L’Histoire revient au galop et nous rappelle le vrai but de la guerre de terreur israélienne menée contre la Syrie. Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a, le 17 avril, dévoilé publiquement la raison pour laquelle Israël et ses complices internationaux ont mené cette guerre : s’approprier définitivement les hauteurs du Golan appartenant à la Syrie.
Lors d’un Conseil des ministres qui s’est tenu exceptionnellement sur le plateau du Golan ce 17 avril, Nétanyahou a fait savoir qu’Israël n’avait pas l’intention de restituer ces territoires syriens, en dépit de la convention internationale du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes de 1967 et en violation de la Résolution 497 du Conseil de sécurité des Nations unies[1] de 1981.
Après avoir exprimé ses doutes quant à la capacité de la Syrie à « rétablir la situation qu’elle connaissait avant la guerre civile dévastatrice qui l’a frappe depuis plus de cinq ans », le chef de l’État hébreu a souligné qu’il ne s’opposerait pas à des efforts diplomatiques visant à stabiliser la Syrie, pour autant qu’ils ne se fassent pas aux dépens de la sécurité d’Israël. « J’ai choisi cette session extraordinaire du Conseil des ministres sur les hauteurs du Golan pour envoyer un message clair : les hauteurs du Golan resteront à jamais dans les mains d’Israël. Il est temps qu’après cinquante ans, la communauté internationale reconnaisse enfin que le Golan restera à jamais sous souveraineté israélienne »[2], a-t-il proclamé.
Bien que soigneusement occulté par les médias de masse, l’affrontement géopolitique qui se déroule en Syrie n’est que la toile de fond de la stratégie israélienne élaborée de longue date visant à fragmenter le Proche-Orient au bénéfice de la constitution d’un Grand Israël[3]. Et l’annexion des territoires syriens du Golan est un pas supplémentaire dans l’accomplissement de ce grand plan. Mais le plateau du Golan, outre son intérêt stratégique sur le plan militaire, représente également des enjeux économiques considérables. D’une part, il est le château d’eau qui alimente le lac de Tibériade, dans une région semi-désertique où l’eau est rare ; d’autre part, il est le siège d’un énorme gisement de pétrole et de gaz découvert à l’été 2015, qui renferme potentiellement des milliards de barils de pétrole. La controverse géopolitique est donc de taille.
Buts et butins de guerre
Tandis qu’il existe depuis 1973 un cessez-le-feu entre Israël et la Syrie, l’Etat hébreu est paradoxalement en état de belligérance avec cette dernière, via des forces par procuration, une guerre larvée dont l’un des véritables enjeux est le Golan. Israël occupe depuis 1967 les hauteurs du Golan syrien acquises par une guerre de conquête, et a depuis déployé de nombreuses initiatives pour « isréaliser » ce territoire. Quant à l’État syrien, il oppose une résistance qui porte ses fruits, au moins sur le plan diplomatique, puisque l’annexion de ces territoires n’a jusqu’à présent pas été reconnue au niveau international. Alors que le régime de Bachar al-Assad revendiquait la restitution complète des hauteurs du Golan par Israël comme condition préalable à la paix au Proche-Orient, conformément au droit international selon lequel des territoires ne peuvent être conquis par la guerre, le mouvement antigouvernemental syrien fédéré au sein de la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution (CNFOR)[4], créée en 2012 et présidée à l’époque par Moaz al-Khatib[5], adoptait quant à lui une position plus souple, comme l’a rapporté le journal israélien Yedioth Ahronoth[6], en soutenant que « [la CNFOR] n’est pas un ennemi d’Israël ». En cas de prise de pouvoir par la CNFOR et d’autres personnes soutenues par les USA alliés à Israël, celui-ci aurait ainsi pu escompter une attitude syrienne plus arrangeante concernant le Golan, et si possible des gains territoriaux acceptés par la communauté internationale.
C’est cette analyse des intérêts israéliens dans cette guerre contre la Syrie que confirme en quelque sorte aujourd’hui Nétanyahou. Comme pour justifier l’annexion de ces territoires, il a ajouté que depuis qu’il est « sous contrôle israélien, le Golan prospère dans la paix, notamment dans les domaines de l’agriculture et du tourisme. Dans cette région tourmentée, Israël est un facteur de stabilisation : c’est la solution, pas le problème ! »[7] Un mensonge d’un cynisme sidérant !
Depuis le début, derrière les troubles préparés de longue date et déclenchés, en août 2010 sur ordre du président Obama, dans différents pays du monde arabe et particulièrement en Syrie, le lobby israélien dirigé par Nétanyahou en personne a entrepris tout ce qui était en son pouvoir pour déstabiliser la Syrie, notamment par une circulation transfrontalière d’équipements, en armant et en soutenant les terroristes, y compris ceux de l’EI et d’Al-Qaïda, ainsi que par des attaques directes des forces armées israéliennes contre l’Armée syrienne.
Afin de dissimuler le fait que c’est Israël et les forces du lobby israélien qui ont fomenté la guerre de terreur contre la Syrie − il fallait rendre parfait le vol israélien des hauteurs du Golan, ce qui non seulement contrevient aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, mais également aux positions longtemps soutenues par les États-Unis et l’Union européenne −, Israël et ses groupes de pression ont tissé deux grandes strates de mensonges autour de la guerre de terreur en Syrie. À savoir, primo, que cette dernière a été menée au nom de la « démocratie » et des « droits de l’homme », et secundo, qu’elle avait pour objectif d’affaiblir l’Iran, allié de la Syrie, représenté comme une menace pour la paix du monde par la propagande. Derrière ces impostures, se cache la véritable raison de cette guerre fomentée par Israël et le lobby israélien contre la Syrie, avec son cortèges de catastrophes − des millions de réfugiés et jusqu’à des centaines de milliers de morts : Israël ne rendra jamais le Golan volé aux Syriens.
Et d’aucuns auront l’impudence d’affirmer qu’il n’y a pas de complot !
Liens
Voir aussi : Israël veut s’approprier des terres agricoles en Cisjordanie
[1] https://en.wikipedia.org/wiki/United_Nations_Security_Council_Resolution_497
[2] http://abcnews.go.com/International/wireStory/netanyahu-israel-withdraw-golan-heights-38460835
[3] https://nocheinparteibuch.wordpress.com/2013/02/16/parteibuch-kommentar-zur-ard-dokumentation-syrien-falle-teil-1/
[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Coalition_nationale_des_forces_de_l’opposition_et_de_la_r%C3%A9volution
« Autorité politique de transition syrienne » créée le 11 novembre 2012 à Doha (Qatar) et siégeant au Caire. Son but : coordonner les opposants au régime de Bachar el-Assad, au moyen d’opérations de déstabilisation en Syrie ainsi que dans des pays tiers. La constitution de cette organisation faisait suite aux demandes pressantes des États-Unis, de la France et des monarchies du Golfe.
[5] Président de la CNFOR de 2012 à 203.
[6] Il est le premier des trois grands quotidiens israéliens, devant Maariv et Haaretz. Il appartient aux familles Moses et Fishman. Le lien vers l’article a été supprimé, ainsi que l’article sur son site (www.ynetnews.com/home/0,7340,L-3083,00.html).
[7] http://www.rp-online.de/politik/ausland/benjamin-netanjahu-israel-wird-nie-von-den-golanhoehen-abziehen-aid-1.5910770
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