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Mission aux Philippines : la rançon du désespoir

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Le Dr Jean-Pierre Dickès, président de l’ACIM a fait une traduction du dernier courriel reçu de Yolly Gamutan, secrétaire de l’Association Catholique des Infirmières et Médecins en Asie qui organise comme chaque année la mission Rosa Mystica. Elle est l’infirmière chargée de la coordination de l’aide aux Philippins à Tacloban dans l‘île de Leyte entièrement détruite par le typhon. Nous livrons ce texte brut dans sa bouleversante authenticité.

Le Dr Dickès qui tient la rubrique de l’éthique médicale dans Médias Presse Infos est le responsable médical de la mission Rosa Mystica. Il rejoint Tacloban début janvier avec une vingtaine de Français.

Cher Grand Frère Doc JP,

De Leyte où nous sommes, nous devons vous prévenir que nous nous trouvons face à une menace dont nous vous faisons part: la prostitution. Beaucoup de filles et de familles désespérées ont perdu la foi et espèrent une issue rapide à la dévastation contre laquelle ils doivent lutter et faire face. Dix millions de personnes ont été plus ou moins les victimes du typhon. La police a signalé des cas de trafics humains. http://anc.yahoo.com/news/official-confirms-human-trafficking-in–yolanda–hit-areas–quake-ravaged-bohol-083544643.html

Les volontaires masculins qui viendront au début de janvier doivent être mis au courant que des femmes désespérées espèrent flirter dans l’espoir de se marier, de s’échapper, ou d’avoir de l’argent facile pour reconstruire leur maison. Pour cela, elles sont prêtes à tout. Il faut se souvenir que ces femmes désespérées doivent faire face à l’expérience poignante de la mort à vaste échelle et à la dévastation ; ceci leur a fait perdre la foi qu’elles avaient avant le désastre.  

Chaque volontaire doit comprendre que, venant à Tacloban, ce qu’ils verront n’a rien à voir par son ampleur avec ce que les résidents du pays ont vu et vécu ; que leur désespoir ne peut être mesuré par le regard habituel que nous avons sur les choses ; notamment en raison du choc de ces gens ouvrant leurs yeux et voyant sans fin des arbres morts, des animaux morts, des gens morts, des bâtiments écroulés et la brutale disparition de toute ligne de transport et de communications. Ils sont comme dans une île coupée du monde, sans nourriture, électricité, eau potable, des hangars pour vivre pendant des jours ; et aussi il leur faut se battre avec des problèmes psychologiques qui ont amené à court terme une anarchie complète. Voilà ce qu’il y a dans la mémoire des survivants. Pour la plupart d’entre eux, leurs rêves de terminer l’école, de faire une bonne carrière sont envolés. Disparus leur mode de vie, leur maisons, leurs écoles, leurs provisions, les vivres, l’argent qu’ils économisaient pour faire face au budget de la scolarisation. Sans la foi, le désespoir suit. Un peuple désespéré perd toute morale. Il est détruit dans sa conscience même.

 

Ainsi, quand nous approcherons nos patients nous devons aimablement leur rappeler Dieu et ses commandements. Chaque volontaire se devra dans la mesure où cela lui est possible, d’essayer de rappeler aux survivants la morale chrétienne qui doit les guider, tout en tentant désespérément de trouver des solutions à leurs problèmes.

En Marie Immaculée

Yolly

 

 ACIM 2 route d’Equihen 62360 Saint Etienne au Mont

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