Le souverain pontife a prorogé la possibilité de confesser pour les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X au-delà de l’Année de la Miséricorde. Cela vous paraît-il une décision importante ? .
Oui, bien sûr, et j’en suis très heureux ! Voilà un geste très pastoral, très miséricordieux, selon moi un des gestes les plus importants du pontificat du pape François, qui aide le processus d’intégration canonique de cette réalité ecclésiale qui existe depuis 50 ans et qui porte des fruits spirituels évidents. Beaucoup de jeunes familles regroupées autour de la Fraternité Saint-Pie X aiment l’Eglise, prient pour le pape, comme le faisaient leurs ancêtres avant eux. L’Eglise contient diverses maisons, diverses spiritualités. Seuls les ecclésiastiques hostiles à la Fraternité lui présentent des exigences exagérées. Jean XXIII comme Paul VI ont toujours insisté sur le caractère pastoral du Concile. Si la Fraternité a des difficultés pour accepter certains documents de Vatican II, il faut replacer cela dans le contexte de l’objectif pastoral du Concile. Le dogme n’a pas changé. Nous avons la même foi. Il n’y a donc pas de problème pour une intégration canonique de la Fraternité Saint-Pie X.
Vous avez été un des hommes d’Eglise envoyés par le Vatican pour visiter des séminaires et des prieurés de la Fraternité. Quelle solution pensez-vous possible à sa position controversée ?
La prélature personnelle est une position très adaptée à la réalité de la Fraternité Saint-Pie X et à sa mission. Je suis convaincu que Mgr Lefebvre aurait accepté volontiers et avec gratitude cette structure ecclésiale officielle, reconnaissance par l’Eglise de l’apostolat mené. Ce ne serait que rendre justice, bien tardivement, à l’injuste suppression de la Fraternité en 1975 de la part du Saint-Siège. À ce moment-là, Mgr Lefebvre a présenté un recours. L’érection d’une prélature serait en quelque sorte accepter le recours canonique de Mgr Lefebvre avec un retard de 40 ans. D’autre part, la Fraternité ne doit pas exiger des garanties à 100 %, ce qui reste irréaliste : nous sommes sur terre, pas au Ciel ! Ce serait un geste qui trahirait un certain manque de confiance en la Providence.
Depuis quelques années, Mgr Schneider apparaît de plus en plus comme un OVNI dans le monde ecclésial. Évêque auxiliaire d’Astana au Kazakhstan, il passe beaucoup de son temps en Europe à visiter les oeuvres « traditionalistes » au sens large. Ces différentes visites européennes semblent lui faire prendre petit à petit conscience de la gravité de la crise de l’Eglise.
C’est ainsi qu’il est l’un des seuls évêques à s’être élevé publiquement et avec vigueur contre l’ignoble Synode sur la famille de 2014 et 2015 suivi la politique de destruction du mariage par le pape François. C’est dans ce contexte qu’il travaille à une reconnaissance canonique de la FSSPX. Si l’intention de Mgr Schneider semble être des meilleures, des éléments semblent encore lui échapper, que traduisent certaines contradictions contenues dans son interview.
- La possibilité de confesser pour les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X n’est en rien « un geste très pastoral très miséricordieux », et pour deux raison : 1 – les confessions dispensées par les prêtres de la FSSPX sont valides et licites vu l’état de nécessité dans la crise actuelle de l’Eglise ; 2 – il n’y a pas de miséricorde à octroyer à quelqu’un quelque chose qu’il possède déjà, surtout quand les notions de miséricorde du pape François en matière de confession sont substantiellement en contradiction avec le dogme catholique.
- si la FSSPX est une « réalité ecclésiale qui existe depuis 50 ans et qui porte des fruits spirituels évidents », c’est donc que son action se situe dans le cadre de l’Eglise et qu’elle est bénie de la providence. Pourquoi Rome continue donc de dire que les mariages célébrés par les prêtres de la FSSPX sont invalides ?
- « Si la Fraternité a des difficultés pour accepter certains documents de Vatican II, il faut replacer cela dans le contexte de l’objectif pastoral du Concile. Le dogme n’a pas changé. » Là est le problème de fond. Tout d’abord la problématique du concile n’est pas de savoir q’il est pastoral ou non, mais de savoir si ce qu’il dit est catholique ou non. Car le fait qu’un concile soit pastoral ne justifie en rien qu’on y trouve des éléments contraires à la Foi. Faire de la pastorale en opposition avec la doctrine, voici qui mène à l’apostasie. Mgr Athanasius Schneider affirme que le « dogme n’a pas changé » : certes, aucune définition dogmatique nouvelle n’est venue contredire le dogme de l’Eglise, cependant, toute la doctrine déversée dans l’Eglise depuis le concile Vatican II est celle d’une nouvelle religion qui a modifié dans sa substance même le corpus doctrinal des catholiques, hiérarchie comprise.
- « La Fraternité ne doit pas exiger des garanties à 100 %, ce qui reste irréaliste : nous sommes sur terre, pas au Ciel ! Ce serait un geste qui trahirait un certain manque de confiance en la Providence. » La Fraternité se doit d’exiger des garanties à 100% justement parce que nous ne sommes pas au Ciel ! Et ses garanties ne sont pas pour elle-même mais pour ceux qui y ont trouvé refuge après la trahison des autorités romaines et de la totalité de la hiérarchie. Et ce n’est pas un manque de confiance en la providence, mais une défiance juste et nécessaire vis à vis d’une hiérarchie qui détruit jour après jour l’Eglise.
En réalité la question n’est pas celle de la FSSPX ; regarder les choses sous cet angle c’est ne pas voir le véritable problème : celui du concile Vatican II. Ses fruits « miraculeux » sont désormais connus, visibles pour tous : liturgie anthropocentrique, Eglise sécularisée, relativisme, abandon de la pratique, séminaires vides et vocations détruites, dogmes niés et oubliés…A quand la remise en cause de ce Concile pour le véritable bien de l’Eglise ? Et d’ailleurs si ce concile n’est que pastoral comme le prétend Mgr Schneider, qu’est-ce qui empêche de le remettre en cause ? A moins qu’il ne soit pastoral que lorsqu’il s’agit d’obtenir un accord suicidaire pour la FSSPX…
La confiance envers Mgr Schneider ne pourra prudemment être de mise, même si nous nous réjouissons de son évolution et que nous le remercions pour ses prises de positions courageuses, que lorsqu’il attaquera frontalement le concile Vatican II, source doctrinale empoisonnée, et qu’il cessera de célébrer la liturgie protestantisée de Paul VI. Car qui ne remonte pas aux causes nous mènera aux même conséquences…
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