Une rumeur circule dans les palais romains et les jardins du Vatican que la Commission Ecclesia Dei, déjà en partie démantelée par le pape François en 2019 va définitivement disparaître en octobre.
Créée en 1988 par Jean-Paul II à la suite du sacre de quatre évêques par Mgr Marcel Lefebvre et de l’excommunication du prélat par ce même Motu proprio Ecclesia Dei Afflicta qui instituait la Commission, elle avait pour « pour mission de collaborer avec les évêques, les dicastères de la Curie romaine et les milieux intéressés, dans le but de faciliter la pleine communion ecclésiale des prêtres, des séminaristes, des communautés religieuses ou des religieux individuels ayant eu jusqu’à présent des liens avec la Fraternité fondée par Mgr Lefebvre et qui désirent rester unis au successeur de Pierre dans l’Église catholique en conservant leurs traditions spirituelles et liturgiques ».
Depuis quelque temps cette Commission était entrée en agonie. Le 17 janvier 2019, le pape François « par une lettre apostolique sous forme de motu proprio concernant la Commission pontificale Ecclesia Dei, a mis fin, à l’existence de cette commission pour ‘confier ses tâches à une section spéciale’ au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Cette section spéciale aura pour tâche, précise le motu proprio, de ‘poursuivre l’œuvre de vigilance, de promotion et de tutelle jusqu’alors conduite par l’ex-Commission Ecclesia Dei’ » (MPI). On peut lire sur le site officiel de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X en France que cette suppression était « souhaitée à la fois par la Doctrine de la foi et, selon des media italiens, par la Fraternité Saint-Pie X ».
Le vaticaniste italien Marco Tosatti, réputé pour être bien informé sur ce qui se trame dans « les palais sacrés », confirmait le 10 septembre dernier sur son blog Stilium Curiae que « Ecclesia Dei, la commission créée par Jean-Paul II en 1988, et dédiée à la défense du Vetus Ordo, devrait disparaître définitivement en octobre, après une Plénière au cours de laquelle les cardinaux sanctionneront sa suppression définitive, même sous la forme réduite de mandat de la Congrégation pour la doctrine de la foi. »
Cette information pourrait paraître anodine puisque la Commission est déjà sous perfusion depuis 2019. Pourtant, pour les divers instituts de Droit Pontifical attachés à ce qu’ils appellent « la forme extraordinaire du rite romain », cette décision pourrait avoir d’extrêmes conséquences sur leur vie ainsi que l’analyse Marco Tosatti :
« La disparition d’Ecclesia Dei, cependant, aura de graves conséquences pour les Instituts de vie religieuse qui ont inclus le Vetus Ordo, la messe de tous les temps, dans leur vie et leur pratique. En fait, ces derniers devraient affluer dans la Congrégation pour les religieux, dirigée nominalement par le Card. Braz De Aviz, mais en réalité géré par le secrétaire, le franciscain Carballo.
« Ce n’est pas un petit pas: en effet, ces instituts, qui sont actuellement de droit pontifical, deviendront de droit diocésain, et donc totalement soumis aux préférences – ou non – de l’évêque. Avec toutes les conséquences de l’affaire. En effet, si avant Ecclesia Dei constituait une sorte de «parapluie» protecteur pour eux, une fois le changement opéré, et en cas de conflit à résoudre avec le titulaire du diocèse, la seule ressource serait de contacter la Signature Apostolique, conduite par ce cœur de lion du cardinal Dominique Mamberti… et qui a déjà été intimidé par la Cour pontificale à plusieurs reprises.
« S’il est confirmé, cela semble être une autre étape vers le démantèlement du Summorum Pontificum, c’est-à-dire du document qui permettait le libre exercice – sous certaines conditions – du rite Vetus Ordo, sans que les évêques puissent s’y opposer. Autrement dit, un retour à la formule du pardon. Et ceci malgré le fait qu’il semble que les deux tiers des réponses des évêques au récent questionnaire sur l’ancienne messe rituelle dans leur diocèse aient été positives et favorables aux instituts qui avaient choisi ce type de rite. »
Francesca de Villasmundo
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