L’évangile rappelle la primauté de la charité. Cette vertu surnaturelle, théologale par laquelle nous aimons Dieu par-dessus tout et le prochain comme nous même pour l’amour de Dieu, est capitale. C’est la plus grande des vertus, qui donne à toutes les autres leur couleur chrétienne. Tant et si bien que c’est sur elle que chacun sera jugé au soir de sa vie, comme l’affirme St Jean de la Croix.
Il est très important de bien savoir ce qu’est la charité pour la pratiquer, mais il est aussi important de bien la distinguer de ce qui n’est pas la charité et qui pourrait se confondre avec elle. Une telle erreur aurait de graves conséquences. Et il est une une erreur toujours plus actuelle actuelle qui déforme, qui dénature et qui pervertit la notion de charité : l’œcuménisme.
1 – L’œcuménisme nouveauté de Vatican II
Qu’entend-on par œcuménisme ? Le nom d’œcuménisme désigne le mouvement qui a pris naissance au XIXe siècle chez des non-catholiques et qui a pour but la collaboration et le rapprochement des diverses confessions chrétiennes. La même tournure d’esprit a conduit par la suite à se rapprocher des religions non chrétiennes. C’est ce qu’on appelle le dialogue interreligieux.[1]
Cette idée de rapprochement avec les non-catholiques, sans objectif de conversion, a été condamnée par les papes avant Vatican II, parce qu’elle est un danger pour la foi. Mais la révolution conciliaire et son application en a fait une de ses priorités. Jean-Paul II disait en 1963 : L’objectif de Jean XXIII (en convoquant le Concile) était avant tout l’unité des chrétiens ; on a fait des pas de géants sur ce chemin … La nostalgie de l’unité des chrétiens fait corps avec celle de l’unité de tout le genre humain … L’attitude de l’Église envers les autres religions est basée sur la reconnaissance des valeurs spirituelles humaines et chrétiennes à la fois, contenues dans les religions telles que l’Islam, le bouddhisme, l’hindouisme.[2]
Et depuis cinquante ans, les papes eux-mêmes ont multiplié les marques de rapprochement à l’égard des schismatiques orientaux, des anglicans, des protestants, des musulmans et des autres infidèles. Retenons quelques faits marquants de cette nouvelle attitude d’homme d’Église par rapport aux fausses religions, qui sont l’œuvre du démon. Au cours d’un voyage en Inde, en février 1986, Jean-Paul II a reçu le signe des adorateurs de Shiva, alors qu’au contraire de nombreux chrétiens sont morts martyrs plutôt que d’adorer des faux dieux. La même année, au mois d’octobre, il réunit à Assise des représentants de nombreuses religions pour prier pour la paix. Bouddha a été mis sur l’autel. C’est un scandale grave, qui doit toucher tous les catholiques et hommes de bon sens, même s’il se répète : il y a déjà eu quatre réunions d’Assise et Jean-Paul II dont le nom restera attaché à ce grave scandale, a été mis sur les autels par ses successeurs qui reproduisent les mêmes scandales.
Cette bienveillance systématique pour les erreurs qui éloignent de l’Église et du salut est criminelle et révolutionnaire. C’est une nouveauté dans l’Église. L’Église est missionnaire selon l’exigence du Christ. À toutes les époques, des catholiques ont consacré leur vie à la conversion des infidèles. Des missionnaires ont tout quitté pour aller porter l’évangile à l’autre bout du monde. Voilà ce qu’est la vraie charité fraternelle : ils aimaient ces infidèles et voulaient leur porter Jésus-Christ, seul nom par lequel on puisse être sauvé. Et parce qu’ils les aimaient, ils détestaient les erreurs qui les maintenaient dans les ténèbres du paganisme. L’œcuménisme, c’est l’inverse : on prétend aimer le prochain, en le laissant dans ses erreurs qui le conduisent à sa perte éternelle. Au contraire, St Jean, l’apôtre de la charité, n’hésite pas à dire : « Quiconque s’éloigne et ne demeure point dans la doctrine du Christ, n’a pas Dieu … Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez point. »[3]
Voilà pourquoi, on ne peut en aucune manière s’associer au Jubilé de la Miséricorde, par lequel le pape François veut célébrer les cinquante ans de Vatican II. Vatican II, c’est l’introduction de l’œcuménisme destructeur de la foi. Et le jubilé qui va bientôt commencer s’inscrit dans la même ligne : « Que cette année jubilaire, vécue dans la miséricorde, favorise la rencontre avec ces religions et les autres nobles traditions religieuses. Qu’elle nous rende plus ouverts au dialogue pour mieux nous connaître et nous comprendre ».[4] Cette miséricorde qui se penche sur l’infidèle et sur le pécheur pour lui faire croire qu’il est dans le bon chemin, est fausse, c’est un mensonge. C’est une caricature de la miséricorde divine qui veut la conversion du pécheur et non sa punition.
