Il y a un peu plus d’un an, le journal Libération titrait « Dieu démission »… Aujourd’hui c’est son directeur qui démissionne alors que Dieu est toujours en fonction, si on peut dire ! Cela fait bientôt deux ans que le journal fait face à des difficultés qui ne cessent d’augmenter notamment à cause des ventes qui baissent. Les actionnaires ne le voient pas d’un très bon œil et voudraient imposer leur intérêt pour tenter de sauver le produit Libération, ce à quoi s’opposent les salariés.
C’est dans une interview au journal « Le Monde » que le directeur de Libération a annoncé sa démission de son poste. Nicolas Demorand semble fatigué d’être obligé de chercher sans cesse de l’argent : « être patron de Libé, c’est passer son temps à chercher de l’argent pour faire les fins de mois, payer les salaires et les fournisseurs, et parfois embaucher des journalistes, ce que j’ai pu faire. Cela a été une très grosse partie de mon travail auprès des annonceurs, des mécènes, de la puissance publique, pour éviter que le journal ne mette la clé sous la porte. Ce qui a failli arriver à plusieurs reprises depuis trois ans. Cette PME est fragile, dans un secteur en crise, et manque chroniquement de capitaux. C’est pourquoi elle cherche aujourd’hui des investisseurs. » On sait que la crise est grave entre actionnaires et journalistes depuis la une que Libération a fait paraître. Il y a une semaine, le journal était en grève demandant la démission de Demorand et de Nicolas. Le 9 février, le journal faisait paraître à la une son refus de devenir un réseau social ou un espace culturel comme le suggèrent les actionnaires.
Pourtant, on sait que le gouvernement suit l’affaire. Des salariés ont même rencontré François Hollande pour en discuter le week-end dernier. Bruno Ledoux, l’un des principaux actionnaires de Libération, a dit mercredi avoir demandé un prêt à Bercy pour renflouer le journal. Les actionnaires devraient aussi apporter leur aide pour tenter de sauver le quotidien à hauteur de deux millions d’euros. A l’Assemblée Nationale, on s’inquiète aussi puisque le député Touret posait hier une question à ce sujet au gouvernement. Aurélie Filippetti s’est contentée de répondre que le gouvernement ne pouvait pas « se substituer à l’actionnaire qui devrait faire des investissements supplémentaires pour permettre la transition numérique de ce journal » tout en ajoutant « mais nous travaillons, avec le CIRI notamment, pour essayer d’accompagner ce quotidien auquel, évidemment, nous tenons tous. » Ce ne serait pas la première fois que le gouvernement et les députés feraient des cadeaux à des médias sur le dos des contribuables après avoir effacé la dette de 4 millions d’euros de l’Humanité ou bien demandé l’effacement du redressement fiscal de Médiapart.
Libération a perdu plus d’un million d’euros en 2013 et ses ventes ont chuté l’an dernier de 15 %, de loin la plus forte baisse parmi les quotidiens français, pour tomber à 100 000 exemplaires. Libération pourrait commencer par arrêter de se moquer des Français avec des raccourcis rapides, caricaturant grossièrement tous ceux qui ne pensent pas comme le journal le voudrait. A force de se croire une élite intellectuelle, on se retrouve seul et il ne faut pas s’en plaindre. En tout cas revanche ou pas, c’est bien Nicolas Demorand qui démissionne et non Dieu !
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