Le cardinal Kevin Joseph Farrell est l’actuel préfet du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, organe de la curie romaine créé par le pape François en 2016. Pour fêter le premier anniversaire de l’Exhortation très controversée sur la famille publiée par l’actuel pontife romain, le cardinal a répondu aux question du journal espagnol Vida Nueva. Cet entretien est une véritable ode en faveur d’Amoris Laetitia et de l’action bergoglienne en matière familiale.

Dès ses premiers mots le cardinal Farrell exprime son opinion favorable sur Amoris Laetitia. Il la considère

« le document du magistère le plus attendu des dernières années » et « l’annonce de la joie de l’Évangile aux familles, lieu privilégié de l’amour. »

Se penchant sur les polémiques nées de cette exhortation ultra-progressiste de François, dont un chapitre s’oppose nettement à la doctrine traditionnelle de l’Église, Mgr Farrell a ces mots révélateurs de l’orgueil qui anime l’Église conciliaire qui se pose, et se croit, l’interprète éclairée et presque parfaite de l’Évangile, après pourrait-on croire deux mille ans d’obscurantisme :

«Plus que des polémiques académiques sur des questions spécifiques,  il faut rappeler ce que disait saint Jean XXIII au sujet du Concile qu’il avait ouvert : « Ce n’est pas l’Évangile qui change, c’est nous qui le comprenons toujours mieux. » En le paraphrasant, nous pourrions dire que la signification du mariage chrétien n’a pas changé (et l’annonce de sa beauté par l’Église) mais doivent changer, dans le sens d’un accroissement et d’un approfondissement, la pastorale, le soin, l’attention de l’Église envers les familles, surtout celles qui ont le plus besoin d’aide, de soutien, et d’accompagnement. Là se situe la vraie révolution. Ce n’est pas Amoris Laetitia qui met en danger la famille, c’est la crise de la famille qui fait bouger l’Église. Quant à l’indissolubilité du mariage, je ne crois pas qu’elle soit en danger à cause d’Amoris Laetitia, bien au contraire.»

Ce joli discours, bien léché, est un beau morceau de propagande qui manipule les mots et les concepts pour asseoir la révolution doctrinale issue d’Amoris Laetitia. Car dette dernière n’a pas seulement œuvré dans le domaine de la pastorale et de l’accompagnement familial comme voudrait le laisser croire le cardinal Farrell mais a ruiné la doctrine sur cette dogmatique indissolubilité du mariage, en innovant en matière de discipline sacramentelle en autorisant certains divorcés remariés civilement qui ne s’imposent pas la chasteté parfaite a avoir accès aux sacrements. Ce que le cardinal oublie de préciser. Toutes les citations de l’Exhortation qui évoquent l’indissolubilité du sacrement des époux que Mgr Farrell se plaît à citer pour relativiser, minimiser, ce changement doctrinal apostat, ne changeront rien à la réalité de ce changement qui existe bel et bien. Un seul chapitre, le VIII, suffit à contredire son argumentation puisqu’il ouvre la brèche dans les consciences des catholiques qui pourront s’exonérer, à bon compte dorénavant, de leurs passions et de leurs fautes.

Mais le pape François a largement contribué à instaurer cet esprit de contradiction qui est d’ailleurs le propre de l’Église conciliaire depuis 50 ans : dans un même document certaines pages pourront être catholiques, celles qui suivent modernistes. Ce qu’écrivait en 1909 le saint pape Pie X n’a rien perdu de son actualité :

« Notre prédécesseur Pie IX (…) écrivait, en effet, qu’il est de la philosophie, en tout ce qui regarde la religion, non de commander mais d’obéir, non de prescrire ce qui est à croire, mais de l’embrasser avec une soumission que la raison éclaire, de ne point scruter les profondeurs des mystères de Dieu mais de les révérer en toute piété et humilité (9). Les modernistes renversent cet ordre, et méritent qu’on leur applique ce que Grégoire IX, un autre de Nos prédécesseurs, écrivait de certains théologiens de son temps: Il en est parmi vous, gonflés d’esprit de vanité ainsi que des outres, qui s’efforcent de déplacer, par des nouveautés profanes, les bornes qu’ont fixées les Pères; qui plient les Saintes Lettres aux doctrines de la philosophie rationnelle, par pure ostentation de science, sans viser à aucun profit des auditeurs…;

Ce qui jettera plus de jour encore sur ces doctrines des modernistes, c’est leur conduite, qui y est pleinement conséquente. À les entendre, à les lire, on serait tenté de croire qu’ils tombent en contradiction avec eux-mêmes, qu’ils sont oscillants et incertains. Loin de là : tout est pesé, tout est voulu chez eux, mais à la lumière de ce principe que la foi et la science sont l’une à l’autre étrangères. Telle page de leur ouvrage pourrait être signée par un catholique: tournez la page, vous croyez lire un rationaliste. »

En ce XXIe siècle, l’opposition entre l’esprit moderniste et la doctrine traditionnelle est la même, seul a changé l’objet de cette opposition : hier, c’était la science et la philosophie des ecclésiastiques libéraux qui s’opposaient âprement à la religion, aujourd’hui ce sont les mœurs nouvelles d’une humanité égoïste et individualiste qui prévalent sur les préceptes catholiques. Et de même que le moderniste concile Vatican II a voulu accommoder l’enseignement catholique aux concepts révolutionnaires du monde moderne en usant du fallacieux et hypocrite prétexte d’une meilleure interprétation de l’Évangile et de l’homme, l’Exhortation bergoglienne, se basant elle sur une prétendument meilleure compréhension de la miséricorde divine envers une  humanité presque sacro-sainte, veut réformer les lois divines matrimoniales et sacramentelles pour qu’elles s’accordent avec les « nouvelles familles» actuelles. En paraphrasant Pie X, Amoris Laetitia déplace les bornes qu’ont fixées les Pères;  plie les Saintes Lettres aux doctrines de la morale contemporaine, immorale et amorale. Telle page d’Amoris Laetitia pourrait être signée par un catholique: tournez la page, vous croyez lire un hérétique.

Tout change et évolue en l’Église conciliaire sauf l’esprit moderniste et révolutionnaire qui l’anime et dirige les papes conciliaires depuis Jean XXIII : ce vent d’apostasie, ce souffle qui sent le souffre, travaille à ruiner lentement mais sûrement toute la doctrine traditionnelle de l’Église catholique !

Francesca de Villasmundo

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