De la férie : messe du 3ème dimanche après Pâques
Sanctoral
Saint Jean devant la Porte Latine
Notre-Seigneur avait promis à Jacques et à Jean, fils de Zébédée, qu’ils boiraient le calice de sa passion afin de pouvoir participer au triomphe de sa résurrection. La tradition veut que l’Apôtre Jean ait été amené à Rome sous l’empereur Domitien et que, plongé dans une chaudière d’huile bouillante, il en soit miraculeusement sorti sain et sauf. La basilique de Saint-Jean-devant la Porte-Latine remonte au début du VIe siècle et l’anniversaire de sa dédicace est attesté par le sacramentaire grégorien. La date fut peut-être choisie en relation avec une fête orientale préexistante. Les Syriens fêtent saint Jean le 7 mai et les Byzantins le 8.
Jean, le disciple bien-aimé, reparaît en ce jour sur le Cycle pour faire sa cour au glorieux triomphateur de la mort et de l’enfer. Couvert de la pourpre du martyre, il marche d’un pas égal avec Philippe et Jacques, dont la double palme a réjoui nos regards au début de ce mois si fécond en héros. Dans son ambition maternelle, Salomé avait un jour présenté ses deux fils à Jésus, demandant pour eux les deux premières places de son royaume. Le Sauveur avait alors parlé du calice qu’il devait boire, et prédit qu’un jour ces deux disciples le boiraient à leur tour. L’aîné, Jacques le Majeur, a le premier donné à son Maître cette marque de son amour ; nous célébrerons sa victoire sous le signe du Lion ; Jean, le plus jeune, a été appelé aujourd’hui à sceller de sa vie le témoignage qu’il a rendu à la divinité de Jésus. Mais il fallait au martyre d’un tel Apôtre un théâtre digne de lui. L’Asie-Mineure, évangélisée par ses soins, n’était pas une contrée assez illustre pour porter dignement la gloire d’un tel combat. Home seule, Rome où Pierre a déjà transféré sa chaire et répandu son sang, où Paul a courbé sous le glaive sa tête vénérable, méritait l’honneur de voir dans ses murs l’auguste vieillard, le disciple que Jésus aima, le dernier survivant du Collège apostolique, s’avancer vers le martyre avec cette majesté et cette douceur qui forment le caractère de ce vétéran de l’Apostolat. Domitien régnait en tyran sur Rome et sur le monde. Soit que Jean ait entrepris librement le voyage de la cité reine pour y saluer l’Église principale, soit qu’un édit impérial ait amené chargé de chaînes dans la capitale de l’empire l’auguste fondateur des sept Églises de l’Asie-Mineure, Jean a comparu en présence des faisceaux de la justice romaine. Il est convaincu d’avoir propagé dans une vaste province de l’empire le culte d’un Juif crucifié sous Ponce-Pilate. Il doit périr ; et la sentence porte qu’un supplice honteux et cruel débarrassera l’Asie d’un vieillard superstitieux et rebelle. S’il a su échapper à Néron, du moins il ne fuira pas la vengeance du césar Domitien. En face de la Porte Latine, une chaudière remplie d’huile brûlante a été préparée ; un ardent brasier fait bouillonner dans le vase immense la liqueur homicide. L’arrêt porte que le prédicateur du Christ doit être plongé dans ce bain affreux. Le moment est donc arrivé où le fils de Salomé va participer au calice de son Maître. Le cœur de Jean tressaille de bonheur à la pensée que lui, le plus aimé et cependant le seul des Apôtres qui n’ait pas souffert la mort pour ce Maître divin, est enfin appelé à lui donner ce témoignage de son amour. Après une cruelle flagellation, les bourreaux saisissent le vieillard, ils le plongent avec barbarie dans la chaudière mortelle ; mais, ô prodige ! L’huile brûlante a perdu tout à coup ses ardeurs ; aucune souffrance ne se fait sentir aux membres épuisés de l’Apôtre ; bien plus, lorsqu’on l’enlève enfin de la chaudière impuissante, il a recouvré toute la vigueur que les années lui avaient enlevée. La cruauté du Prétoire est vaincue, et Jean, martyr de désir, est conservé à l’Église pour quelques années encore. Un décret impérial l’exile dans l’île sauvage de Pathmos, où le ciel doit lui manifester les futures destinées du christianisme jusqu’à la fin des temps.
