Il aura fallu deux coups de feu dans le hall du journal Libération pour que l’émotion gagne la capitale, créant une véritable psychose. On en serait venu à presqu’oublier que la Société Générale a aussi été visée. Il n’y a pas un politique qui n’y est allé de son communiqué, dans l’heure qui a suivi. Rapides les cabinets pour une fois ! La police a été mobilisée pour protéger les sièges de nos plus grands médias. On a parlé de démocratie en danger…

Il y a quelque temps suite à un de mes articles sur la mort d’un soldat du GIGN, quelqu’un m’a rétorqué : « la mort d’un journaliste ne doit jamais être passée sous silence parce que ce n’est pas normal… La démocratie se fonde sur l’information. »  Cela résume bien ce que je dis : les journalistes se prennent pour une catégorie à part sans qui la démocratie s’écroulerait. On en viendrait à oublier que la démocratie est un ensemble et que sans des forces armées, elle ne serait que ruines. On n’a pas manqué de critiquer l’Ancien Régime pour ses classes de privilégiés. Oui souvenez-vous les nobles qui ne payaient pas d’impôts parce qu’ils défendaient la monarchie. Aujourd’hui, on veut nous faire croire que parce que le journaliste informe – vraiment ? – et participe au « débat démocratique », il aurait droit à plus de considération de la part des autorités que la vie d’un autre Français. Je me souviendrai du ton presque méprisant de François Hollande pour annoncer l’enlèvement du Père Vandenbeusch : « il savait que c’était dangereux ». On le dit aussi aux journalistes. Certains se font enlever ou tuer parce qu’ils font vivre leur passion et prennent des risques pour leurs métiers. Est-ce pour autant qu’on les blâme ?

Après tout, cette fusillade n’est qu’un fait divers de plus. Combien ont critiqué le travail de Laurent Obertone, « France Orange Mécanique » parce qu’exagéré selon eux ? La violence au quotidien que vivent certains Français, ne serait que pure manipulation et un mensonge intellectuel. Ce serait l’imagination de l’extrême-droite qui s’en servirait pour critiquer la politique d’immigration.  Il ne faudrait pas tomber dans la peur et la psychose. Vous, les journalistes, laissez les politiques dire que les crimes ne sont que l’œuvre de déséquilibrés, qu’il faut de l’indulgence et ne pas généraliser. Il se trouve qu’un  déséquilibré s’en est pris à vos locaux. Et tout à coup, la donne a changé. Il ne faut pas attendre le petit encart du journal du lendemain pour en être informé. A mon avis, la police va avoir intérêt à être efficace sur ce coup-là car on ne rigole pas avec la sécurité des journalistes. Les autres Français peuvent toujours attendre pour leur propre sécurité, espérant toujours les effets des zones sécuritaires prioritaires de monsieur Valls. Pendant ce temps, madame Taubira ouvre les portes des prisons aux délinquants. Ce n’est pas la priorité. Alors oui, on va me dire : mais il faut que les journalistes soient en vie pour dire ces choses mais alors qu’ils les disent courageusement, qu’ils écoutent les Français !

Messieurs les journalistes, ne vous étonnez plus que vos ventes soient en crise, que des gens vous apostrophent violemment lors de manifestations. Vous leur semblez si lointains. On dirait que vous vivez dans un autre monde, un monde privilégié qui a droit à tous les égards. Les politiques veillent à votre sécurité pendant que des Français sont victimes de l’insécurité. Pourquoi ce traitement de faveur ? Vous faites un beau métier passionnant; alors donnez envie aux gens de vous écouter et de vous lire ! Informez !

 

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