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Mgr Roland MINNERATH : « je vais faire de mon diocèse un laboratoire de la suppression de Summorum Pontificum »

A DIJON , LA GUERRE A BIEN COMMENCE !

Paix liturgique – Cher Raymond, deux mois après notre première lettre consacrée à la situation dans le diocèse de Dijon, je reviens vers vous pour savoir si vous avez quelques nouvelles ?
Raymond Pierre – Et vous tombez à point car j’en ai plusieurs, tant pour expliquer l’attitude de Mgr Minnerath que pour nous éclairer sur l’avenir du monde traditionnel dans le diocèse de Dijon.

Paix liturgique – Vous avez des informations concernant Mgr Roland Minnerath ?
Raymond Pierre – Oui tout à fait : je reviens d’un voyage en Italie et des amis m’ont donné des informations tout à fait lumineuses à son sujet.

Paix liturgique – Lesquelles ?
Raymond Pierre – La plus importante est que Mgr Minnerath avait connaissance de ce qui est devenu le motu proprio Traditionis Custodes. Cela signifie que sa décision dijonnaise n’est pas le fruit du hasard mais une décision tout à fait synchronisée avec la guerre contre le développement du monde traditionnel que préparaient à Rome certains ennemis de la Paix.

Paix liturgique – Mais comment cela est-il possible ?
Raymond Pierre – C’est assez simple, Mgr Minnerath, membre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, se rend à Rome tous les mois, aux sessions ordinaires (dite de feria IV, du mercredi), et avait ainsi accès aux informations des réunions inter-dicastères (réunions de préfets de Congrégations), où se préparait, sous la direction du Secrétaire d’État, l’élaboration du document.

Paix liturgique – Ah bon.
Raymond Pierre – Il a même dit lors d’une réunion romaine qu’il allait faire de son diocèse « un laboratoire de la suppression de Summorum Pontificum ». « Vous allez avoir un nouveau Motu proprio dans les prochains jours ou semaines », pavoisait–il le 26 juin devant les fidèles de la messe traditionnelle venus manifester devant l’évêché leur mécontentement. »
Il a anticipé. Pour parler comme dans le monde économique, il a commis un délit d’initié. En gardant à l’esprit qu’il sait qu’il ne risquait rien, vu son âge et son départ prochain de Dijon, et surtout qu’il est « du côté du manche ». Sauf, qu’aux yeux de l’histoire, on retiendra qu’il aura été le déclencheur d’une nouvelle guerre liturgique.

Paix liturgique – Mais c’est tout de même incroyable de voir que Mgr Roland Minnerath ait pu prononcer des mots d’une telle dureté.
Raymond Pierre – Relisez Traditionis Custodes et vous constaterez que ce texte est terriblement dur, brutal, aussi peu miséricordieux et pastoral que possible. Je vous renvoie à ce que vous avez publié dans votre lettre 805. Vous rapportiez que le Cardinal Parolin, Secrétaire d’État, avait affirmé devant un groupe de cardinaux : « Nous devons mettre fin à cette messe pour toujours !» et que Mgr Roche, nouveau Préfet de la Congrégation du Culte divin, avait expliqué en riant à des responsables de séminaires de Rome et des membres de la Curie : « Summorum Pontificum est pratiquement mort ! On va redonner le pouvoir aux évêques sur ce point, mais surtout pas aux évêques conservateurs ». Dites-vous bien que c’est là l’état d’esprit des ENNEMIS DE LA PAIX qui aujourd’hui s’agitent à Rome et ailleurs. Les paroles de Mgr Roland Minnerath sont bien de la même veine, je dirais qu’elle sont celles d’un homme appartenant au même parti.

Paix liturgique – Ils sont nombreux ?
Raymond Pierre – Ceux qui croient être du parti des vainqueurs sont toujours nombreux… jusqu’à ce que le vent tourne… Je pourrais vous en citer beaucoup d’autres, comme ce haut prélat qui répète à tous ceux qui l’écoutent que les prêtres ordonnés dans les séminaires traditionnels « SONT INUTILES POUR L’EGLISE ».
Je vous renvoie aussi à votre Lettre 809 concernant l’état d’esprit du nonce apostolique en France, Mgr Celestino Migliore, « plus François que François »… pour l’instant.

Paix liturgique – Mais concrètement que veut dire pour Dijon : « Je vais faire de mon diocèse un laboratoire de la suppression de Summorum Pontificum » ?
Raymond Pierre – Cela permet déjà de comprendre pourquoi il a décidé d’un claquement de doigts d’évincer la Fraternité Saint-Pierre de son diocèse.

Paix liturgique – Mais il a été dit que c’était pour des problèmes relationnels qu’ils avaient avec les prêtres de cette Fraternité desservant Dijon.
Raymond Pierre – C’est tout à fait inexact, car si cela avait été le cas il aurait pu faire appel aux autorités de cette Fraternité pour trouver une solution par exemple obtenir un changement d’hommes ou au pire faire remplacer la Fraternité Saint-Pierre par une autre communauté comme l’IBP ou le Christ-Roi. Mais ce n’est pas ce qu’il a fait et ce qu’il a décidé nous éclaire grandement.

Paix liturgique – Que va-t-il faire ?
Raymond Pierre – Nous en avons aujourd’hui plus que des indices… et je ne parle pas des nominations ecclésiastiques qui ne nous fournissent pas pour l’heure d’informations pertinentes. En revanche les décisions « de fond » déjà prises nous éclairent parfaitement.

