorca, le rendant suspect aux yeux des nationaux. A Grenade, où Lorca s’est réfugié le 15, les Phalangistes sont débordés par des « chemises neuves » ou résistants de la 25e heure, ce qui est le cas dans toute l’Espagne où, malgré 60 % de ses cadres historiques morts ou en prison, on voit les effectifs de la Phalange passer de 30.000 à 500.000 membres dont énormément de « transfuges » de la droite modérée. C’est l’un d’entre eux, le commandant Valdès, qui, le 19 août, sera responsable de l’assassinat de Lorca qui s’était réfugié chez des Phalangistes de la première heure, les Rosales (qui tentèrent un coup de force avec d’autres phalangistes pour le libérer mais en vain). Valdès voulait d’ailleurs débarrasser la Phalange des phalangistes de la première heure. En d’autres temps et d’autres lieux, on appelle cela « la dédiabolisation »…
Ensuite, double point commun avec son ami Salvador Guillermo Allende Gossens. Outre leur nationalité chilienne, c’est aussi leur mort qui fait débat. Sur le monument de ma ville natale, on lisait « Salvador Allende, assassiné par les fascistes ». Rien que cela. Puis, du bout des lèvres, il fut admis qu’il s’était suicidé avec le pistolet offert par Castro pour éviter de passer en Haute Cour. Mais des témoins déclarent qu’il a été purement et simplement liquidé par un de ses « gardes du corps » cubains.
Il y a en France des rues Pablo Neruda, des collèges Pablo Neruda… généralement dans les mêmes communes où il y a des rues et des collèges Louis Aragon ou Paul Eluard. Les deux autres ont fait « les merveilleux poèmes » que je vais donner à part. Rappelons tout simplement qu’en France, les rues Alexis Carrel, Prix Nobel de Médecine 1912, ont été débaptisées pour beaucoup moins que ça. Et rappelons que l’un des meilleurs poètes du XXe siècle, Robert Brasillach, est privé de la moindre plaque commémorative pour un crime similaire : avoir soutenu un moustachu adepte de la rééducation concentrationnaire. Sauf que lui n’a jamais rimé à la gloire de la Gestapo ni écrit des Ode à Hitler. Ni même au Maréchal Pétain d’ailleurs… (Ça c’était plutôt Claudel). Vae Victis comme disait Brennos.
Hristo XIEP
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