On se demande parfois jusqu’où, quand s’arrêtera, la déconstruction du catholicisme entreprise depuis maintenant plus d’un demi-siècle par l’Église conciliaire et les autorités qui la gouvernent.
La dernière lubie en cours au sein des palais vaticans, plus apostats à l’heure d’aujourd’hui qu’apostoliques, est la réhabilitation, à travers une arrogante négation et révision des Évangiles, des pharisiens, ce parti politico-religieux et « charnel » qui défigura, enseigne le théologien thomiste argentin l’abbé Julio Meinvielle, le « Messie, Celui qu’on attendait pour apporter au monde la grâce et la vérité (…) » en « un dominateur politique, terrestre, qui devait assurer et perpétuer la grandeur d’Israël sur toutes les nations ». Suivant le chemin ouvert par l’omnipotent décret conciliaire Nostra Aetate, expression de cette volonté moderniste et progressiste qui veut nier le rôle de la Synagogue dans la mort du Christ-Messie, se poursuit ainsi la disculpation des Juifs, ces « frères aînés » chers à Jean-Paul II, devenus « pères dans la foi » sous Benoît XVI.
Dans ce but, un congrès sur le thème Jésus et les pharisiens, un révision interdisciplinaire est organisé à Rome, à l’Université pontificale Grégorienne, en mai prochain par l’Institut Biblique pontifical, sponsorisé par la Conférence Épiscopale Italienne et l’American Jewish Committee. Le dernier jour du colloque, les participants catholiques, protestants et juifs, seront reçus par le pape François en audience privée. Parmi eux, des figures importantes du monde juif actuel, les rabbins David Rosen, Riccardo Di Segni et Abrhama Skorka, ce dernier ami de longue date d’El papa argentin.
« Le thème de la relation entre Jésus et les pharisiens est un autre moyen de décrire la relation entre les chrétiens et les juifs à travers deux millénaires (…) ce qui a des conséquences significatives pour notre relation actuelle» a expliqué au cours d’une conférence de presse le jésuite Michael Kolarcik, recteur de l’Institut. Le père Étienne Veto, directeur du Centre Cardinal Bea pour les Études Juives de l’Université Pontificale Grégorienne, affirme de son côté que depuis longtemps, grâce aux études menées, la représentation communément admise des pharisiens « n’est pas correcte » et qu’« il y a une relation entre l‘antisémitisme et la conception des pharisiens ». « Nous voulons identifier les racines de cette représentation inadéquate des pharisiens et dépasser les préjugés » a déclaré un des principaux organisateurs de l’événement, le professeur Joseph Sievers.
Un des intellectuels juifs ayant une large part dans ce colloque, le professeur Amy Jill Levine, qui enseigne le Nouveau Testament à l’Institut Biblique Pontifical, avance un autre argument dans ce même but de réhabilitation des pharisiens :
« Il n’y a pas besoin de mal présenter les pharisiens en particulier et le judaïsme en général pour bien présenter Jésus : Jésus se présente bien tout seul (…) »
« Mais nous avons les Évangiles qui décrivent les pharisiens comme hypocrites et ennemis de Jésus » a-t-elle conclu en souhaitant que « les homélies sur les pharisiens ne propagent pas l’antisémitisme mais présentent correctement l’Évangile de la paix ». Dorénavant, si l’on comprend bien madame Levine, il y aura donc, d’un côté, l’Évangile de la paix, évidemment politiquement et religieusement correct, l’Évangile de Nostra Aetate, qui aura été préalablement expurgé des connotations anti-pharisiennes, et de l’autre, les Évangiles des Apôtres politiquement incorrects, voire antisémites.
Ce sont donc bien les Saints Évangiles et les Actes des Apôtres qui posent un problème aux juifs actuels, comme à leurs ancêtres… Ce sont les anathèmes sévères, vigoureux et rudes, du Christ lui-même envers les pharisiens incrédules et endurcis qui doivent être passés à la moulinette conciliaire sous la supervision doctrinale des pharisiens actuels. Pour que se dissipent, par le souffle du dialogue inter-religieux avec les Juifs, ces condamnations divines ainsi que la mise au ban de la Synagogue au profit des Gentils :
« Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux. » (Matthieu, 5:20).
» Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ! Vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui y viennent.
» Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que, sous le semblant de vos longues prières, vous dévorez les maisons des veuves ! C’est pourquoi vous subirez une plus forte condamnation.
» Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous courez les mers et la terre pour faire un prosélyte, et, quand il l’est devenu, vous faites de lui un fils de la géhenne, deux fois plus que vous !
» Malheur à vous, guides aveugles, qui dites : Si un homme jure par le temple, ce n’est rien ; mais s’il jure par l’or du temple, il est lié.
Insensés et aveugles ! lequel est le plus grand, l’or, ou le temple qui sanctifie l’or ?
(…)
» Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, qui payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et qui négligez les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi ! Ce sont ces choses qu’il fallait pratiquer, sans omettre les autres.
Guides aveugles, qui filtrez le moucheron, et avalez le chameau !
» Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, tandis que le dedans est rempli de rapine et d’intempérance.
Pharisien aveugle, nettoie d’abord le dedans de la coupe et du plat, afin que le dehors aussi soit pur.
» Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui au dehors paraissent beaux, mais au dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture.
Ainsi vous, au dehors, vous paraissez justes aux hommes, mais au dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité.
» Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, qui bâtissez les tombeaux des prophètes et ornez les monuments des justes,
et qui dites : Si nous avions vécu aux jours de nos pères, nous n’aurions pas été leurs complices pour verser le sang des prophètes.
Ainsi vous rendez contre vous-mêmes ce témoignage, que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes.
Comblez donc la mesure de vos pères !
Serpents, race de vipères, comment éviterez-vous d’être condamnés à la géhenne ?
C’est pourquoi voici que je vous envoie des prophètes, des sages et des docteurs. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous battrez de verges les autres dans vos synagogues, et vous les poursuivrez de ville en ville :
afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang du juste Abel jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel.
En vérité, je vous le dis, tout cela viendra sur cette génération.
» Jérusalem, Jérusalem, qui tue les prophètes et lapides ceux qui lui sont envoyés ! Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu !
Voici que votre maison vous est laissée solitaire.
Car, je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais jusqu’à ce que vous disiez : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Matthieu 23:13-39).
« Des lèvres de cet Agneau, rappelle cet éminent juif converti au catholicisme, l’abbé Augustin Lémann, il n’était sorti que des paroles de miséricorde et d’onction. Seuls, les pharisiens orgueilleux avaient eu à supporter les tonnerres de Ses reproches. » Des reproches que 2000 après leurs descendants, avec la bénédiction de l’Église conciliaire, veulent étouffer !
Francesca de Villasmundo
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