Interrogé par le vaticaniste Marco Tosatti, Mgr Carlo Maria Vigano, ancien nonce aux États-Unis, ayant travaillé pendant plus de quarante ans dans la diplomatie vaticane, connaissant bien la mentalité moderniste et progressiste qui règne dans les Palais apostoliques depuis la révolution conciliaire, n’hésite pas à relier l’apostasie des politiciens qui se disent « catholiques » tout en promouvant la culture de mort à l’esprit de Vatican II, concile qui a ouvert les portes de l’Eglise à l’esprit du monde.

Dans la première partie de l’entretien paru hier sur MPI, Mgr Vigano soulignait le « le lien étroit entre la rébellion du clergé ultra-progressiste – jésuites en tête – et la formation de générations de catholiques, façonnée selon l’idéologie moderniste, qui a fusionné dans le Concile ».

Dans une deuxième partie, il explore plus en profondeur les connections entre le dernier concile du Vatican, son ouverture au monde et la contestation des années soixante, synonyme de libéralisation et libéralisme en tous domaines. Et décrit les conséquences de cette embrassade contre-nature : la révolution arc-en-ciel post-moderne. Sans hésiter il affirme qu’il est « indéniable, ne serait-ce que d’un point de vue historique et sociologique, qu’il existe une relation très étroite entre la révolution conciliaire et celle de soixante-huit. »

Et de citer, à l’appui de son propos, les paroles mêmes des protagonistes de Vatican II, « parmi lesquels Joseph Ratzinger se distingue » rappelle-t-il :

« L’adhésion à un marxisme anarchique et utopique […] a été soutenue au premier plan par de nombreux aumôniers universitaires et associations de jeunes, qui ont vu éclore les espérances chrétiennes. Le fait dominant se trouve dans les événements de mai 1968 en France. Dominicains et jésuites étaient sur les barricades. L’intercommunion réalisée lors d’une messe œcuménique en soutien aux barricades a été considérée comme une sorte de jalon dans l’histoire du salut, une sorte de révélation qui a inauguré une nouvelle ère du christianisme. » (Joseph Ratzinger, Les principes de la théologie catholique, Téqui, Paris 1985, p. 433)

Mgr Vigano cite encore un autre des experts du Concile, le Père René Laurentin, qui écrivit:

« Les demandes du mouvement de mai 1968 coïncidaient dans une large mesure avec les grandes idées du Concile, en particulier la Constitution conciliaire sur l’Église et le monde. Déjà Vatican II était dans une certaine mesure le défi d’un groupe d’évêques contre la Curie, qui tentait de créer un conseil institutionnellement préfabriqué. » (René Laurentin, Crise de l’Église et deuxième synode épiscopal, Morcelliana, Brescia 1969, p. 16),

et le théologien argentin, le père Álvaro Calderón qui déclara :

« S’il y a quelque chose qui attire immédiatement l’attention de quiconque étudie le Concile Vatican II, c’est le changement libéral dans le concept d’autorité. Le Pape s’est dépouillé de son autorité suprême en faveur des évêques (collégialité); les évêques se sont dépouillés de leur autorité au profit des théologiens; les théologiens ont renoncé à leur propre science au profit de l’écoute des fidèles. Et la voix des fidèles n’est que le fruit de la propagande. » (Alvaro Calderón, La lámpara bajo el celemín. Cuestión disputada sobre la autoridad doctrinal del magisterio eclesiástico du Concile Vatican II , Ed. Rio Reconquista, Argentine 2009),

et Mgr Jacques Noyer, évêque émérite d’Amiens :

« Je suis convaincu que l’esprit qui a inspiré la préparation, la célébration et la mise en œuvre du Concile Vatican II est une grande opportunité pour l’Église et pour le monde. C’est l’Évangile offert aux hommes d’aujourd’hui. En profondeur, mai 1968 était un mouvement spirituel, voire mystique, conforme au rêve du Concile. » (https://www.atfp.it/rivista-tfp/264-ottobre-2018/1494-il-maggio-68-e-il-concilio-vaticano-ii).