Paix liturgique – Et quelles sont ces « décisions de fond » ?
Raymond Pierre – Au moins trois :
– La première est la suppression de toutes les messes traditionnelles de semaine,
– La deuxième est qu’il est demandé aux parents qui assistent à la messe traditionnelle de livrer leurs enfants – je crois que c’est le terme qui convient – au catéchisme des paroisses ordinaires (lesquels parents, s’ils obtempéraient, feraient au minimum de leurs enfants des incultes religieux),
– Enfin, et c’est là la cerise sur le gâteau, l’interdiction de tous les évènements liturgiques entourant la vie chrétienne. Autrement dit, plus de funérailles selon la liturgie traditionnelle, plus de mariage selon l’usus antiquior et bien évidement plus de baptême selon le rite antique des baptêmes. Ce qui va beaucoup plus loin que Traditionis custodes. Mais qu’importe, Mgr Minnerath est du côté du manche ;

Paix liturgique – Mais c’est terrible !
Raymond Pierre – Oui, c’est tout simplement une mise à mort de l’application des bienfaits spirituels et apaisants du motu proprio Summorum Pontificum promulgué en 2007 par le Pape Benoit XVI… Exactement selon les termes des engagements de Mgr Minnerath devant ses amis romains : il fait de son diocèse un laboratoire de la suppression de Summorum Pontificum. Le pire est que, sauf à désirer la barrette rouge, le vieil archevêque n’a plus de motif de carrière : il agit par esprit de parti. Et le désir de son parti est de faire mourir tout ce qui est traditionnel, c’est-à-dire, pour une bonne part, de ce qui vit encore dans l’Église d’aujourd’hui.

Paix liturgique – La colère ne vous emporte-t-elle pas ?
Raymond Pierre – Nullement. Mgr Minnerath est un homme angoissé par la disparition du sacerdoce dans les diocèses de France. Du coup, à plusieurs reprises (notamment, dans un entretien avec Le Pèlerin du 29 juin 2006, et dans son livre Aux bourguignons qui croient au ciel et à ceux qui n’y croient pas), il a avancé publiquement la solution qui consisterait à ordonner des hommes mariés pour remplir les vides. Plutôt des prêtres mariés que des prêtres traditionnels !

Paix liturgique – Mais que pouvons-nous faire face à sa décision ?
Raymond Pierre – Je pense que nos prêtres auront du mal à ne pas « obéir ». En revanche, voilà qu’est revenue l’heure des laïcs, car tout désormais est entre nos mains : soit nous laissons faire et nos adversaires vont gagner, soit nous refusons ces terribles injustices et nous agissons en conséquence pour empêcher les ennemis de la paix de mette en œuvre leur programme de destruction et de mort.

Paix liturgique – Mais est-ce bien aux laïcs de jouer ce rôle ?
Raymond Pierre – N’oubliez-pas que depuis le concile Vatican II, du moins en apparence, nos pasteurs insistent fortement sur le rôle que doivent jouer les laïcs dans l’Église. Bien sûr leur discours est largement démagogique, car jamais ils n’avaient imaginé que les laïcs pourraient être ceux qui s’opposeraient à leur dérive, mais quoiqu’il en soit nous sommes ceux qui aujourd’hui avons le plus de possibilité d’agir et de faire entendre nos convictions car nous n’avons pas, nous, de séminaristes à faire ordonner, pas de séminaires à ouvrir ni de prêtres à intégrer dans la pastorale des diocèses. On nous a dit, depuis le Concile, que nous sommes des adultes qui devons obéir « avec discernement ». Eh bien, comme au temps de la réforme liturgique, c’est le temps où les laïcs vont se faire entendre !

Paix liturgique – Concrètement ?
Raymond Pierre – Un de mes amis romains me déclarait il y a deux semaines : « Organisons à Rome une manifestation monstre ! » C’est un peu irréaliste, car bien compliqué pour beaucoup, surtout en raison des fameuses « contraintes sanitaires ». En revanche nous avons devant nous d’immenses possibilités pour faire entendre nos voix.

Paix liturgique – Que pourrions-nous faire ?
Raymond Pierre – « Demandez, et l’on vous donnera, frappez et on vous ouvrira ! » Insistez sans relâche. Imaginons que désormais partout où va votre évêque, mais aussi où se tiendraient des réunions publiques paroissiales ou autres, des laïcs du diocèse soient présents en prière avec des banderoles, ou bien l’interpellent sur la question liturgique. Internet et les réseaux sociaux feront le reste. L’opinion publique catholique est aujourd’hui largement scandalisée par la décision de persécuter la messe en latin. En somme, les conciliaires piétinent la liberté religieuse !

Paix liturgique – Mais heureusement tous nos pasteurs, en France et en bien d’autres endroits, n’ont pas déterré la hache de guerre ?
Raymond Pierre – Parfois même, ils montrent qu’ils ne vont pas appliquer les mesures répressives. Et nous les remercions car les boutefeux du style de Mgr Roland Minnerath sont des irresponsables. Si j’en crois mes contacts romains, en ce climat de fin de règne, très nombreux sont les membres de la Curie à se demander si le « remède » Traditionis Custodes ne serait pas pire que le « mal » qu’aurait pu être Summorum Pontificum : Oremus !

Source : La Lettre de Paix liturgique n° 811 du 6 août 2021

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