Saint Dominique Savio, Confesseur (1842-1857)
Saint Dominique Savio naquit à Riva di Chieri, près de Turin. Il était le deuxième d’une famille de dix enfants. Doué d’une tendre piété et d’une intelligence précoce, dès l’âge de quatre ans Dominique récite l’Angélus trois fois par jour; le récit de la Passion le bouleverse. A cinq ans, il assiste à la sainte messe qu’il est admis à servir avant d’avoir atteint ses six ans. Il s’acquittera toujours de cette pieuse fonction avec un grand recueillement. Sa ferveur exceptionnelle lui valut la grâce de recevoir la Sainte Eucharistie dès l’âge de sept ans, contrairement aux habitudes de l’époque. Le jour de sa première communion, il écrivit une série de résolutions qu’il voulait garder toute sa vie: «Je sanctifierai tous les jours de fête; je me confesserai souvent et je communierai aussi souvent que mon confesseur me le permettra; Jésus et Marie seront mes amis. Je préfère mourir plutôt que de pécher.» Dans l’espoir de devenir prêtre plus tard, le petit Dominique franchit, pieds nus, seize kilomètres par jour pour aller s’instruire. La grande pauvreté de sa famille incite le curé de sa paroisse à le conduire chez Don Bosco qui prendra un soin tout paternel de cette âme d’élite. C’est en octobre 1854, à l’âge de douze ans et demi que Dominique fut présenté au saint prêtre de Turin. L’adolescent lui ouvrit son âme toute grande, surtout par la confession hebdomadaire. Le 8 décembre 1854, alors que l’univers chrétien tout entier acclamait la Sainte Vierge, proclamée Immaculée, Dominique Lui dédiait toute sa vie et Lui consacrait particulièrement sa pureté d’adolescent. L’amour de la pureté poussait notre jeune Saint à bannir de l’institut de Don Bosco tout ce qui pouvait nuire à la belle vertu. Au printemps 1855, l’appel à la sainteté retentit dans l’âme angélique de Dominique: «Dieu me veut saint!», répétait-il à Don Bosco. Cherchant à ressembler à Jésus en Son mystère de souffrance, envahi de plus en plus par l’amour de Jésus rédempteur, il s’ingénie au sacrifice et fonce dans la voie des pénitences extraordinaires. «Non, objecte Don Bosco; ton devoir d’étudiant, la joie permanente au service des autres, voilà ta sainteté.» Dominique obéit de bon coeur à cette formule d’ascèse toute salésienne. Chaque jour, il rencontre Jésus dans l’Eucharistie. On se rend vite compte que ses actions de grâces sont de purs ravissements. Lorsqu’il propose la fondation de la Compagnie de l’Immaculée, ses compagnons lui demandent ce qu’ils auront à faire: «D’abord, explique le petit Saint, nous aimerons la Sainte Vierge de tout notre coeur. Nous Lui demanderons aussi de nous protéger pendant la vie et surtout à l’heure de la mort. Enfin, chaque fois qu’il y aura une de Ses fêtes, on fera tout son possible pour la rendre belle et on communiera.» Les durs hivers de Turin achevèrent de détériorer sa santé qui n’avait jamais été brillante; elle chancela grièvement au début de l’année 1857. Malgré le courage et la joie héroïque de Dominique, il dut interrompre sa classe de seconde et rentrer dans sa famille à Mondonio pour tenter d’y refaire ses forces. Hélas! Huit jours après son arrivée à la maison, il expirait dans les bras de son père le 9 mars . Dominique avait 14 ans et 11 mois.
Le pape Pie XI signe, le 9 juillet 1933, le décret reconnaissant l’héroïcité des vertus du jeune Dominique Savio, le déclarant dès lors Serviteur de Dieu. Au terme d’un premier procès en béatification (d’une durée de 17 ans), le pape Pie XII le déclare Bienheureux le 5 mars 1950, et, le 12 juin 1954, au terme de son procès de canonisation (qui dura encore 4 ans), le proclame solennellement saint. Dans la bulle pontificale de canonisation, le pape déclare également Dominique Savio saint patron des jeunes, notamment des enfants et des adolescents
Martyrologe
A Damas, l’anniversaire du bienheureux Jean Damascène prêtre, confesseur et docteur de l’église, illustre par sa science et sa sainteté. Par la parole et par ses écrits, il combattit vigoureusement Léon l’Isaurien pour soutenir le culte des saintes images. Sur l’ordre de cet empereur et, à la suite de calomnies, le prince des Sarrasins lui fit couper la main droite, mais Jean s’étant recommandé à la bienheureuse Vierge Marie, dont il avait défendu les images, recouvra aussitôt sa main saine et entière. Sa fête se célèbre le 6 des calendes d’Avril (27 mars).
A Rome, saint Jean, apôtre et évangéliste, devant la Porte Latine. Par ordre de Domitien, il fut amené, chargé de chaines, d’Ephèse à Rome, et, par jugement du Sénat, plongé, devant cette même porte, dans une chaudière d’huile bouillante; mais il en sortit plus sain et plus robuste qu’il n’y était entré.
A Cyrène, en Libye, saint Lucius évêque, dont saint Luc fait mention dans les Actes des Apôtres.
A Antioche, saint Evode. Comme l’écrit le bienheureux Ignace aux fidèles d’Antioche, Evode, ordonné premier évêque de cette ville par l’apôtre saint Pierre, y termina sa vie par un glorieux martyre.
En Afrique, les saints martyrs Héliodore et Vénuste, avec soixante quinze autres.
A Chypre, saint Théodote, évêque de Cyrénie. Après avoir beaucoup souffert sous l’empereur Licinius, il rendit son esprit à Dieu, la paix ayant enfin été rendue à l’église.
A Carrhes, en Mésopotamie, saint Protogène, évêque et confesseur.
En Angleterre, saint Eadbert, évêque de Lindisfarne, célèbre par sa science et sa piété.
A Rome, sainte Benoîte vierge.
A Salerne, la translation de saint Matthieu, apôtre et évangéliste. Son saint corps transféré autrefois d’Ethiopie en diverses provinces, fut enfin apporté dans cette ville et déposé avec de grands honneurs dans l’église consacrée sous son nom.
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