Le dissident russe anti-soviétique, Vladimir Boukovsky, qui passa 12 ans de sa vie entre la prison, les camps de travail et les hôpitaux psychiatriques, pour s’être opposé au régime communiste de Moscou, s’est éteint le 27 octobre 2019 à l’âge de 77 ans à Cambridge en Grande-Bretagne où il vivait depuis 1976.
Vladimir Boukovsky se rendit célèbre en Occident en dévoilant les pires secrets de « l’enfer » du Goulag. Né le 30 décembre 1942 à Moscou (Russie), il fut un intellectuel ancien dissident soviétique. Il a passé plus de 12 ans, entre 1963 et 1976, emprisonné dans des camps de rééducations par le travail, hôpitaux psychiatriques et prisons. Il a été condamné pour des délits d’opinions et l’organisation de manifestations contre le pouvoir. Il est libéré lors d’un échange de prisonnier le 18 décembre 1976 contre le communiste chilien Luis Corvalan. Il vécut ensuite à Cambridge et obtint la nationalité britannique.
Vladimir Boukovski est un des premiers à avoir dénoncé l’utilisation d’internements psychiatriques comme moyen de contrôle politique par le pouvoir soviétique. Il est notamment co-auteur d’un Manuel de psychiatrie pour les dissidents pour aider les dissidents à lutter contre les sévices pratiqués dans les enfermements psychiatriques. Il usa de formules-choc pour dénoncer le communisme, l’Etat socialiste, et l’emprise de la pensée marxiste sur la mentalité contemporaine.
» L’une des conséquences les plus néfastes du socialisme est que l’homme y est amené à se démettre de ses responsabilités, à s’en remettre en tout à l’État, ce qui équivaut à renoncer en même temps à sa liberté. » (Cette lancinante douleur de la liberté)
« Le gonflement de l’appareil bureaucratique est l’un des traits immuables du socialisme. » (Cette lancinante douleur de la liberté)
« Il n’existe pas un seul État socialiste dont les habitants ne cherchent pas à fuir. » (Cette lancinante douleur de la liberté)
« Si la loi exige que chaque paquet de cigarettes porte la mention « Le tabac est nocif pour votre santé », pourquoi ne pas proposer un projet de loi qui rende obligatoire de mentionner sur la couverture de chaque livre marxiste : « L’application de cette théorie a entraîné la mort de plusieurs dizaines de millions d’hommes au cours des derniers soixante ans » ? Un tel projet de loi ne serait pas compris, car le marxisme est devenu partie intégrante de la mentalité occidentale. » (Cette lancinante douleur de la liberté)
« Celui qui souffre d’un complexe d’infériorité crie à la discrimination, le paranoïaque se lamente d’être persécuté. Si je ne suis pas bien, c’est la faute de ceux qui m’entourent. Les thèses de chacune de ces deux sociétés sont diamétralement opposées : en U.R.S.S., l’homme a systématiquement tort, l’État toujours raison. Ici, l’homme est persuadé qu’il a le droit d’être toujours heureux. S’il tombe malade, c’est que les bien-portants lui doivent des comptes, si l’on est pauvre, ce sont les riches qui en sont coupables. Égocentrisme purement infantile, refus tout aussi infantile d’accepter la moindre limitation. » (Cette lancinante douleur de la liberté)
« L’Union européenne est le vieux modèle soviétique habillé à l’occidentale. Mais comme l’URSS, l’Union européenne porte en elle les germes de sa propre disparition. Malheureusement, quand elle s’écroulera – et elle s’écroulera – elle laissera d’immenses destructions derrière elle, et de gigantesques problèmes économiques et ethniques. L’ancien système soviétique était irréformable, il en est de même pour l’Union européenne. (…) J’ai vécu dans votre futur, et ça n’a pas marché. » (L’Union européenne,la nouvelle union soviétique ?)
« Les gens oublient souvent que les nazis étaient des socialistes. En Union soviétique c’étaient des internationaux-socialistes, en Allemagne c’étaient des nationaux-socialistes. Ce sont deux branches du socialisme. C’est la même chose, avec seulement une légère différence d’interprétation. »
« Toute personne qui tente de préserver son indépendance, en quelque endroit et en quelque domaine que ce soit, est à coup sûr considérée comme un ennemi de tout le régime. Toute la puissance de l’Union soviétique, toute la machine d’État est aussitôt mobilisée pour combattre ce désespéré, ce fou audacieux. Dès le départ, il se trouve confronté dans une lutte inégale, celle d’un homme seul face à tout un régime. Et tant que l’opposition n’est pas écrasée, tous les moyens sont bons. » (préface au livre Le jeu de la destruction, Viktor Korchnoï, 1981)
« Le système communiste est une société avec un contrôle politique très étroit. Un pas de travers et on pouvait être poursuivi, emprisonné, ou comme dans mon cas, interné en psychiatrie, puisque si vous refusiez l’idéologie dominante cela voulait dire que vous étiez un malade mental. C’était donc une société contrôlée de manière très stricte et rigide on ne pouvait rien faire sans une permission spéciale. Et pour un jeune homme comme moi c’était tout d’abord une situation d’ennui total puisqu’on ne pouvait faire usage de son initiative personnelle pour quoi que ce soit sans être immédiatement puni. La répression nous étouffait et les jeunes gens qui avaient un certain degré d’imagination, une volonté d’expérimenter les choses, ce qui est naturel quand on est jeune, n’avaient pas la permission de jouir de cela. C’est ce à quoi j’ai été immédiatement confronté. Alors que j’étais assez jeune, seize ou dix-sept ans, j’ai enfin décidé que je n’accepterai pas ce régime et que je le combattrai. Et là les vrais problèmes ont commencé : emprisonnement, camp de travail, hôpital psychiatrique… Cela a représenté douze ans de ma vie. »
En 2005, il publiait un pamphlet comparant l’Union européenne et l’Union soviétique et réalisait la courte vidéo ci-dessous :
Francesca de Villasmundo
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