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Mort du Cheikh Abd al Wahid Pallavicini, autre protagoniste du dialogue inter-religieux avec le Vatican

Deux figures-clé du dialogue inter-religieux avec la Rome néo-moderniste et néo-protestante sont morts à quelques jours d’intervalle en Italie : le rabbin Giuseppe Laras, mercredi 15 novembre, est rentré dans son éternité trois jours après la disparition d’un autre grand protagoniste de l’union des religions, le Cheikh Abd al Wahid Pallavicini, décédé le dimanche 12 novembre dernier, à l’âge de 91 ans.

Comme Laras, le Cheikh a reçu les hommages des ecclésiastiques conciliaires. Le cardinal Angelo Scola, et l’archevêque de Milan, Mgr Mario Delpini, ont, dans leur mot de condoléances, écrit :

« Nous demandons à Dieu qu’il l’héberge dans son Paradis, en le récompensant pour le bien qu’il a fait ; et nous sommes proches de la douleur de ses parents et demandons à Dieu pour eux le don de la patience et de la paix. »

Étrange glorification céleste pour un apostat ! Car le parcours du Cheikh est avant tout celui d’un renégat à sa religion de baptême, le catholicisme, à l’imitation de celui qu’il considérait « son guide spirituel » René Guénon « érudit franc-maçon et ésotériste » initié et converti à l’ésotérisme islamique, le soufisme.

Le site d’informations musulmanes Saphir News en dresse le portrait suivant dans un article intitulé :

« Abd al-Wahid Pallavicini, figure de l’islam et du dialogue interreligieux en Italie, est mort »

« Abd al-Wahid Pallavicini s’en est allé. Cet acteur important du culte musulman et du dialogue interreligieux en Italie, fondateur de la Communauté religieuse islamique italienne (COREIS), est décédé dimanche 12 novembre à Milan. Retour sur le parcours d’un homme qui a marqué de son empreinte le paysage religieux italien.

Il a marqué de son empreinte le paysage religieux italien. Abd al-Wahid Pallavicini est décédé dimanche 12 novembre à Milan à l’âge de 91 ans, apprend-t-on par ses proches mercredi 15 novembre. Une prière funéraire est organisée vendredi 17 novembre dans la mosquée milanaise Al-Wahid, siège de la Communauté religieuse islamique italienne (COREIS) que le très respecté cheikh a crée 24 ans plus tôt. Qui fut-il ?

Abd al-Wahid (en arabe, le serviteur de l’Unique), né Felice Pallavicini en 1926 à Milan, grandit dans une ancienne et noble famille lombarde catholique. La présence musulmane en Italie était alors très faible. Sa quête spirituelle le mène à voyager dans les pays à majorité musulmane, notamment au Maroc où il finit par choisir l’islam pour religion.

« Sa conversion à l’islam dans les mains de Titus Ibrahim Burckhardt eut lieu le 7 janvier 1951, tandis que s’éteignait au Caire le métaphysicien René Guénon », rappelle l’Institut des hautes études islamiques (IHEI), fondé en 1994 par Abd al-Wahid Pallavicini et aujourd’hui présidé par son fils Yahya.

Un fervent disciple de René Guénon

Titus Ibrahim Burckhardt, un Suisse allemand né à Florence en 1908, consacra sa vie à l’étude de l’art traditionnel et sacré après sa conversion à l’islam dans les années 1930. Mort en 1984, il s’inscrivit dans la même tradition soufie que René Guénon, homme qu’Abd al-Wahid Pallavicini considéra comme son « guide spirituel ». Son admiration pour le métaphysicien, aussi appelé Abd al Wâhid Yahya, le poussa d’ailleurs à adopter le même nom que lui malgré qu’il n’ait jamais eu l’occasion de le rencontrer dans cette vie.

Après un voyage à Singapour, où il reçut l’autorisation de conduire une branche autonome de la confrérie Ahmadiyyah Idrisiyyah Shadhiliyyah – d’inspiration guénonienne – en Europe, Abd al-Wahid Pallavicini, honorée du titre de cheikh (ou shaykh), fonda dans les années 1980 en Italie et en France une communauté de musulmans rattachée au soufisme traditionnel. « Ses témoignages pour un œcuménisme « au sommet » font écho aux enseignements des maîtres spirituels musulmans qui renouvellent dans l’humanité le souvenir de Dieu », indique l’IHEI.

Un pionnier du dialogue interreligieux

En 1986, Abd al-Wahid Pallavicini est désigné par les administrateurs de la mosquée de Rome comme leur représentant officiel auprès du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. C’est la même année qu’il participe à la rencontre historique des religions pour la paix à Assise en 1986, initiée par le pape Jean-Paul II.

