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Nouvel entretien du pape François : le jubilé et l’œcuménisme sont les fruits de Vatican II

Depuis quelques semaines, le pape François ne cesse de donner de longs entretiens à différents médias religieux ou profanes, la Civiltà Cattolica, revue des jésuites, en octobre, La Repubblica, quotidien de la bien-pensance gauche caviar, début novembre, et jeudi dernier, 17 novembre, au quotidien des évêques d’Italie Avvenire. L’œcuménisme conciliaire, le jubilé et sa drôle de miséricorde, le dialogue inter-religieux sont les thèmes réitérés à satiété par un pontife qui n’a aucun doute d’être « docile à l’Esprit-Saint » et « porté par l’Esprit ».

Confronté à des églises qui ne font plus le plein mais se vident toujours plus, à un jubilé qui fut un flop en nombre de participants, à une place Saint-Pierre qui se désertifie lors de ses audiences, le pape met l’accent sur une communication engagée et propagandiste d’une idéologie moderniste qui n’attire plus des fidèles qui s’émancipent, un peu trop…

Communication qui sert aussi à redorer le blason d’un pape chouchou des médias du système, de la jet-set apatride des milliardaires et des stars d’Hollywood, des ONG immigrationnistes patentées, des intellectuels athées de gauche, des politiciens mondialistes et socialistes mais de plus en plus contesté à l’intérieur de l’Église officielle par une frange d’évêques conservateurs et par des catholiques conciliaires, épouvantés les uns et les autres par des gestes publics trop ouvertement progressistes et révolutionnaires.

François a envoyé valser trop violemment le dessein romain mis à l’honneur sous Benoît XVI d’une révolution lente, en catimini, en sourdine, dans la soie des « cappa magna », sous les dorures des Palais apostoliques, mêlant ordinaire et extraordinaire pour mieux circonvenir des mentalités sentimentalement conservatrices. Cela ne colle pas avec la maison Sainte-Marthe et son décor en forniqua, design années 70, ses fauteuils en faux cuir, ses soieries en polyester, d’où s’échappe une révolution criarde post-soixante-huitarde aux relents marxistes, inspirée par un Saint-Esprit docile aux instigations bergogliennes !

Le pape doit rattraper le coup de ces coups doctrinaux médiatiques qui ont amorcé une fronde cardinalice en chapeau et en chape. Son dernier plaidoyer pour son pontificat dévoyé, où se mêlent et s’entremêlent la glorification du Concile, nouvelle Pentecôte d’une Église obscurantiste, la nouvelle conception paradisiaque de la miséricorde divine ainsi qu’une lecture très mondaine et plus que charismatique de la Bonne Parole évangélique, est donc paru sur Avvenire.

François y répond aux questions de la journaliste Stefania Falasca.

« Père, que signifie pour vous cette Année de la miséricorde ?

Qui découvre d’être très aimé commence à sortir de la mauvaise solitude, de la séparation qui porte à haïr les autres et soi-même. J’espère que beaucoup de personnes ont découvert d’être aimées de Jésus et se sont laissées embrasser par Lui. La miséricorde est le nom de Dieu et aussi sa faiblesse, son point faible. Sa miséricorde le porte toujours au pardon, à oublier nos péchés. Il me plaît de penser que l’Omnipotent a une mauvaise mémoire. Une fois qu’il t’a pardonné, il oublie. Parce qu’il est heureux de pardonner. Pour moi cela suffit. Comme pour la femme adultère de l’Évangile « qui a beaucoup aimé ». « Parce que Lui m’a beaucoup aimé. » Tout le christianisme est là.

Mais cela a été un Jubilé « sui generis », avec beaucoup de gestes emblématiques…

Jésus ne demande pas de grands gestes, mais l’abandon et la reconnaissance. Sainte Thérèse de Lisieux, qui est docteur de l’Église, dans sa « petite voie » vers Dieu parle de l’abandon de l’enfant qui s’endort sans réserve dans les bras de son père et elle rappelle que la charité ne peut rester enfermer dans le fond. Amour de Dieu et amour du prochain sont deux amours inséparables.

Les intentions que vous aviez lancées ont-elles été réalisées ?

Mais moi je n’ai pas fait de plan. J’ai fait simplement ce que m’inspirait le Saint-Esprit. Les choses sont venues. Je me suis laissé porté par l’Esprit. Il s’agit seulement d’être docile au Saint-Esprit, de le laisser faire, Lui. L’Église est l’Évangile, c’est l’œuvre de Jésus-Christ. Ce n’est pas un chemin d’idées, un instrument pour les affirmer. Et dans l’Église les choses entrent dans le temps, quand le temps est mûr, quand il s’offre.

Aussi une Année Sainte extraordinaire…

Cela a été un processus qui a mûri dans le temps, par l’opération du Saint-Esprit. Avant moi, il y a eu saint Jean XXIII qui avec Gaudet mater Ecclesia et « le médicament de la miséricorde » a indiqué le sentier qu’il fallait suivre lors de l’ouverture du Concile, ensuite le bienheureux Paul VI, qui dans l’histoire du bon Samaritain a vu son paradigme. Puis il y a eu l’enseignement de saint Jean-Paul II, avec sa seconde encyclique Dives in misericordia, et l’institution de la fête de la Divine Miséricorde. Benoit XVI a dit que « le nom de Dieu est miséricorde ». Ils sont tous des piliers. C’est ainsi que l’Esprit porte en avant les processus dans l’Église, jusqu’à leur accomplissement.

Donc ce Jubilé a été le Jubilé du Concile, hic et nunc, où le temps de sa réception et le temps du pardon coïncident…

Faire l’expérience vécue du pardon qui embrasse l’entière famille humaine est la grâce que le ministre apostolique annonce. L’Église existe seulement comme instrument pour communiquer aux hommes le dessein miséricordieux de Dieu. Au Concile, l’Église a senti la responsabilité d’être dans le monde comme signe vivant de l’amour du Père. Avec Lumen Gentium elle est remontée aux sources de sa nature, l’Évangile. Cela déplace l’axe de la conception chrétienne d’un certain légalisme, qui peut être idéologique, vers la Personne de Dieu qui s’est fait miséricorde dans l’Incarnation de son Fils. Certains, – je pense à certaines critiques d’Amoris Laetitia – continuent à ne pas comprendre, ou c’est blanc ou c’est noir, même si c’est dans le flux de la vie qu’il faut discerner. Le Concile nous a appris cela, les historiens d’ailleurs nous disent qu’un Concile, pour être absorbé par le corps de l’Église, a besoin d’un siècle… Nous sommes à moitié.

Actuellement les rencontres et les voyages œcuméniques entrepris sont significatifs. A Lesbos avec le patriarche Bartolomé et Hieronymus, à Cuba avec le patriarche de Moscou Cyril, à Lund pour la commémoration conjointe de la Réforme luthérienne. Toutes ces initiatives avec les autres Églises chrétiennes ont-elles été favorisées par cette Année de la Miséricorde ?

Je ne dirais pas que ces rencontres œcuméniques sont le fruit de l’Année de la Miséricorde. Non. Parce qu’elles-aussi font partie d’un parcours qui vient de loin. Ce n’est pas une chose nouvelle. Ce sont seulement des pas en plus, le long d’un chemin commencé depuis longtemps. » (Traduction de Francesca de Villasmundo)

Fin de la première partie. En raison de la longueur de l’entretien la traduction sera en plusieurs parties.

Francesca de Villasmundo

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