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Mgr Paglia : « Est un hérétique qui croit que Judas est en enfer »

Le 10 décembre dernier, Mgr Paglia a présenté le symposium international Promouvoir une ‘culture palliative’ organisé par l’Académie pontificale pour la vie, en collaboration avec WISH (World Innovation Summit for Health), une initiative de la Fondation du Qatar, qui s’est tenu à Rome à l’Augustinianum, le 11 et 12 décembre.

Répondant à quelques demandes des journalistes, Mgr Paglia, prélat connu pour ses prises de positions hétérodoxes et relativistes tant dans le domaine moral que doctrinal, a revisité à nouveau à sa façon l’enseignement catholique concernant Judas, le suicidé de l’Evangile : « Pour l’Église catholique, si quelqu’un affirme que Judas est en enfer, il est hérétique » a-t-il professé. En disant cela, Mgr Paglia surfe sur l’enseignement bergoglien, le pape François ayant à maintes reprises dédouané Judas, victime des méchants puissants de son temps.

Ce thème de Judas sauvé malgré lui et malgré l’Evangile n’est donc pas nouveau au sein de la hiérarchie officielle. La nouveauté est dans l’anathème lancé par Mgr Paglia, lequel ne doit pas peut-être pas, le pauvret, s’être rendu compte que, par la-même, il excommunie aussi le Christ. Le Fils de Dieu, en parlant de Judas, n’a laissé aucun doute :

« Pour le Fils de l’homme, il s’en va, ainsi qu’il est écrit de lui ; mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme est trahi ! Mieux vaudrait pour cet homme qu’il ne fût pas né. » (Marc, 14, 21.)

Un autre élément de l’Ecriture sainte ne permet pas d’optimisme sur le sort de Judas. Priant son Père, le Christ s’adresse à Lui en ces termes explicites :

« J’ai gardé ceux que vous m’avez donnés, et pas un d’eux ne s’est perdu, hormis le fils de perdition, afin que l’Ecriture fût accomplie. » (Jean, 17,12.)

Le prélat italien excommunie pareillement les rédacteurs du catéchisme de Trente puisque on peut y lire, se référant à la vertu de Pénitence, cette mise en garde contre cet excès qui s’appelle désespoir :

« D’autres, au contraire, s’abandonnent à tel point au chagrin et à la désolation, qu’ils viennent à désespérer entièrement de leur salut. Tel semble avoir été Caïn, qui disait 7 : « Mon crime est trop grand pour obtenir le pardon. » Et tel fut certainement Judas que « le repentir de son crime conduisit à se pendre lui-même, » perdant ainsi la vie et son âme tout ensemble. »

Excommunié aussi saint Léon le Grand qui appelle Judas « le fils de la perdition », « le traître qui ne pu obtenir le pardon ».

Et l’on pourrait poursuivre ainsi avec d’autres saints et docteurs. Retenons cependant que si pour l’éminent Mgr Paglia est un hérétique qui croit que Judas est en enfer, alors le Christ aussi se retrouve excommunié… par cet apostat !

Mais, pour quelle raison Mgr Paglia, à la suite de François, affirme-t-il le contraire de la Tradition ? Indépendamment du fait que cela fait 50 ans que les modernistes prêchent autre chose que la Tradition, il n’est certainement pas hasardeux de dire qu’une partie de la réponse doit être recherchée dans le délicat problème pastoral face au suicide assisté, thème abordé au cours de ce symposium dédié aux soins palliatifs.

La Conférence épiscopale de Suisse a décidé de donner quelques indications pastorales concernant cette pratique en hausse dans le pays. Ils ont donc publié un document intitulé Comportement pastoral face à la pratique du suicide assisté. Les évêques ont exprimé la radicale opposition entre ce choix suicidaire et l’Evangile et ils ont réaffirmé le devoir de défendre la vie humaine de la conception à la mort naturelle. Si le suicide reste « un acte intrinsèquement mauvais », le suicide assisté est encore plus grave dans la mesure que c’est « une action réfléchie, organisée et planifiée ». Or, certaines personnes demandant la « douce mort » désirent être accompagnées par la présence d’un prêtre. Les évêques helvétiques ont donc exhorté à l’accompagnement de ces personnes dans l’espoir du repentir. Mais ils ont ajouté que « l’agent pastoral a le devoir de quitter physiquement la chambre du malade au moment même de l’acte suicidaire ». La raison est clairement expliquée :

« En refusant, en ce moment précis, d’assister une personne qui volontairement s’enlève la vie, l’agent pastoral témoigne avec les faits l’option de l’Église en faveur de la vie. […] Malgré tous les efforts accomplis, la présence d’un agent pastoral à côté d’une personne qui se suicide délibérément serait interprétée, peut-être à posteriori, comme un soutien ou une coopération : […] la société pourrait penser que l’Église avalise ces actions… »

Mgr Paglia, à la tête rappelons-le de l’Académie pontificale pour la vie, a donné un signal complètement opposé. En répondant justement à une question sur le délicat problème pastoral affronté par le document, il a déclaré :

« Jamais personne ne doit être abandonnée quelle que soit la situation dans laquelle elle se trouve… Accompagner et tenir la main de qui meurt est un devoir que chaque croyant doit promouvoir, comme l’opposition au suicide assisté. »

