Site icon medias-presse.info

Nicolas Calbrix (Debout la République) : « Progressivement les Français se détournent de cette politique-spectacle offert par le système »

nicolas calbrix2Nicolas Calbrix est président des jeunes de Debout la République. Pour Médias Presse Info, il a accepté de revenir sur le score de son parti aux élections européennes, la légitimité de Hollande mais aussi la situation du monde politique actuel.

Nicolas Calbrix, vous êtes président des Jeunes de Debout la République. Votre parti a réussi à passer le seuil des 3% pour les Européennes malgré le nombre important de listes. Vous faites même 4,60% dans le Massif Central. Votre parti est relativement jeune mais vos derniers scores sont encourageants puisqu’ils sont en augmentation. Est-ce un signe que votre parti s’inscrit durablement dans le paysage politique français et que son nom va devenir familier aux électeurs ?

C’est le signe d’une véritable prise de conscience parmi nos compatriotes. Depuis trente ans, ils votent pour l’UMP, puis le PS, puis l’UMP. À chaque fois des promesses de progrès, de redressement national et d’amélioration de leur situation ; et au lendemain des élections, à chaque fois les mêmes abandons, les mêmes déceptions et les même trahisons au profit des intérêts qui ne sont pas ceux des Français. Progressivement, les Français se détournent de cette politique-spectacle offert par le système pour se tourner vers l’abstention, les extrêmes, ou de nouveaux partis comme Debout la République.

Ces 4% c’est le double de la présidentielle, ce sont 100 000 électeurs de plus qui ont rejoint nos rangs. Alors bien sûr, certains vont dire que ce n’est pas grand-chose mais nous continuons à progresser régulièrement. Nous sommes un des seuls partis à avoir fait une vraie campagne de terrain, nous avons de plus en plus de militants, nous gagnons en crédibilité à mesure que les Français nous découvrent. Je suis persuadé que nous sommes désormais bien ancrés dans le paysage politique, que les Français sont de plus en plus ouverts à de nouvelles idées et que nous aurons encore de meilleurs résultats aux prochaines élections.

2)      Les deux éléments importants de ces élections européennes sont une abstention massive et le score élevé du Front National. Pour vous que cela reflète-t-il ? Un désintérêt des Français pour la politique en qui ils ne croient plus ? L’échec des grands partis ou bien de l’UE ?

L’abstention massive était voulue par tout le monde y compris les médias et le gouvernement. Il suffit de regarder le calendrier avec les municipales décalées à la fin mars puis le remaniement et les pseudo-mesures d’Hollande durant tout le mois d’avril. Hollande pensait pouvoir enjamber cette élection mais il se l’est prise en pleine tête à la place. Quant aux médias, ils ont essayé de nous imposer le faux-débat entre Juncker le libéral fédéraliste luxembourgeois et Schulz l’austéritaire allemand. Qui peut croire que cela intéresserait les Français ? Qui peut croire que le débat sur l’Europe en France est représenté par ces deux faces d’une même pièce ? Devant un tel choix, il est compréhensible que les Français aient préféré aller à la pêche et pour ceux qui ont été voter, comment ne pas comprendre, dans ces conditions, leur volonté de punir nos élites en choisissant le parti qui cristallise le plus les peurs pour le système. Mais notre progression montre aussi que les Français sont prêts à voter pour des personnes différentes.

3)      François Hollande en est ressorti fragilisé, décrédibilisé alors que sa majorité s’effrite à l’Assemblée Nationale. Certains ont réclamé la dissolution de l’Assemblée Nationale, d’autres la démission du Président. François Hollande et sa majorité socialiste sont-ils encore crédibles et légitimes pour gouverner le pays ?  

Ni plus ni moins que ne l’était Nicolas Sarkozy. Ce n’est même pas un problème de personnes, c’est un problème de promesses tenues, de respect de la parole donnée et donc de respect des Français. Hollande n’est plus crédible depuis longtemps, s’il ne l’a jamais été, mais le plus grave est que lui, encore plus que les autres, a abandonné à Bruxelles la politique migratoire, monétaire, législative, budgétaire. Il a les mains coupées et il est condamné à ne faire que de la politique politicienne pour contenter son aile gauche en supprimant la prison pour les atteintes aux biens et les condamnations de moins de 5 ans de prison, pour satisfaire Berlin et Bruxelles avec une réforme territoriale qui n’apportera aucune économie et qui éloignera les Français encore plus des élus… Ce quinquennat ressemble déjà à une fin de règne après seulement 2 ans. Et avec ce qu’il se passe de l’autre côté, nous sommes en réalité sur un changement d’époque politique.

4)      Le monde politique est encore secoué par une nouvelle affaire avec celle de Bygmalion et l’UMP. On a eu aussi Cahuzac et son compte à l’étranger.  Devant un tel déballage, n’y a-t-il pas de quoi écœurer les Français de la politique ? Le fossé ne risque-t-il pas de se creuser encore plus ?

C’est évident ! Ils ont créé, avec l’UE et la mondialisation, un système qui ne profite plus à tous les Français. Les classes moyennes sont broyées. Elles sont assommées d’impôts, de charges, de taxes ; elles voient qu’il est de plus en plus difficile de garder son emploi et que les salaires ne grimpent plus ; elles voient qu’en cas de pépin, elles ne seront pas les principales bénéficiaires de l’aide sociale. Et dans le même temps, ceux qui nous gouvernent et qui devrait montrer l’exemple n’en finissent plus de s’emmêler dans des affaires. Bygmalion, Cahuzac mais aussi toutes ces petites affaires qui ne font pas la une des journaux mais que les Français voient bien, comme par exemple l’histoire des trains trop larges dont personne n’est responsable ou les logements sociaux occupés par ceux qui font des leçons toute la journée, voilà le meilleur carburant du FN et de l’abstention.

5)      L’UMP est au bord de l’implosion et cherche désespérément une ligne politique entre « centrisation » et « droitisation ». Les adhérents UMP sont de plus en plus dégoûtés comme certains cadres. Le FN déclare déjà avoir de nouvelles adhésions. Pensez-vous que cette nouvelle crise au sein de l’UMP puisse profiter à votre parti ? Adhérents, sympathisants ou même cadres de l’UMP vont-ils se tourner vers Debout la République ?

Clairement ! Durant les Européennes, le livre de Laurent Wauquiez et l’aveu par Henri Guaino qu’il ne voterait pas pour Lamassoure en Ile-de-France nous montrent qu’il y a une coupure nette entre les centristes-fédéralistes qui se croient modernes en passant leur vie à courir après la gauche et les militants, représentés par une poignée d’élus lucides, qui sont majoritairement sur notre ligne. Nicolas Dupont-Aignan a été le premier à comprendre que l’UMP avait tourné le dos au gaullisme pour devenir un vaste parti centriste qui ne défend plus rien. C’est d’ailleurs sur ce péché originel que le FN prospère et tout l’enjeu pour nous aujourd’hui est de proposer une autre voie dans la recomposition de la droite entre le FN ou l’UMP centrisée sans valeur. Il est urgent d’offrir une voie patriote, sereine, cohérente, de rassemblement à ces millions de Français qui partagent nos idées et nos valeurs. Et vous pouvez compter sur nous dans les années à venir pour défendre nos idées et offrir ce choix aux Français.

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

Quitter la version mobile