Peut-être que trop d’appât pour le gain finira par anéantir le veau d’or ? C’est sans doute la morale de cette incroyable histoire qui ressemble à un gag mais qui ne manque pas de piment. Quant on pense que la République a renoncé à livrer deux navires Mistral pour désarmer l’ours russe en Mer Noire, et que l’Otan a fait de vastes exercices, Dynamic Mongoose, en mer du Nord à la chasse aux sous-marin russe ce printemps, l’ambiance ne doit pas être triste dans la marine russe…
Après tout, cette base passée de l’OTAN à la Russie ne fait que très modestement contribuer à l’équilibre des forces au sein de l’Union face aux USA. Et au moins les Russes ont l’avantage d’être européens …
Voici l’histoire, ne pas rire s’il vous plait :
« Il était une fois un site d’annonces en ligne dans un pays lointain, sévère et montagneux, nommé Norvège. Le roi y fit publier à son de clavier qu’il offrirait un terrain bien commode et ajusté aux besoins militaires logé dans les entrailles d’une montagne protectrice si le demandeur sacrifiait 12 millions d’euros à la couronne. Il arriva que l’acquéreur fut le peuple voisin, les Russes, qui s’en est débrouillé pour seulement 4,4 millions.
Ce n’est guère un conte mais une gaffe historique sans précédent. La Russie, « ennemi potentiel de l’Alliance de l’Atlantique-Nord », a pu acquérir une base sous-marine otanienne en Arctique pour un prix d’un appartement moyen au centre de Moscou.
La grandeur de la perle maritime dans un fjord norvégien près de Tromsø est impressionnante. D’une superficie de 13.500 m² au sol plus 25.000 m² de quai abrité en eau profonde de 3.000 m², cet énorme complexe logistique attire de plus en plus de navires russes.
Ironie du sort : la décision de fermer la base a été prise par le gouvernement de Jens Stoltenberg, devenu depuis secrétaire général de l’OTAN, un poste d’où il exhorte aujourd’hui les pays membres de l’Alliance à ne pas baisser la garde.
La base d’Olavsvern fut construite par tous les peuples de l’Alliance de l’Atlantique-Nord dans les années 1950. Les Norvégiens, meilleurs constructeurs de tunnels souterrains, comme l’étaient à l’époque les héros mythologiques de petite taille des contes germaniques, se sont occupés de chantier proprement dit. Iliens et guerroyeurs par excellence, les Anglais furent responsables des fortifications qui, dit-on, résisteraient à une frappe nucléaire. Quant aux Américains qui fourrent partout leur nez longuissime, ils y ont installé les équipements électroniques les plus sophistiqués. Les travaux furent terminés en 1967. Près de 494 millions de dollars, une somme colossale à l’époque, ont été déployés. Pendant la guerre froide, Olavsvern avait pour but de retenir les forces armées de l’URSS qui étaient en plein essor. Rempart de l’OTAN au nord du cercle polaire arctique, la base permettait aux sous-marins de couper aux Russes le passage en mer de Norvège et, par conséquent, à l’hémisphère descendant.
En 2008, dans un contexte régional alors apaisé, la Norvège a décidé de renoncer à une base navale coûteuse et Bruxelles a donné son feu vert pour la vendre après le dépareillage. « A vendre, 12 millions d’euros » courrait le bruit dans certains milieux. Mais la vente a duré longtemps. L’OTAN ayant jugé le dépareillage trop coûteux et inutile, l’annonce fut publiée sur finn.no, un équivalent norvégien d’eBay, et le prix fut considérablement allégé.
Qui a besoin d’un trou dans les montagnes au nord du cercle polaire arctique pour autant d’argent ? Eh bien, un certain homme d’affaires nommé Gunnar Wilhelmsen a acheté la base pour 4,4 millions d’euros et depuis, soit l’a vendue soit louée à la Russie ! Ce n’est qu’aujourd’hui que les journalistes ont révélé les liens de l’acquéreur mystérieux avec Gazprom, mais il est déjà trop tard.
L’affaire serait, sans doute, vouée aux oubliettes, si des navires russes n’étaient pas entrés dans le port d’Olavsvern. Les bâtiments récemment arrivés sont l’Akademik Nemtchinov et l’Akademik Chtatski, tous les deux appartenant à la Sevmorneftegeofizika, entreprise russe de géophysique spécialisée dans les mesures sismiques en eaux basses et profondes.
