Le 7 décembre, la divine Liturgie commémore l’anniversaire de la Consécration Épiscopale de Saint Ambroise, Patron de Milan, Confesseur de la Foi, Docteur et Père de l’Église.
En l’an 374 de l’ère du Christ, il y a mil six cent cinquante ans, le fils d’une importante famille sénatoriale, éduqué dans les meilleures écoles de Rome devint le plus haut magistrat impérial de l’Italie septentrionale ; ami d’autres Saints dont Augustin d’Hippone, alors maître de rhétorique à Milan et plus tard converti par lui du paganisme, Ambroise reçut la Sainte Onction. Les événements qui ont amené cette éminente personnalité politique à le Siège de Milan nous laissent, pour la mentalité d’aujourd’hui, certainement stupéfaits. Il fut acclamé Évêque par le peuple tandis que, en tant que consularis il essayait d’imposer une trêve à la lutte entre Catholiques et ariens, s’adressant aux fidèles réunis. Étant encore païen et n’ayant pas l’intention d’accepter la nomination, il essaya en vain à plusieurs reprises de s’échapper, finissant par accepter la volonté de Dieu. En quelques jours, il reçut le Baptême, la Confirmation et tous les Ordres Sacrés. On pourrait dire qu’aucun des dons requis pour occuper la fonction civile n’a été perdu dans le passage à l’état ecclésiastique ; au contraire, nous voyons dans son tempérament et sa nature combative dans la lutte contre les hérétiques l’empreinte du magistrat romain honnête, vertueux et droit.
Son engagement pour subvenir aux besoins de l’Église de Milan et en particulier des pauvres ne l’a pas empêché de jouer un rôle important sur la scène politique.
C’est grâce à l’influence de Saint Ambroise sur l’Empereur Théodose qu’en 380 le Christianisme a été proclamé Religion d’État. Quarante-sept ans plus tôt, Constantin, avec l’Édit de Milan, l’avait rendu religio licita, mais avec l’Édit de Thessalonique, l’autorité terrestre se reconnaissait vicaire de la Royauté du Christ. Il fallut quatorze cents ans à la Révolution pour réussir à briser l’unité entre l’Église et l’État ; et quinze cents ans pour qu’une Hiérarchie asservie à l’ennemi introduise dans l’Église, la blasphématoire la laïcité de l’État, en utilisant un Concile Œcuménique comme instrument subversif, pour imposer aux fidèles les erreurs dont nous voyons aujourd’hui les terribles conséquences.
Grand promoteur du culte divin, Saint Ambroise a codifié la Liturgie qui tire de lui son nom, composant au moins dix-huit hymnes – dont Nunc sancte nobis Spiritus ; Rector potens verax Deus ; Jesu corona virginum ; Æterne rerum conditor – que le Rite traditionnel a conservé à travers les siècles. Ennemi implacable du paganisme et de l’arianisme, Ambroise était un partisan de la Primauté pétrinienne, contre les hérétiques – par exemple Palladius – qui considéraient l’Évêque de Rome sur un pied d’égalité avec les autres Évêques. Sa prédication s’articula dans des ouvrages apologétiques, dogmatiques, moraux et ascétiques d’une telle érudition qu’Ambroise fut déclaré Docteur et Père de l’Église. C’est précisément en écoutant Saint Ambroise prêcher, qu’Augustin d’Hippone, alors maître de Rhétorique à Milan et encore catéchumène, fut persuadé de recevoir le Baptême que l’Évêque lui donna personnellement. Il ne manqua pas d’imposer une sévère pénitence publique à l’Empereur qui, en 390, avait ordonné le massacre de milliers d’habitants de Thessalonique : Théodose accepta le châtiment d’Ambroise et se réconcilia le jour de Noël de la même année.
Une figure comme celle de Saint Ambroise aujourd’hui serait signalée par le Clergé conciliaire et synodal comme « divisive », et mériterait probablement les grotesques excommunications de ceux qu’il combattrait certainement. Imaginez, chers frères, si l’Archevêque de Milan – qui apparaît cependant dans la même liste que Saint Ambroise – oserait jamais des incursions dans les églises des hérétiques pour les occuper et les ramener au culte catholique. Imaginez-le imposer une pénitence publique non pas au Président de la République, mais ne serait-ce qu’au maire Beppe Sala. Imaginez-le défendre la Papauté Romaine contre Bergoglio, qui veut la reformuler dans une clé synodale et œcuménique. Imaginez-le prêchant aux hérétiques, parlant d’égal à égal avec les puissants, se consacrant aux pauvres et aux nécessiteux sans négliger la prière et l’étude. En réalité, aucun d’entre nous n’est capable, même avec imagination, de concevoir chez les évêques actuels la force, l’ardeur, la virilité et la conviction d’un Saint Ambroise, d’un Saint Augustin, d’un Saint Irénée, pour n’en citer que quelques-uns. Pourtant, en leur temps, ces témoins de la Foi n’étaient pas si différents les uns des autres, et il en a été ainsi pendant des siècles : pensez à Saint Charles Borromée, au Bienheureux Ildefonso Schuster… et arrêtons-nous là. À partir de Montini [futur Paul VI], bien qu’à un rythme plus lent, l’Église Ambrosienne a opéré la même mutation que l’Église Romaine, se transformant en ce que tous les évêques de Milan et de toutes les parties du monde avaient toujours condamné.
