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Monseigneur Morerod sur l’Irak… ou la nouvelle vocation humanitaire de l’Eglise

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Interviewé le 19 août dernier par la Radio Télévision Suisse suite à l’allusion du pape à une éventuelle intervention militaire en Irak (http://www.rts.ch/video/info/journal-12h45/6075885-intervention-en-irak-l-avis-de-mgr-charles-morerod-eveque-du-diocese-de-lausanne-geneve-et-fribourg.html), Monseigneur Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, illustre une nouvelle fois le changement radical de doctrine des hommes d’Eglise depuis le concile Vatican II. De corps mystique du Christ chargé de guider les chrétiens et de répandre la vérité dans le monde, l’Eglise serait devenue une nouvelle ONG, simplement préoccupée de la paix civile et du bien-être de tous.

Sur la nature réelle des évènements d’abord, Monseigneur Morerod fait preuve d’une prudence extraordinaire. Les chrétiens seraient victime d’une « agression », qui toucherait d’ailleurs bien davantage des musulmans. Il n’est pas question de dire que ces chrétiens sont tout simplement massacrés de façon abominable en haine de leur foi, par des islamistes qui agissent au nom de leur religion. Encore moins de préciser que ces victimes sont de véritables martyrs. L’homme d’Eglise ne parle donc aucunement de façon particulière pour les chrétiens, ni ne souligne la cause de leur massacre et le mobile particulier de leur « agression ». S’il est normal de déplorer la situation de tous ceux qui souffrent en Irak, il est tout de même terriblement décevant de voir qu’un évêque n’a pas le courage de parler d’abord pour les chrétiens, ni de préciser que les musulmans qui meurent aussi ne sont que les victimes de leur propre religion, quand bien même il s’agit d’une autre tendance.

Fort d’une telle analyse de la situation, Monseigneur Morerod ne peut qu’adopter un discours erroné sur une éventuelle intervention militaire. Puisque les chrétiens massacrés ne sont que des « gens » « qui ne peuvent pas se défendre eux-mêmes », une intervention militaire ne devrait avoir d’autre caractère qu’une simple « opération de police ». Monseigneur Morerod se fait donc le chantre du droit d’ingérence invoqué habituellement par l’ONU pour justifier n’importe quelle intervention militaire dans un pays quelconque. Il ne s’agit plus que de défendre les droits de l’homme en Irak par simple souci humanitaire. On attendrait pourtant d’un évêque qu’il justifie une intervention militaire non par de tels principes, mais bien au nom du devoir de l’Eglise de protéger les chrétiens et le libre exercice de la seule vraie religion, bien supérieur qui seul peut justifier une intervention militaire dans un Etat. N’en déplaise à Monseigneur Morerod, ce devoir de l’Eglise fut aussi celui qui poussa Urbain II à prêcher la première croisade.

« Rien n’enhardit autant l’audace des méchants que la faiblesse des bons » (Léon XIII, Lettre encyclique Sapientae Christianae) : si l’on veut offrir aux chrétiens d’Irak autre chose que des cercueils, il faudrait déjà que nos pasteurs abandonnent leur langue de bois et osent assumer leur position. Une intervention militaire en Irak ne devrait pas être une simple opération de police pour défendre des gens agressés, mais bien une opération militaire de défense des chrétiens persécutés. Et si ceci doit s’appeler une croisade, alors, ayons le courage des mots.

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