De la férie : messe du mercredi de la deuxième semaine de Carême
La Station est dans la basilique de Sainte-Cécile. Ce temple auguste, l’un des plus vénérables de Rome, fut autrefois la maison de l’illustre Vierge et Martyre dont il porte le nom. Le corps de sainte Cécile y repose sous l’autel majeur, avec ceux des saints Valérien, Tiburce et Maxime, et des pontifes martyrs Urbain et Lucius. Ce cri, poussé vers le ciel en faveur d’un peuple condamné à périr tout entier, représente les supplications des justes de l’Ancien Testament pour le salut du monde. Le genre humain était en butte à la rage de l’ennemi infernal figuré par Aman. Le Roi des siècles avait prononcé l’arrêt fatal : Vous mourrez de mort. Qui pouvait désormais faire révoquer la sentence ? Esther l’osa auprès d’Assuérus, et elle fut écoutée. Marie s’est présentée devant le trône de l’Eternel ; et c’est elle qui, par son Fils divin, écrase la tête du serpent auquel nous devions être livrés. L’arrêt sera donc annulé, et nul ne mourra, si ce n’est ceux qui voudront mourir. L’Église aujourd’hui, émue des dangers auxquels est en proie un si grand nombre de ses enfants, qui si longtemps ont vécu dans le poché, intercède pour eux, en empruntant la prière de Mardochée. Elle supplie son Époux de se rappeler qu’autrefois il les tira de la terre d’Égypte ; qu’ils sont devenus par le baptême les membres de Jésus-Christ, l’héritage du Seigneur. Elle le conjure de remplacer leur deuil par les joies pascales, et de ne pas fermer par la mort ces bouches trop souvent coupables, mais qui aujourd’hui ne s’ouvrent que pour demander grâce, et qui, lorsque le pardon sera descendu, éclateront en cantiques de reconnaissance envers le divin libérateur. Le voici devant nous celui qui s’est dévoué pour apaiser la colère du Roi des siècles et pour sauver son peuple de la mort. C’est lui, le fils de la nouvelle Esther et aussi le Fils de Dieu, qui s’approche pour briser l’orgueil d’Aman, au moment même où ce perfide croit triompher. Il se dirige vers Jérusalem, car c’est là que doit se donner le grand combat. Il avertit ses disciples de tout ce qui va se passer. Il sera livré aux princes des prêtres, qui le déclareront digne de mort ; ceux-ci le mettront au pouvoir du gouverneur et des soldats romains. Il sera couvert d’opprobres, flagellé et crucifié ; mais, le troisième jour, il ressuscitera glorieux. Les Apôtres entendirent tous cette prophétie que Jésus leur fit, les ayant tirés à part ; car l’Évangile nous dit que ce fut aux douze qu’il parla. Judas était présent, et aussi Pierre, Jacques et Jean, que la transfiguration de leur Maitre sur le Thabor avait mieux instruits que les autres de la sublime dignité qui résidait en lui. Et cependant tous l’abandonnèrent. Judas le vendit, Pierre le renia, et la terreur dispersa le troupeau tout entier, lorsque le Pasteur fut en butte à la violence de ses ennemis. Nul ne se souvint qu’il avait annoncé sa résurrection pour le troisième jour, si ce n’est peut-être Judas, que cette pensée rassura, quand une basse cupidité lui fit commettre la trahison. Tous les autres ne virent que le scandale de la croix ; et c’en fut assez pour éteindre leur foi et pour les faire rompre avec leur Maître. Quelle leçon pour les chrétiens de tous les siècles ! Combien elle est rare, cette estime de la croix qui la fait considérer, pour soi-même et pour les autres, comme le sceau de la prédilection divine ! Hommes de peu de foi, nous nous scandalisons des épreuves de nos frères, et nous sommes tentés de croire que Dieu les a abandonnés parce qu’il les afflige ; hommes de peu d’amour, la tribulation de ce monde nous semble un mal, et nous regardons comme une dureté de la part du Seigneur ce qui est pour nous le comble de sa miséricorde. Nous sommes semblables à la mère des fils de Zébédée : il nous faut près du Fils de Dieu une place glorieuse, apparente, et nous oublions que, pour la mériter, il faut boire le calice qu’il a bu lui-même, le calice de la Passion. Nous oublions aussi la parole de l’Apôtre, « que pour entrer en part avec Jésus dans sa gloire, il faut avoir goûté à ses souffrances » ! Le Juste n’est point entré dans son repos par les honneurs et parles délices ; le pécheur ne l’y suivra point sans avoir traversé la voie de l’expiation.