Mais si un Saint Ambroise, un Saint Charles Borromée ou un Bienheureux Ildefonso Schuster pouvaient être considérés comme des enfants de la même Église sous les mêmes Saintes Clefs, que s’est-il passé à partir d’un certain moment, pour rendre impensable et même déplorable la destruction de simulacres païens et de statues d’idoles, ou chasser les hérétiques par le fouet et le bâton ?
Quelqu’un pensera : voilà Monseigneur Viganò qui recommence avec Vatican II… et en réalité, nous savons tous que le point de non-retour de la Révolution a été le Concile. Cette assemblée a pu avoir une telle puissance révolutionnaire parce que, depuis un certain temps, la Hiérarchie Catholique avait été infiltrée et progressivement occupée – avec les modalités bien connues auxquelles la Franc-Maçonnerie a recours – par des cinquièmes colonnes qui devaient opérer la destruction de l’Église de l’intérieur, usurpant l’autorité par la fraude. Dans cette action subversive des Loges, nous voyons l’esprit diabolique de l’Adversaire.
Mais il y a une raison plus profonde, plus simple et en même temps plus grave qui explique la crise qui afflige l’Église Catholique : la perte de la Foi, de l’Espérance et de la Charité de la part du Clergé et en particulier des Évêques, et des Papes conciliaires eux-mêmes. Le roc de la Foi s’est progressivement transformé en un marécage d’erreurs, parce que la Vérité objective de Dieu, la Révélation Divine qui s’exprime dans les Dogmes de laFfoi, ont été remplacées par l’expérience personnelle, rendant anthropocentrique ce qui doit être ontologiquement théocentrique, christocentrique. Sans connaître et embrasser Dieu dans Sa Vérité, tel qu’Il est et tel qu’Il S’est révélé à nous, il n’est pas possible de L’aimer : ceux qui tombent dans cette supercherie diabolique finissent par aimer et préférer l’idée qu’ils ont de Dieu, perdant toute dimension surnaturelle.
Certains d’entre vous, chers frères, se préparent à servir le Seigneur dans l’Ordre Sacré. D’autres sont déjà clercs et prêtres.
Le Seigneur parlera à d’autres autres en temps voulu, pour les inciter à répondre à la Vocation. La formation doctrinale et morale est certainement importante, car elle constitue les bases sur lesquelles élever l’édifice de votre sanctification personnelle. Mais le cœur, l’âme de la sainteté – et cela est vrai pour les laïcs et les clercs – est l’amour de Dieu, Dieu Lui-même, qui est Charité infinie. Apprenez à aimer Notre-Seigneur et en Lui votre prochain. Apprenez à vivre de Dieu, à vous nourrir de Lui, à ne chercher que Sa gloire en vous conformant à Sa sainte Volonté. Apprenez à L’aimer tel qu’Il s’est révélé et comme la Sainte Église nous l’enseigne. La Charité est en effet fondée sur la vérité de la Foi, et ceux qui ne possèdent pas l’intégrité de la Foi ne sont pas capables d’aimer surnaturellement. Apprenez à aimer la Croix, compendium de la Charité divine. Apprenez à aimer vos ennemis, car en voulant leur vrai bien, vous saurez trouver un moyen de les attirer à Dieu et de les arracher à l’esclavage du diable. Apprenez à aimer le Seigneur comme Saint Ambroise L’a aimé, et les vertus de Saint Ambroise brilleront aussi en vous, puisque leur source est la même : Notre Seigneur Jésus-Christ, dont nous célébrerons la Très Sainte Nativité dans quelques semaines.
+ Carlo Maria Viganò, Archevêque
7 décembre 2024
Sancti Ambrosii Episcopi, Confessoris, Ecclesiæ Doctoris et Mediolanensis Patroni
© Traduction de F. de Villasmundo pour MPI relue et corrigée par Mgr Viganò
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