Notre ministre du Redressement Productif a piqué une colère mardi dans une interview à RLT. Pour lui, il est impensable que le maillot de l’équipe de France, dont l’équipementier est Nike, soit fabriqué en Thaïlande. D’ailleurs, il aurait pu relever aussi que c’est une marque américaine. Découverte ou pas découverte pour notre ministre, cela fait longtemps qu’il n’est plus question de patriotisme ou autre dans le sport mais d’argent.
Il faut savoir qu’il y a six ans, Nike a ravi le contrat au groupe allemand Adidas, qui était jusqu’ici l’équipementier des Bleus. Le contrat, qui court de 2011 à 2018, s’élève à 320 millions d’euros soit 42,6 millions d’euros par saison (ndlr : Adidas payait 10 millions d’euros). Cette somme est astronomique même comparée à d’autres équipementiers d’équipes non moins prestigieuses. Ainsi le maillot anglais coûte 30 millions d’euros par an à Nike et celui du Brésil 13 millions. Le président de la FFF avait expliqué son choix laconiquement : « les projets de Nike et Adidas étaient qualitativement très semblables, et c’est l’aspect financier qui a fait la différence. Je n’avais pas la capacité morale ni légale de prendre une autre décision. » D’ailleurs le ministre devrait savoir aussi que le business de l’équipement ne s’arrête pas aux équipes mais qu’il y a aussi des contrats en jeu pour les joueurs et leurs chaussures de foot. Par exemple, l’actuel Ballon d’Or Cristiano Ronaldo a signé un contrat avec Nike en 2010 pour 6 millions d’euros + des primes d’objectif par an jusqu’en 2014. Le contrat renégocié devrait atteindre 48 millions d’euros pour cinq ans soit 9,6 millions d’euros par an. On pourrait encore citer des cas car tous les joueurs sont concernés.
Au-delà de ces contrats juteux où chacun y voit son profit, la démesure ne s’arrête pas là. Il y a 10 ans un maillot de foot coûtait dans les 50-60 euros, somme déjà conséquente. Aujourd’hui, on est dans les alentours de 80 euros et c’est sans compter la personnalisation qui est passée de 15 à 20 euros. En gros, un maillot de foot vous coûte environ 100 euros. Mais ce n’est pas tout puisque les clubs ont développé le maillot domicile, le maillot extérieur et parfois même un maillot trois et sans oublier le collector pour certains événements spéciaux. Multipliez et vous comprenez vite le profit à en tirer. Ce sont des choses qui n’existaient pas du tout dans les années 60-70. Nous ne vous apprendrons rien si on vous dit que par exemple la production d’Adidas vient en très grande majorité d’usines asiatiques où les ouvriers ont des salaires de misère pour des conditions de travail peu enviables qu’on vous cache du mieux qu’on peut. Et c’est ainsi pour Puma ou Nike qui travaille sur la base de sous-traitants. Cherchez mais tout simplement aucun maillot de foot ou même de sport n’est fabriqué que ce soit en France ou bien même en Europe sauf bien sûr les pays de l’Est comme la Roumanie.
Monsieur Montebourg peut être scandalisé mais il n’y a rien de nouveau. Et c’est d’ailleurs injuste que d’incriminer seulement la FFF en disant qu’elle a les moyens comme s’il était la seule concernée. Il peut tout aussi bien s’adresser à la FFR dont l’équipementier est Adidas. Mais au-delà de ça, que peut faire d’autre la fédération ? Ce n’est pas signé un contrat avec un autre équipementier qui changera la donne. Leurs usines sont en Asie et à une époque où c’est se faire de l’argent qui compte, on comprend leur décision. Le coût du travail est beaucoup moins cher qu’en France. Il n’y a donc pas lieu de s’offusquer à moins de changer de politique, monsieur Montebourg, et cela vous pourriez l’expliquer à votre parti qui se réjouit d’une ouverture toujours plus grande des frontières et qui se bat pour les 35 heures !
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