Passant son temps entre Rome et Milan, cet infatigable promoteur du dialogue interreligieux a depuis participé à des centaines de conférences et de rencontres à travers le monde avec de hauts responsables des religions abrahamiques.

En véritable disciple de René Guénon, il créa en 1990 le Centre d’études métaphysiques à Milan, qui rassemble chrétiens et musulmans afin de « contribuer à faire retrouver le sens originel des valeurs traditionnelles ». Le Centre vise à promouvoir « le langage métaphysique », source d’échanges interreligieux « privilégiés » qui évitent « un mélange de rites en un syncrétisme nivelant », selon la revue Politica Hermetica parue en 2002 pour le 50e anniversaire de la mort du métaphysicien. « L’approfondissement des aspects fondamentaux des diverses Traditions orthodoxes permet de réaliser un véritable œcuménisme « par en haut », et non une simple comparaison des théologies », lit-on.

En 2007, Abd al-Wahid Pallavicini lança à Milan l’Académie des études interreligieuses (ISA), un institut de formation permettant au grand public d’approfondir leurs connaissances sur les trois grands monothéismes.

Sa contribution essentielle à la construction d’un islam européen

Abd al-Wahid Pallavicini, auteur en 1991 de « L’islam intérieur – Message d’un maître soufi » est surtout connu pour avoir lancé en 1993 l’Association italienne pour l’information sur l’islam, devenue en 1997 la Communauté religieuse islamique italienne (COREIS). Celle-ci, qui fédère dès le départ une majorité d’Italiens convertis à l’islam, jette ainsi les bases d’un islam italien et même européen.

L’islam ne figure pas, aujourd’hui encore, parmi les religions officiellement reconnues en Italie mais la COREIS est devenu un interlocuteur incontournable de l’Etat et de ses institutions s’agissant du culte musulman, du fait de son importance dans le paysage religieux italien.

La structure a ainsi signé en avril 2017, avec d’autres associations musulmanes, un « pacte » avec le gouvernement visant à assurer de meilleures conditions de pratique de l’islam dans le pays en contrepartie d’un engagement des cadres religieux à, entre autres, appuyer la lutte contre l’extrémisme. « Une étape historique pour la formation d’un islam italien » à laquelle Abd al-Wahid Pallavicini a contribué, toujours aux côtés de son fils Yahya, vice-président de la COREIS.

Son héritage spirituel est désormais entre les mains de ce dernier. A 52 ans, l’imam de la mosquée Al-Wahid suit avec ferveur le chemin emprunté par son père dans le dialogue interreligieux.”

Dans les colonnes du journal vaticanesque Vatican Insider, il est précisé que le Cheikh « avait conquis l’estime des trois derniers pontifes » et qu’il était « régulièrement invité au Vatican ». Il est vrai que l’ancien catholique Pallavicini, devenu musulman soufi, était un fervent admirateur du décret conciliaire Nostra Aetate, vu à travers le prisme de l’ésotérisme :

« Aujourd’hui, la reconnaissance réciproque de ce que nous appellerions la « validité salvatrice » des religions est plus que jamais nécessaire. Toutes les religions authentiques, en effet, conduisent l’homme au salut, participation en quelque sorte par reflet à la Réalité divine, laquelle est accessible de façon plus directe, en revanche, à travers les pratiques intérieures, présentes encore aujourd’hui au sein des ordres contemplatifs de la dernière Révélation.

Il suffirait de reconnaître dans les différentes expressions théologiques des différentes révélations leur signification symbolique pour retrouver cette « seule origine » (Nostra Aetate, § 1) et Vérité unique dont toutes les révélations dérivent, sans nier à la Providence divine la possibilité d’adresser aux hommes différents messages qui sont adaptés à la compréhension des divers peuples à des époques diverses et variées.

[…]

Une chose est la nécessité de se référer aux principes universels originels qui sont communs à nos traditions, pour en retrouver la source de Connaissance unique de nos religions (principes, entre autres, auxquels fait référence l’introduction de Nostra Aetate, et qui répondent aux questions du sens ultime de la vie, de l’origine de la Création à l’eschatologie). »

avait-il déclaré dans un entretien en 2015 à l’occasion du cinquantenaire de la promulgation de Nostra Aetate.

Ainsi, au nom du sacro-saint dialogue inter-religieux promu par ce décret de Vatican II, les papes et hiérarques conciliaires se sont donc soumis à l’absurde : accueillir comme interlocuteur religieux « digne de foi » un apostat au Christ !

Francesca de Villasmundo

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