Les Norvégiens battirent tout de suite le tambour. Bien que les statistiques sismiques soient un authentique domaine de recherches internationales, Sevmorneftegeofizika n’est pas n’importe quelle entreprise d’investigation : elle compte parmi ses clients aussi bien Gazprom qu’un tas d’autres entreprises entièrement ou partiellement possédées par le Kremlin.
« Les navires d’investigation ne sont pas matière à plaisanterie, commente Göran Frisk, commandant en retraite de la marine suédoise. La tâche la plus importante de la marine russe est de s’assurer que les sous-marins nucléaires du pays peuvent se déplacer librement dans les océans du monde. Il est incompréhensible que le gouvernement norvégien ait pu commettre une telle gaffe. »
Selon M. Frisk, les navires d’investigation au large des côtes suédoises, finlandaises et norvégiennes mettent aussi à flot des mini-sous-marins pour la surveillance et la préparation militaire, et explorent les fonds marins et les conditions hydrographiques. Effectivement, lors de la chasse aux sous-marins dans l’archipel de Stockholm en 2014, le navire d’investigation russe le Professor Logatchev était mystérieusement apparu, repartant rapidement avec un objet en remorque. Un an plus tard, se déroulèrent les exercices navals norvégiens, en parallèle avec les manœuvres de la flotte du Nord russe, d’une ampleur exceptionnelle. » Source
Le géant russe déploie en mer de Barents son imposante flotte, mais le pouvoir norvégien à courte vue n’avait pas prévu la remontée en puissance de la flotte russe. C’est dire dans quel état de mépris était tenue la Russie sous Eltsine.
«On a vendu la seule base digne de ce nom qu’on avait là-haut. C’est de la pure folie», s’insurge l’ex-vice-amiral Einar Skorgen, ancien commandant de la Marine dans le Nord de la Norvège. «Nous sommes les seuls avec la Russie à opérer en permanence en mer de Barents, où nous avons une frontière commune. Il est évident que notre Marine doit y être stationnée, y compris nos sous-marins», déplore-t-il. «Si les bateaux ne sont pas là où on en a besoin, autant les mettre au rancart».
Cela alors que la remilitarisation de l’Arctique est en pleine actualité. Mais dans ce domaine la Russie a une large avance sur tout autre pays. Elle possède la plus large ouverture sur l’Océan, elle a les meilleurs navires brise-glace et elle ne cesse de s’équiper en sous-marins nucléaires. Alors que Obama se rend en Alaska, préoccupé essentiellement par le dogme climatique à faire avaler aux peuples, certains législateurs du Congrès, et même certains représentants du gouvernement disent que les États-unis sont à la traîne d’autres pays, notamment de la Russie, face aux réalités géopolitiques auxquels la région est confrontée. L’Alaska, notamment, manque de port en eau profonde, ce qui n’est pas le cas de la Russie.
Cette base sous-marine de Norvège, la seule dont disposait le pays, a été mise en vente en 2011. En 2012 l’incompréhension se manifestait dans la presse au sujet de cette vente :
« Autrement dit, et comme il s’agit de protéger les gisements d’hydrocarbures dans le grand nord, Oslo entend garder la main-mise sur sa flotte sous-marine. (…)
Alors pourquoi parler de décision difficilement compréhensible? Eh bien malgré la volonté d’Oslo de garder ses sous-marins, il a été décidé de mettre en vente la seule base sous-marine située dans le Grand Nord, alors même que la Norvège entend y accroître sa présence militaire.
Cette base, conçue pour résister à une attaque nucléaire, compte 13.500 m2 de bâtiments, un grand quai, un dépôt de carburant, des tunnels, un système d’alimentation d’urgence, un bassin en eau profonde. Bref, tout ce qu’il faut… Au fil des ans, 128 millions d’euros y ont été dépensés (certes, grâce à des financements de l’Otan). » (Source)
Une chance que ce soit la Russie qui ait pris pied sur cette base, ça aurait pu être l’Etat islamique… La France vend ses aéroports parfois à un repris de justice chinois, les aéroports de Grèce ont tous été vendus à l’Allemagne… Quand les peuples de cette Union européenne qui s’est jurée de liquider nos nations, vont-ils réagir ?
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