Ces extraits permettent à Mgr Vigano de poursuivre son analyse :

« Cette vision est largement affirmée avec fierté même sur le front progressiste[4], qui en 1968 a vu se réaliser les mêmes demandes de la révolution conciliaire. […] »

« Sans le ‘feu vert’ de l’Église, conclut-il, le monde n’aurait jamais accepté ni même fait siennes les revendications de rébellion du mouvement étudiant. Au-delà des Actes du Concile, c’est précisément l’esprit de Vatican II qui a marqué la fin de la société hiérarchiquement constituée, des valeurs traditionnelles communes au monde occidental : jusque-là, des concepts tels que l’autorité, l’honneur, le respect des personnes âgées, l’esprit de mortification et service, sens du devoir, défense de la famille et de la patrie étaient partagés et, même si sous une forme affaiblie par rapport au passé, toujours pratiqués.

« Voir l’Église catholique, phare de vérité et de civilisation pour les Nations, ouvrir ses portes au monde, ne pas hésiter à se débarrasser de son glorieux héritage, allant jusqu’à révolutionner la liturgie et édulcorer la morale, fut pour les masses un signal sans équivoque, une sorte d’approbation de l’agenda qui, à l’époque, n’osait pas encore se révéler entièrement, mais à partir duquel tous les signes distinctifs pouvaient être saisis. L’Église et la société ont été détruites, les autorités civiles et religieuses ont été compromises, le mariage et la famille ont été discrédités, l’amour de la patrie et le sens du devoir ridiculisés ou accusés de fascisme. Dans le silence d’une Hiérarchie complice! Ceux qui, comme moi, sont entrés au séminaire immédiatement après le concile, peuvent témoigner que même les séminaires pontificaux romains ont été immédiatement conquis par ce frisson de contestation, d’émancipation et de dissolution de toute règle et discipline.

« Cela ne fait aucun doute. Si tel n’était pas le cas, on ne pourrait pas expliquer le financement substantiel que des organisations mondialistes telles que l’Open Society de Soros ont alloué aux activités de la Compagnie de Jésus et vraisemblablement à d’autres entités catholiques.[6] Toutes les prémisses posées in nuce avec Vatican II et avec la révolution étudiante, nous les retrouvons aujourd’hui proposées de manière cohérente par les dirigeants du Vatican sur le front ecclésial et par les gouvernements sur le front politique mondialiste. Il n’est donc pas surprenant que les priorités du programme politique de Bergoglio coïncident avec celles de Joe Biden. L’immigrationnisme, l’environnementalisme, l’écologisme malthusien, l’idéologie du genre, la dissolution de la famille, le mondialisme sont communs à l’agenda de l’État profond et de l’Église profonde. L’opposition formelle de Bergoglio à l’avortement et à l’endoctrinement LGBT des enfants est désavouée dans la pratique à la fois par le soutien de l’épiscopat à ceux qui les promeuvent en politique et à ceux qui théorisent l’utilisation du contrôle des naissances et la reconnaissance des droits des sodomites. Le cas du père James Martin, s.j., est emblématique, car il confirme un idem sentire (un même sentiment) entre les tenants du globalisme et l’ intelligentsia progressiste catholique. La marque qui unit ces mouvements est le mensonge et la tromperie, la division et la destruction, la haine pour la Tradition et pour la civilisation chrétienne. En fin de compte, l’aversion théologique pour le Christ, typique de Lucifer et de ses disciples. » (Traduction de F. de Villasmundo)

Francesca de Villasmundo 

[4] Cfr. https://www.atfp.it/rivista-tfp/264-ottobre-2018/1494-il-maggio-68-e-il-concilio-vaticano-ii | Vedi anche: https://www.agensir.it/italia/2018/04/26/il-sessantotto-agostino-giovagnoli-storico-profondo-legame-con-il-concilio-che-ne-ha-anticipato-alcuni-tratti/ | https://notedipastoralegiovanile.it/index.php?option=com_content&view=article&id=13936:il-68-e-la-sua-ricaduta-sul-fronte-ecclesiale&catid=353&Itemid=1074 | Si veda anche l’interessante cronologia pubblicata su Archivio 900: http://www.archivio900.it/it/documenti/doc.aspx?id=177

[6] https://www.marcotosatti.com/2020/09/08/open-society-di-george-soros-finanzia-i-gesuiti/

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