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Mgr Schneider et une non-interdiction de voyager qui vaut interdiction de parler

C’est du langage diplomatique, des ruses de jésuite, de non-dits qui font office de décisions : l’évêque auxiliaire de l’archidiocèse d’Astana, Mgr Athanasius Schneider s’est vu restreindre, oralement, sa possibilité de voyager hors de son petit diocèse du ‎Kazakhstan, où les catholiques pourraient presque se compter sur les doigts des deux mains, mais cette sanction, que les choses soient bien claires, n’est pas une condamnation… Juste une invitation qui lui est faite par le Saint-Siège de suivre le canon 410, l’une des nombreuses clauses du droit canonique, qui oblige un évêque auxiliaire à résider dans son diocèse sauf s’il remplit « un devoir en dehors du diocèse », ou pendant ses vacances d’un mois. Mgr Schneider devra donc dorénavant informer le nonce de tout voyage à l’étranger qu’il entreprendra.

Le Vatican paraît soudain très rigide, légaliste, quant aux respects des règles canoniques. Du jamais vu durant ce pontificat où la révolution en tout domaine, disciplinaire, liturgique, sacramentelle, canonique est la règle première imposée par le pape François au nom d’une Église en marche, en sortie, se mouvant vers les périphéries. Mais de ces sorties obligatoires pour être un ‘bon chrétien’ qui chemine vers l’union de tous et de tout, alpha et oméga de l’idéologie de François, l’évêque Schneider en est privé par décision bergoglienne.

Le vaticaniste Marco Tossati a été le premier a informé ses lecteurs de cette mesure prise à l’encontre de cet évêque, plutôt sévère pour le pontificat présent et défavorable publiquement à bien des décisions prises par le pape actuel. Il a notamment fait entendre sa voix pour dénoncer l’encyclique bergoglienne Amoris laetitia et, plus proche dans le temps, soutenir Mgr Vigano. Mgr Schneider, c’est une voix discordante dans le concert de louanges médiatiques et épiscopales adressées à El papa ; c’est une voix avec qui cette Rome du dialogue, de la rencontre, des ponts à construire et des rencontres à venir, n’a pas envie de causer, ni de l’entendre d’ailleurs ; une voix, qui bien que conciliaire, est trop conservatrice et qu’il faut donc faire taire…

Fort justement, Tossati remarque « la disparité de traitement » entre Mgr Schneider et l’ex-cardinal McCarrick qui, malgré les sanctions qui lui furent imposées par Benoît XVI pour des raisons autrement graves, a cependant continué, sous la férule de François, à vagabonder à travers le monde.

Mgr Schneider a précisé dernièrement qu’aucune interdiction de voyager ne lui avait été communiquée par le Vatican mais simplement un rappel à suivre le droit canon concernant les absences en dehors du propre diocèse. Une clarification que l’évêque a certainement estimé nécessaire pour calmer la polémique suscitée par cette nouvelle dans les milieux conservateurs et hostiles aux innovations du pape François. Mais aussi diplomatique qu’elle puisse être, cette mise au point par le principal intéressé dévoile bien son impossibilité de quitter son diocèse d’Astana plus d’un mois par an. Cette limitation aura immanquablement un impact sur ses tournées de conférences, ses déplacements à l’étranger et la répercussion de sa voix : le Vatican vient de lui imposer, sournoisement, une muselière !

Francesca de Villasmundo

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