Sanctoral
Saint Gabriel de l’Addolorata, Confesseur, Passioniste
François Possenti naît à Assise (PG) le 1er mars 1838, onzième des treize enfants. Son père Sante est gouverneur dans les États Pontificaux, sa mère Agnès Frisciotti est une dame noble de Civitanova Marche, qui malheureusement meurt à 42 ans laissant François encore bébé. La famille est obligée de se déplacer plusieurs fois à cause du travail du père avec ce que cela occasionne comme déracinement et malaises. En 1841 Sante est nommé assesseur de Spoleto. La famille accède à un niveau social élevé et vit dans la crainte de Dieu. Chaque soir, on récite le saint rosaire. Les souffrances ne manquent pas. Des treize enfants, il n’en reste que huit. Mais tout cela est loin d’affaiblir le caractère vivace et joyeux de François. À treize ans il commence les études au lycée des Jésuites. C’est un étudiant brillant ; il réussit dans toutes les matières et particulièrement en littérature. Il décroche prix et mérites. Il s’habille de manière élégante, est sûr de lui-même et s’adonne à des plaisanteries spirituelles. Il produit des caricatures de ses compagnons de classe. Il aime les fêtes et la danse, mais il reste bon. On raconte qu’il aurait poursuivi en le menaçant un de ses amis qui lui avait fait on ne sait quelle mauvaise avance. Pour obtenir la (grâce de la) guérison d’une grave affection à la gorge, il promet de s’enfermer au couvent et il a tenté de le faire. Mais l’attraction de la vie sans soucis et les appels du monde l’ont toujours dévié. Même son père Sante n’était pas du tout content. Une vie apparemment exemplaire qui concilie poliment le monde et Dieu. Mais il n’en est pas ainsi. Quiconque ne rassemble pas avec moi disperse, dit le Seigneur, et les talents ne peuvent pas être enfouis sans culpabilité. Que des fois il se sent dire : « Je n’ai pas besoin d’aller à l’église ou de prendre part à quelque groupe que ce soit. Je ne fais de tort à personne, j’accomplis consciemment mon travail ». Mais il n’y a pas de sainteté sans projet, fruit d’une décision. Cette décision, François l’a prise le 22 août 1856, quand la Madonne de l’image portée en procession lui dit : « Cecchino que fais-tu dans le monde ? La vie religieuse t’attend ». La Vierge, à la dévotion de laquelle il avait été éduqué en famille, l’accompagnera toujours. Il s’appellera Gabriel de la Mère des Douleurs, en l’honneur de Marie. Elle sera le secret de sa rapide ascension spirituelle en six ans seulement ; ce qui fera dire à son compagnon du noviciat, le Bienheureux Bernard Silvestrelli : « Ce garçon nous a volé notre passé ». C’est bien là un axiome de la mariologie montfortaine : Marie est la voie la plus courte pour arriver à Jésus. Saint Gabriel est connu précisément pour son amour extraordinaire pour Marie Mère des Douleurs, « son Paradis ». Le prénom pris en endossant l’habit religieux devient un programme de vie. Gabriel a appris à contempler la passion de Jésus dans le cœur douloureux de Marie et à contempler les douleurs de Marie dans le cœur transpercé du Christ. De la même manière qu’il a fait le vœu d’aimer et faire aimer Jésus-Crucifié, de même il fait le vœu d’aimer et faire aimer Marie, Mère des Douleurs. L’amour de Gabriel pour Marie Mère des Douleurs fut un amour concret. Il avait promis de ne jamais dire non lorsqu’on lui faisait une requête, par amour pour Marie. Dans les épreuves et les tentations, il répétait : « Ne voudras-tu pas te vaincre par amour pour Marie ? ». C’était l’arme qui lui faisait surmonter toutes les difficultés. À cela, Gabriel ajoute une intense vie de prière et une lutte acharnée contre toute forme de péché. On raconte souvent l’épisode dans lequel Gabriel surveille avec anxiété son directeur, le vénérable P. Norbert Cassinelli et le supplie de lui dire s’il voit en lui quelque péché car, dit-il : « je veux l’arracher à tout prix de ma vie » et il accompagne son intention d’un grand geste de la main. Sa course vers la sainteté ne lui pèse pas ; il est toujours serein et joyeux. De Morrovalle il écrivait à son père : « Ma vie est un continuel jouir. La joie que j’éprouve en vivant dans cette maison est presque indicible ». Pourtant, sa vie fut une continuelle épreuve : mais quand il y a l’amour, même la croix se transforme en joie. Où se trouve le secret de sa sainteté ? « Qu’a-t-il fait d’extraordinaire ? », se demandaient ses confrères, face à tant de miracles. Son saint directeur disait : « Gabriel a travaillé avec son cœur ». Il a toujours dit “si” à Dieu, c’est le saint du quotidien, le saint des petites choses. Il accepte sereinement sa maladie, la tuberculose, qui aura raison de lui à 24 ans. Il meurt dans une extase paradisiaque en priant : « Ma Mère, fais vite ». C’est le 27 février 1862, à l’aube, réconforté par la vision de la Madonne qu’il avait tant aimée.
