Les dirigeants des affaires publiques et les Pasteurs de
l’Église se montrent obéissants à l’anti-évangile du monde
Chers Fidèles, Laudetur Iesus Christus !
Pour ceux qui participent à la procession réparatrice de ce soir, et en particulier pour les moins jeunes d’entre eux, il semble presque incroyable qu’en quelques décennies, l’Italie ait pu être transformée de manière aussi radicale, effaçant l’héritage du Catholicisme qui l’a rendu grande et prospère entre les Nations. Nous assistons à un processus – apparemment irréversible – d’apostasie de la Foi ; un processus inverse à ce que saint Léon le Grand décrivait en célébrant la solennité des saints Apôtres Pierre et Paul, dans lequel il louait le rôle providentiel de l’Alma Urbe : de maîtresse de l’erreur, Rome est devenue disciple de la Vérité, écrivait le grand Pontife. Aujourd’hui, nous pourrions dire, avec le désarroi des enfants trahis par leur père, que la Rome des Martyrs et des Saints de maîtresse de la Vérité, est devenue un disciple de l’erreur. Car l’apostasie actuelle, qui implique l’autorité civile et religieuse dans une rébellion contre Dieu le Créateur et Rédempteur, n’est pas partie d’en bas, mais d’en haut.
Les dirigeants des affaires publiques et les Pasteurs de l’Église se montrent obéissants à l’anti-évangile du monde, et tandis qu’ils refusent de rendre hommage au Christ Roi et d’obéir à Sa sainte Volonté, ils plient les genoux devant les nouvelles idoles du politiquement correct, brûlent de l’encens au simulacre d’une humanité abrutie par le vice et le péché. Ceux qui aujourd’hui guident le peuple dans les choses temporelles et spirituelles ont pour but non pas le bien commun des citoyens et le salut des âmes des fidèles, mais leur corruption, leur damnation. Et la masse, ayant abandonné la voie de l’honnêteté, de la justice et de la sainteté, s’abandonne à la tromperie, à la corruption et à la révolte infernale contre Dieu.
Ne soyez pas surpris de voir les manifestations obscènes de la Fierté [gay-pride] défiler dans les rues des villes : l’espace que les égarés ont conquis au cours des dernières décennies avait été abandonné bien avant par les Catholiques, dont les clercs considéraient les processions en l’honneur du Saint-Sacrement, de la Sainte Vierge, des Saints Patrons comme des ostentations du « triomphalisme post-tridentin ».
Ne vous étonnez pas de voir le divorce, l’avortement, l’euthanasie, les unions sodomitiques et tout le pire qu’une humanité déviée et folle est capable de légaliser : si cela s’est produit, c’est parce qu’on a dit aux Catholiques qu’ils ne pouvaient pas imposer leur propre vision du monde et de la société, et qu’ils devraient cohabiter, au nom de la démocratie et de la liberté, avec les ennemis du Christ. Et ce fut une tromperie, parce que la tolérance qu’ils exigeaient de la majorité chrétienne du pays n’est plus autorisée, et tout le monde doit se soumettre à la dictature de la pensée unique, à l’idéologie du genre, à la doctrine LGBTQ. Vous rappelez-vous ? Le mariage n’a pas été remis en question, mais on demandait d’accepter les unions de fait. Et une fois que la légitimité a été donnée aux pacs, la porte a été ouverte au mariage homosexuel, aux adoptions pour les couples de même sexe, à la maternité de substitution, à l’avortement postnatal, à l’euthanasie imposée dans certains pays aussi aux jeunes et aux pauvres.
Scelesta turba clamitat : Regnare Christum nolumus, nous chantons dans l’hymne Te sæculorum Principem de la fête du Christ Roi. La populace délirante crie : Nous ne voulons pas que le Christ règne. Ce cri infernal, inspiré par Satan, est peut-être la seule chose honnête qu’ils savent dire. Et c’est vrai : dans le Royaume social du Christ, il n’y a pas de place pour le vice, il ne peut y avoir de légitimité pour le péché, ni de tolérance pour la corruption des jeunes. Nos adversaires savent bien que la Civitas Dei et la civitas diaboli sont ennemies, et que toute coexistence est non seulement impossible, mais impensable et absurde, puisque la société chrétienne est antithétique et inconciliable avec la société « laïque ».
Vous êtes venus témoigner publiquement de la Foi, avec l’intention de réparer les sacrilèges et les blasphèmes de la scelesta turba contre Jésus-Christ et contre Sa Très Sainte Mère. Parce que face à la haine cruelle et obscène de ces âmes rebelles, nous devons suivre l’exemple du Seigneur, outragé par ses bourreaux au moment où Il se sacrifiait sur la Croix pour leur salut. C’est en effet le Christ lui-même, avec son Incarnation, sa Passion et sa Mort, qui a le premier réparé les péchés infinis des hommes envers le Père éternel. Car seul un Dieu pouvait expier la désobéissance à Dieu, et seul un Homme pouvait offrir cette réparation au nom de l’humanité. Et nous aussi, membres vivants du Corps mystique du Christ qui est la Sainte Église, nous pouvons et devons réparer les offenses et les péchés de nos semblables avec le même esprit, avec la même obéissance, avec le même abandon confiant au Père.