Voilà pourquoi aucun catholique ne peut s’associer à ce Jubilé, même si dans un geste qui semble bienveillant, le pape François mentionne explicitement une partie des prêtres resté fidèles à la Tradition catholique. Dans la conclusion de sa lettre du 1er septembre dernier, il établit que ceux qui viendront se confesser auprès des prêtres de la Fraternité St-Pie X, recevront une absolution valide et licite de leurs péchés. Bien sûr les catholiques n’ont pas attendu 2015 justifié par l’état de nécessité produit par le concile Vatican II pour réclamer des sacrements valides et des pasteurs fiables. Ce geste insolite ne doit pas faire oublier que le problème de fond reste entier. Et ce n’est pas un tel Jubilé de la Miséricorde, qui risque d’arranger quoique que ce soit, puisqu’il s’inscrit dans la continuité de la révolution conciliaire et s’appuie entièrement sur une conception dévoyée de la Miséricorde et de la charité.
2 – La gravité de cet œcuménisme
Malheureusement, après cinquante ans d’œcuménisme, les chrétiens finissent par s’habituer à ces scandales à répétition, comme des parents s’habituent à l’ingratitude de leurs enfants et finissent par en prendre leur parti. À force de tout voir, on finit s’habituer au mal, et à l’accepter. Les révolutionnaires le savent bien, eux qui diffusent peu à peu leurs idées, et qui travaillent les esprits pour faire passer les lois iniques et impies dont nous sommes les tristes témoins.
Pour apprécier la gravité de cet œcuménisme il faut regarder où il tend. Quel est son but ? C’est l’unité des chrétiens puis de tous les hommes, dans une religion universelle. On refuse de considérer les autres religions comme fausses. Et on cherche le dénominateur commun de toutes les religions. La religion n’est plus qu’une option pour aller à Dieu. Cette manière de voir est fausse parce que Dieu a parlé aux hommes, il s’est révélé, il a dit comment il voulait être honoré. Après cela, il n’y a plus le choix, il y a une vraie religion qui mène à Dieu et des fausses religions qui n’y mènent pas du tout, parce qu’elles refusent ce que Dieu a révélé. Dieu nous a révélé par Jésus-Christ que nous étions appelés à un bonheur surnaturel. La pratique d’une religiosité purement naturelle ne peut mériter le bonheur surnaturel. Dieu est juste : il récompense naturellement (c’est-à-dire sur cette terre) ceux qui font le bien naturel, mais cela ne suffit pas pour mériter le bonheur surnaturel du ciel. Il n’y a pas de salut en dehors de Jésus-Christ : il n’est sous le ciel aucun autre Nom accordé aux hommes, par lequel nous devions être sauvés.[5] S’il est possible que des païens de bonne foi se sauvent, ce n’est pas par leur religion, mais malgré leur fausse religion. L’œcuménisme qui dilue la foi surnaturelle dans l’ensemble des opinions religieuses trompe les âmes et les conduit à l’enfer éternel.
Si l’on s’interroge pour savoir d’où vient cet œcuménisme, cette idée de fraternité universelle au-delà des différences religieuses, il est tout naturel de désigner la Franc-maçonnerie, qui revendique cet idéal, et qui ne cache pas sa satisfaction de voir cet idéal rentrer dans l’Église. Et les franc-maçons ont bien noté la contradiction entre l’Église catholique qui condamne la Franc-maçonnerie dès 1738, et l’église conciliaire qui communie à cet idéal. Dans le prologue de son Itinéraire spirituel, Mgr Lefebvre n’hésite pas à parler de collaboration active entre les autorités romaines depuis Jean XXIII et Paul VI et la Franc-maçonnerie.
Le lien qui unit la Franc-maçonnerie au satanisme est connu, cela suffit pour entrevoir l’origine diabolique de cette caricature de la charité. Le diable est le père du mensonge, il imite Dieu pour tromper. L’œcuménisme ressemble extérieurement à la charité : être gentil avec tout le monde, mais il vient du diable et il y mène. Dieu est charité, c’est lui qui met dans notre âme la charité par la grâce, et la charité c’est l’amitié de ceux qui sont appelés au ciel.
« Donnez à votre peuple, Seigneur, d’éviter le contact du démon, et de s’attacher d’un cœur pur à vous seul, qui êtes Dieu. » dit la liturgie. L’œcuménisme c’est le contact avec le démon qu’il faut éviter, la charité c’est s’attacher Dieu.
[1]Abbé Gaudron, catéchisme de la crise dans l’Église, q43
[2]Cité par Savoir et Servir, n° 57, p118
[3]II Jn 9-10
[4]Misericordiæ vultus, n23
[5]Ac 4, 9-12
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