Saint Romain († 460) et saint Lupicin († 480), Abbés de Condat
Saint Romain et saint Lupicin naquirent d’une honnête famille, vers la fin du IVème siècle, dans le diocèse actuel de Belley ; ce dont donc deux saints français. La jeunesse de Romain demeura pure de toute corruption du siècle. Après s’être mis quelques temps sous la conduite d’un saint abbé, qui lui fit étudier sérieusement la vie cénobitique, il se retira, âgé de trente-cinq ans, à Condat, dans les forêts du Jura, où il mena la vie des anciens anachorètes, au milieu des bêtes féroces, et oublié du monde, qu’il avait oublié le premier. Mais ce n’était là, dans les desseins de Dieu, qu’une préparation : la vocation de Romain, c’était de fonder des monastères où l’on verrait fleurir toutes les merveilles de sainteté accomplies depuis plus de deux siècles dans les déserts d’Orient. Le premier de ses disciples fut son frère Lupicin. Dieu avait donné aux deux frères des caractères fort différents ; autant Romain était doux et indulgent, autant Lupicin était ferme et rigide, et on eût pu l’accuser d’excès, s’il n’avait encore été plus dur pour lui que pour les autres. Chez les deux Saints, ces divergences étaient toujours, chose étonnante, accompagnées d’une parfaite union. Si Lupicin avait paru dépasser la mesure, Romain était là pour tout concilier ; s’il était besoin d’un coup d’énergie, Romain avait recours à Lupicin, dont le bras de fer brisait tout obstacle. Une année que les récoltes avaient été très abondantes, les religieux se relâchèrent de leur abstinence et ne se rendirent point aux douces observations de Romain. Le saint abbé confia l’affaire à son frère, qui ne fit servir à la communauté, pendant un certain temps, que de la bouillie d’orge sans apprêt. Douze moines quittèrent le monastère, les autres retrouvèrent leur ferveur. Romain pleura ses douze religieux et se plaignit à son frère ; il versa tant de larmes et fit tant de prières, que les douze fugitifs revinrent et menèrent une vie austère et pleine d’édification. Un des plus anciens religieux lui reprocha un jour de recevoir trop facilement tous les sujets qui se présentaient, au risque de n’avoir plus de place pour accueillir les sujets d’élite : « Mon frère, lui dit le Saint, Dieu seul discerne le fond des cœurs, confions-nous en Lui. Accueillons toutes ces brebis que nous envoie le divin Pasteur, et, par notre zèle, conduisons-les avec nous aux portes du Paradis. »
Bienheureux Zacharie d’Alemquer, Confesseur, Premier Ordre Franciscain
Au moment où saint François se rendait à Rome pour demander au vicaire du Christ de lui accorder l’autorité et la bénédiction de prêcher l’Évangile aux infidèles, un jeune Romain se présenta au saint et demanda instamment d’être admis dans l’ordre. Saint François le reçut et lui donna le nom de frère Zacharie. Zacharie se distinguait dans l’ordre par sa profonde piété et son amour ardent pour Dieu et pour son prochain. Le saint Fondateur le considérait donc capable et digne de répandre l’ordre dans d’autres pays. Lorsqu’il fut suffisamment formé à la vie religieuse et eut reçu le saint sacerdoce, il fut envoyé en Espagne avec plusieurs autres frères. Il ne trouva cependant pas d’occasion favorable pour fonder un nouveau couvent. La bande de frères a donc continué son voyage vers le Portugal. Là, ils réussirent, bien qu’après avoir surmonté bien des obstacles, à fonder des couvents à Coimbra, à Lisbonne et aussi à Alemquer, où le père Zacharie résida et mourut comme Gardien. La puissance de ses prières était remarquable. Autrefois, il n’y avait pas de nourriture au couvent. Néanmoins, à l’heure du repas, il ordonna à tous les frères de se mettre à table en toute confiance. Puis il s’agenouilla en prière devant un crucifix, et bientôt apparut