Et tandis que nous regardons avec tristesse la multitude de péchés érigés comme modèle à imiter par une société qui est contre l’homme précisément parce qu’elle est contre Dieu, le devoir de la Charité nous oblige à prier pour ceux qui se sont laissés séduire par la tromperie du Serpent, afin qu’ils puissent se convertir et se repentir. Le monde inclusif qu’ils vous ont promis ; la liberté supposée d’être et de faire ce que vous voulez indépendamment de la Loi du Seigneur ; la licence et le vice célébrés et la vertu moquée et discréditée sont des mensonges, tout comme était un mensonge la promesse d’être comme des dieux, que Satan a fait à nos premiers parents dans le paradis terrestre.
Je m’adresse à ceux qui participent à ces manifestations de la soi-disant « gay pride ». Non : vous ne serez pas comme des dieux, mais comme des bêtes. Vous n’aurez pas le bonheur, mais la douleur, la maladie, la mort : la mort éternelle. Vous n’aurez pas la paix, mais la discorde, les querelles et les guerres. Vous n’aurez pas la prospérité, mais la pauvreté. Vous ne serez pas libres, mais esclaves. Et cela se produira indéfectiblement parce que le Menteur est homicide depuis le début, et veut votre mort, effaçant à vos yeux l’image de Dieu, vous volant cette éternité bienheureuse qu’il a perdue le premier avec sa propre rébellion. Parce que le premier à pécher d’orgueil fut Lucifer lui-même, avec son Non serviam, je ne me plierai pas, je ne m’inclinerai pas devant Dieu, je n’accepterai pas de Le reconnaître comme mon Seigneur et Créateur. Comment pouvez-vous espérer que celui qui déteste l’Auteur de la vie puisse vous aimer, vous les créatures ? Comment pouvez-vous croire que celui qui a été condamné à la damnation éternelle soit capable de vous promettre cette béatitude éternelle dont il a été le premier à être privé à jamais ?
Cette procession ne doit pas être une occasion de confrontation, mais une occasion de montrer aux nombreuses personnes trompées par le Malin qu’il existe un peuple animé par des sentiments de Foi et de Charité, qui avec générosité et avec un regard surnaturel offre ses prières, ses jeûnes, ses sacrifices pour implorer le pardon des péchés de leurs frères. La charité, fondée sur l’immuable Vérité de Dieu, est une arme formidable contre Satan et un instrument infaillible pour convertir le monde et ramener de nombreuses âmes au Seigneur. Les ramener à Celui qui a versé son Sang aussi pour eux, par amour. Par un amour infini, irrévocable, un amour qui a vaincu le monde, un amour qui déplace des montagnes, qui donne un sens à notre vie, qui ne frustre pas notre existence.
Lorsque nous voyons l’image du Sauveur cloué sur la Croix et que nous pensons aux tourments qu’Il a subis pour nous racheter et nous sauver, nous ne pouvons pas rester insensibles, tout comme les païens, les idolâtres, les pécheurs des siècles passés ne sont pas restés insensibles. Les sociétés corrompues dans l’intellect et la volonté, dédiées aux pires vices, piégées par de fausses religions, ont été conquises par cet amour – en fait : par cette Charité – qui a conduit les martyrs même enfants, les femmes et les personnes âgées à ne pas réagir contre leurs bourreaux, afin de ne pas échouer dans l’amour de Dieu. Combien se sont convertis en voyant des chrétiens mourir dans la dignité, persécutés pour leur foi ! Combien ont été baptisés devant l’exemple des chrétiens et la simple Vérité de l’Évangile !
Faisons donc cette réparation. Faisons-la avec un esprit surnaturel, et avec la persuasion que c’est précisément dans l’humble suite du Christ sur le chemin du Calvaire que nous pourrons conduire à Lui tant d’âmes qui sont loin aujourd’hui. Et plus nous voyons le déchaînement des puissances du Mal, plus nous persévérons dans le Bien, dans la certitude de la victoire du Christ, unique et vraie Lumière du monde, sur les ténèbres du péché et de la mort.
Demandons avec une confiance filiale que le Saint-Esprit insuffle Sa Sainte Grâce aux pécheurs, touche leur cœur, éclaire leur esprit, stimule leur volonté. Afin que ceux qui ont été jusqu’à présent des maîtres de l’erreur et des exemples de péché puissent, avec l’aide et la miséricorde de Dieu et avec l’intercession de sa Très Sainte Mère et de notre Mère, être des disciples de la vérité et un exemple de vertu. Et qu’il en soit ainsi.
+ Carlo Maria Viganò, Archevêque
Reggio Emilia le 2 juillet 2022
©Traduction pour MPI de F. de Villasmundo relue et corrigée par Mgr Viganò
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