Une vierge dorée au pays du vin blanc
Lorsqu’on parle de la Savoie, des images viennent immédiatement à notre esprit : clichés de sports d’hiver, bien sûr, de montagnes inaccessibles et magnifiquement dentelées, de lacs transparents, de fleurs d’alpages broutées par des marmottes ou des chamois, ou encore de belles vaches rousses prêtes à nous donner les meilleurs des fromages ; mais, on oublie bien souvent le vin, ce blanc indissociable de la traditionnelle fondue savoyarde qui murit sur les coteaux ensoleillés de la région.
C’est au sein de ce vignoble, au pied du Mont Granier, que le sanctuaire de Notre Dame de Myans dont nous allons parler aujourd’hui a été édifié. L’œil est vite attiré par ce lieu saint, car il est surmonté d’une immense statue dorée.
Les origines
A l’origine, -c’était au tout début du XIIème siècle- un petit oratoire était devenu un lieu de pèlerinage car de nombreux miracles en avaient fait sa renommée. Ces miracles étaient attribués à une représentation d’une Vierge noire, tenant devant elle l’Enfant Jésus de la même couleur qu’elle.
Dieu fait justice
Les pèlerins se succédaient, demandant et recevant des grâces, la vie suivait son cours. Mais, un jour, un secrétaire du Comte de Savoie, un certain Bonivard qui possédait beaucoup de terres en cet endroit eut l’idée d’en posséder encore plus. Celles qu’il convoitait appartenaient à des moines qui vivaient à St André, petite ville nichée au pied du Granier. Je passe sur les détails pour en venir au fait qu’il put, après certaines manipulations, acquérir ces terres et en chassa les pauvres moines. Il pilla le couvent où ils se trouvaient et profana les objets sacrés.
Mais, au milieu du festin donné pour célébrer sa réussite, et alors qu’il était entouré de sa famille, de ses amis et des notables du lieu, se produisit un violent tremblement de terre accompagné d’un énorme glissement de terrain : 500 millions de mètres cubes de pierres se détachèrent de la montagne… et anéantirent pas moins d’une quinzaine de villages ainsi que la ville de St André. Plus de 4000 habitants périrent dans ce cataclysme.
Pendant ce temps, les moines étaient venus se réfugier à Notre Dame de Myans où ils priaient. Lorsqu’ils entendirent le bruit effroyable que faisait l’éboulement, ils crurent que leur dernière heure était venue. Mais, le miracle se produisit, -qui montre toujours que Dieu est le plus fort-, les énormes rochers qui ont tout anéanti sur leur passage, enfoui les villages que l’on n’a jamais pu retrouver, s’arrêtèrent autour du sanctuaire et épargnèrent les moines présents !
Cela s’est passé en 1248.
Un agrandissement indispensable
Plus tard, au XVème siècle, la chapelle, devenue trop petite fut remaniée. Elle devint la crypte de l’église que l’on construisit au-dessus. Et un couvent de franciscains fut érigé.
A la Révolution, les moines furent chassés et le sanctuaire à moitié démoli. Mais, ce lieu saint fut rebâti et on éleva même un clocher au sommet duquel on érigea la statue en bronze doré de la Sainte Vierge que l’on peut admirer de nos jours. Elle mesure 5,25 mètres et pèse la bagatelle de… 3 tonnes ! Elle tient sur son bras gauche l’Enfant Jésus et lève sa main droite pour bénir.
L’église supérieure n’est pas en reste avec la vocation mariale de ce lieu : elle recèle une très belle vierge en bois polychrome du XVIème siècle représentant la Sainte Vierge tenant une poire et l’Enfant Jésus un oiseau dans sa main droite. On apprécie également les ex-voto fixés sur les murs : délicats remerciements des pèlerins qui ont obtenu une grâce et qui font partager leur joie pour l’édification des fidèles.
Dans le chœur de la crypte, la statue de la Vierge noire est de plus modeste dimension que celle du clocher : 70 centimètres de hauteur. Mais elle est revêtue d’un manteau en drap d’or, orné de broderies ravissantes. La robe en drap d’argent laisse voir de belles pierres enchâssées. Le voile est tissé en fil d’or. Les couronnes sont en argent doré, incrustées de pierres précieuses.
Historique des couronnes des Vierges
Ces couronnes représentent pour l’Eglise bien plus qu’une parure ornementale : en fait, c’est un privilège rare qui suppose l’intervention du Saint Siège et fait l’objet d’une solennité très importante.
La Vierge de Myans a été couronnée par le Pape Saint Pie X en 1905. Quelques 20 000 fidèles furent présents pour cet événement où l’archevêque de Lyon ainsi que 5 évêques présidaient à la cérémonie.
De nos jours, Myans reste un haut lieu de pèlerinage particulièrement estimé des Savoyards. 80 000 à 100 000 pèlerins viennent encore chaque année s’y recueillir.
Comment s’y rendre ?
Myans se trouve à mi-chemin entre Chambéry et Montmélian. A la sortie de Chambéry, prendre l’A 43 sortie 20 : St Baldoph/Challes les Eaux/Myans.
M.H. Geais
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