Et d’ajouter :

« Je fais toujours des funérailles à qui s’est suicidé. »

« Ce qui est le plus important, continue-t-il, c’est l’accompagnement. »

Dédouaner Judas ne fait donc qu’apporter de l’eau à son moulin du relativisme et à ce penchant conciliaire d’ouverture au monde contemporain et à ses mœurs. C’est de la pure propagande pour « accompagner » son discours laxiste qui s’inscrit dans la ligne de la fameuse expression bergoglienne « Qui suis-je pour juger ? ». C’est encore une autre démonstration que ces hiérarques conciliaires professent une doctrine subjectiviste exclusivement tournée vers l’Homme, dont les actions ne sont jamais condamnables. D’ailleurs depuis Vatican II, l’enfer n’existe plus pour un grand nombre d’entre eux. Sauf pour les catholiques qui professent la doctrine traditionnelle : pour eux point de salut conciliaire. Mgr Paglia ne refuse pas des funérailles aux suicidés, veut que l’on accompagne ceux qui organisent leur suicide, mais excommunie ceux qui retiennent que Judas est en enfer. Le monde à l’envers…

Rien n’a changé à Rome, depuis le mortifère concile Vatican II, si ce n’est en pire : la nouvelle Eglise, cette « contrefaçon d’Église, évolutive, pentecôtiste, et syncrétiste », qui en est issue continue à bâtir sa nouvelle religion.

Et pour ne pas être troublé par les excommunications de ces gens-là, excommunications qui n’ont aucune portée catholique, il est bon de relire la Lettre ouverte des supérieurs de la FSSPX au cardinal Gantin, Préfet de la Congrégation des Évêques, du 6 juillet 1988 :

« Éminence,

Réunis autour de leur Supérieur général, les Supérieurs des districts, séminaires et maisons autonomes de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, pensent bon de vous exprimer respectueusement les réflexions suivantes.

Vous avez cru devoir, par votre lettre du 1e juillet passé, faire savoir à Son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre, à Son Excellence Monseigneur Antonio de Castro Mayer et aux quatre évêques qu’ils ont consacrés le 30 juin dernier à Écône, leur excommunication latæ sententiæ. Veuillez vous-mêmes juger de la valeur d’une telle déclaration venant d’une autorité qui, dans son exercice, rompt avec celle de tous ses prédécesseurs jusqu’au pape Pie XII, dans le culte, l’enseignement et le gouvernement de l’Église.

Pour nous, nous sommes en pleine communion avec tous les papes et tous les évêques qui ont précédé le Concile Vatican II, célébrant exactement la messe qu’ils ont codifiée et célébrée, enseignant le catéchisme qu’ils ont composé, nous dressant contre les erreurs qu’ils ont maintes fois condamnées dans leurs encycliques et leurs lettres pastorales. Veuillez donc juger de quel côté se trouve la rupture. Nous sommes extrêmement peinés de l’aveuglement d’esprit et de l’endurcissement de cœur des autorités romaines.

En revanche, nous n’avons jamais voulu appartenir à ce système qui se qualifie lui-même d’Église Conciliaire, et se définit par le Novus Ordo Missæ, l’œcuménisme indifférentiste et la laïcisation de toute la Société. Oui, nous n’avons aucune part, nullam partem habemus, avec le panthéon des religions d’Assise ; notre propre excommunication par un décret de votre Éminence ou d’un autre dicastère n’en serait que la preuve irréfutable. Nous ne demandons pas mieux que d’être déclarés ex communione de l’esprit adultère qui souffle dans l’Église depuis vingt-cinq ans, exclus de la communion impie avec les infidèles. Nous croyons au seul Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec le Père et le Saint-Esprit, et nous serons toujours fidèles à Son unique Épouse, l’Église Une, Sainte, Catholique, Apostolique et Romaine.

Être donc associés publiquement à la sanction qui frappe les six évêques catholiques, défenseurs de la foi dans son intégrité et son intégralité, serait pour nous une marque d’honneur et un signe d’orthodoxie devant les fidèles.Ceux-ci ont en effet, un droit strict à savoir que les prêtres auxquels ils s’adressent ne sont pas de la communion d’une contrefaçon d’Église, évolutive, pentecôtiste, et syncrétiste. Unis à ces fidèles, nous faisons nôtres les paroles du prophète (1 Rois, vii, 3) : Preparate corda vestra Domino et servite Illi Soli : et liberabit vos de manibus inimicorum vestrorum. Convertimini ad Eum in toto corde vestro, et auferte deos alienos de medio vestri.“Attachez fermement votre cœur au Seigneur et servez-le Lui Seul : et Il vous délivrera des mains de vos ennemis. C’est de tout Notre cœur que vous devez revenir à Dieu ; ôtez du milieu de vous les dieux étrangers”

Confiants dans la protection de Celle qui a terrassé toutes les hérésies dans le monde entier, nous vous prions d’agréer, Éminence, l’assurance de notre dévouement à Celui qui est l’unique voie de salut.

A Ecône, le 6 juillet 1988″

Francesca de Villasmundo


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