à la porte du couvent un charmant jeune homme qui apportait autant de belles miches de pain blanc qu’il y avait de religieux dans le couvent pour leur repas. Une autre fois, un homme est venu voir le gardien et lui a dit qu’il avait des doutes sur la présence réelle dans le Saint-Sacrement et qu’il était incapable de les surmonter. Zacharie lui a donné des instructions, mais cela n’a servi à rien. Puis il demanda à l’homme d’assister à la messe qu’il devait dire le lendemain matin. En réponse à la pieuse prière de son fidèle serviteur, Notre-Seigneur a daigné se montrer à l’homme qui doutait comme la victime sacrificielle, dès la consécration à la communion, après quoi tous ses doutes s’évanouissaient. Zacharie fut glorifié par Dieu à travers de nombreux autres miracles et l’Ordre franciscain continua à se répandre dans tout le Portugal.
Bienheureux Jérémie de Valachie, Frère mineur capucin
Né en Roumanie le 29 juin 1556, il rêve de se rendre en Italie, car pour lui, c’est là que se trouve les meilleurs chrétiens1. Ses parents le laissent partir quand il a 19 ans. Lors du carême 1578. Il fait la rencontre des frères mineurs capucins et décide de postuler pour rejoindre l’ordre mais sa demande est rejetée à deux reprises par le ministre provincial, c’est seulement à sa troisième demande qu’il est accepté3. Le 8 mai 1579, il est admis au noviciat des frères capucins de Naples où il reçoit le nom de Jérémie. Après avoir émis ses vœux religieux un an plus tard, il est nommé dans un certain nombre de couvents de la province. En 1585, Jérémie est affecté à l’infirmerie du monastère de Sant’Eframo Nuovo de Naples où il passe le reste de sa vie. Là, il s’occupe des frères malades de la communauté, ainsi que des pauvres et des malades de la ville. Il semble né pour cette tâche et un nombre croissant de personnes font appel à son extraordinaire compassion. Quand il n’est pas auprès des pauvres, il est dans les cellules et les chambres des malades, il soigne les lépreux, pour qui il confectionne une préparation à base de plantes pour couvrir la puanteur de leur chair en décomposition. Il s’occupe aussi des aliénés. Il collecte de la nourriture et des vêtements, et personne ne sait ce qu’il mange, car sa ration de pain et de légumes nourrit toujours quelqu’un d’autre. Il accompagne tout cela de longues prières, particulièrement le Pater noster et le Salve Regina. Des guérisons miraculeuses commencent à être associées à ses soins et à ses prières. Le 14 août 1608, il confie à un frère avoir eu une vision de la sainte Vierge. Il contracte une pleuropneumonie et en meurt le 5 mars 1625. Le 14 octobre 1947, il est déclaré serviteur de Dieu par le pape Pie XII, reconnu vénérable par Jean XXIII le 18 décembre 1959.
Martyrologe
A Rome, l’anniversaire des saints martyrs Macaire, Rufin, Just et Théophile.
A Alexandrie, la passion des saints Céréale, Pupule, Caïus et Sérapion.
En la même ville, la commémoraison des saints prêtres, diacres et d’un grand nombre d’autres qui, au temps de l’empereur Valérien, alors que sévissait une terrible peste, se dévouèrent au service des malades et affrontèrent volontiers la mort. La piété des fidèles introduisit la coutume de les honorer comme des martyrs.
A Rome, saint Hilaire, pape et confesseur.
Dans le Lyonnais, sur les montagnes du Jura, la mise au tombeau de saint Romain abbé. Le premier à mener dans ce désert la vie érémitique, il se rendit célèbre par ses vertus et ses miracles sans nombre, et devint dans la suite le père d’un grand nombre de moines.
A Pavie, la translation du corps de saint Augustin évêque, confesseur et docteur de l’église. Il fut apporté de l’île de Sardaigne par les soins de Luitprand, roi des Lombards.
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