De la férie : messe du mercredi de la quatrième semaine de Carême
Ce jour est la Férie du Grand-Scrutin, parce que, dans l’Église de Rome, après les informations et examens nécessaires, on y consommait l’admission du plus grand nombre des Catéchumènes au Baptême. La Station se tenait dans la Basilique de Saint-Paul-hors-les-murs, tant à cause de la vaste étendue de cet édifice, que pour faire hommage à l’Apôtre de la Gentilité des nouvelles recrues que l’Église se disposait à faire au sein du paganisme.
Les fidèles et les aspirants au Baptême étant réunis dans la Basilique vers l’heure de midi, on recueillait d’abord les noms de ces derniers ; et un acolyte les faisait ranger avec ordre devant le peuple, plaçant les hommes à droite, et les femmes à gauche. Un prêtre récitait ensuite sur chacun d’eux l’Oraison qui les faisait Catéchumènes ; car c’est improprement et par anticipation que nous leur avons jusqu’ici donné ce nom. Il les marquait d’abord du signe de la croix au front, et leur imposait la main sur la tête. Il bénissait ensuite le sel, qui signifie la Sagesse, et le faisait goûter à chacun d’eux. Après ces cérémonies préliminaires, on les faisait sortir tous de l’église, et ils demeuraient sous le portique extérieur, jusqu’à ce qu’on les rappelât. Après leur départ, l’assemblée des fidèles étant demeurée dans l’église, on commençait l’Introït, qui est compose des paroles du Prophète Ézéchiel, dans lesquelles le Seigneur annonce qu’il réunira ses élus de toutes les nations, et qu’il répandra sur eux une eau purifiante pour laver toutes leurs souillures. L’acolyte rappelait ensuite tous les Catéchumènes par leur nom, et ils étaient introduits par le portier. On les rangeait de nouveau selon la différence des sexes, et les parrains et marraines se tenaient auprès d’eux. Le Pontife chantait alors la Collecte, après laquelle, sur l’invitation du diacre, les parrains et marraines traçaient le signe de la croix sur le front de chacun des aspirants qu’ils devaient cautionner à l’Église. Des acolytes les suivaient, et prononçaient les exorcismes sur chacun des élus, en commençant par les hommes, et passant ensuite aux femmes.
Un lecteur lisait ensuite la Leçon du Prophète Ézéchiel que l’on verra ci-après. Elle était suivie d’un premier Graduel composé de ces paroles de David : « Venez, mes enfants, écoutez-moi ; je vous enseignerai la crainte du Seigneur. Approchez de lui, et vous serez illuminés, et vos visages ne seront point dans la confusion. » Dans la Collecte qui suivait cette Leçon, on demandait pour les fidèles les fruits du jeûne quadragésimal. et cette prière était suivie d’une seconde Leçon du Prophète Isaïe, qui annonce la rémission des péchés pour ceux qui recevront le bain mystérieux. Un second Graduel, pareillement tiré des Psaumes, était ainsi conçu : « Heureux le peuple qui a le Seigneur pour son Dieu, le peuple que le Seigneur a choisi a pour son héritage. » Pendant la lecture des deux Leçons et le chant des deux Graduels, avait lieu la cérémonie mystérieuse de l’ouverture des oreilles. Des prêtres allaient successivement toucher les oreilles des Catéchumènes, imitant l’action de Jésus-Christ sur le sourd-muet de l’Évangile, et disant comme lui cette parole : Ephpheta, c’est-à-dire : Ouvrez-vous. Ce rite avait pour but de préparer les Catéchumènes à recevoir la révélation des mystères qui jusqu’alors ne leur avaient été montrés que sous le voile de l’allégorie.
L’Église des premiers siècles désignait le Baptême sous le nom d’Illumination, parce que c’est ce Sacrement qui confère à l’homme la foi surnaturelle par laquelle il est éclairé de la lumière divine. C’est pour cette raison qu’on lisait aujourd’hui le récit de la guérison de l’aveugle-né, symbole de l’homme illuminé par Jésus-Christ. Ce sujet est souvent reproduit sur les peintures murales des catacombes et sur les bas-reliefs des anciens sarcophages chrétiens. Nous naissons tous aveugles ; Jésus-Christ, par le mystère de son incarnation figuré sous cette boue qui représente notre chair, nous a mérité le don de la vue ; mais pour en jouir, il nous faut aller à la piscine du divin Envoyé, et nous laver dans l’eau baptismale. Alors nous serons éclairés de la lumière même de Dieu, et les ténèbres de notre raison seront dissipées. La docilité de l’aveugle-né, qui accomplit avec tant de simplicité les ordres du Sauveur, est l’image de celle de nos Catéchumènes qui écoutent si docilement les enseignements de l’Église, parce-qu’eux aussi veulent recouvrer la vue. L’aveugle de l’Évangile, dans la guérison corporelle de ses yeux, nous donne la figure de ce que la grâce de Jésus-Christ opère en nous par le Baptême ; mais, afin que l’instruction soit complète, il reparaît à la fin du récit pour nous fournir un modèle de la guérison spirituelle de l’âme frappée de l’aveuglement du péché. Le Sauveur l’interroge, comme l’Église nous a interrogés nous-mêmes sur le bord de la piscine sacrée. « Crois-tu au Fils de Dieu ? » lui demande-t-il. Et l’aveugle, rempli d’ardeur pour croire, répond avec empressement : « Qui est-il, a Seigneur, afin que je croie en lui ? » Telle est la foi, qui unit la faible raison de l’homme à la souveraine sagesse de Dieu, et nous met en possession de son éternelle vérité. A peine Jésus a-t-il affirmé sa divinité à cet homme simple, qu’il reçoit de lui l’hommage de l’adoration ; et celui qui d’abord avait été aveugle dans son corps, et qui ensuite avait reçu la vue matérielle, est maintenant chrétien. Quel enseignement complet et lucide pour nos Catéchumènes ! En même temps, ce récit leur révélait et nous rappelle à nous-mêmes l’affreuse perversité des ennemis de Jésus. Il sera bientôt mis à mort, le juste par excellence ; et c’est par l’effusion de son sang qu’il nous méritera, et à tous les hommes, la guérison de l’aveuglement dans lequel nous sommes nés, et que nos péchés personnels contribuaient encore à épaissir. Gloire donc, amour et reconnaissance à notre divin médecin qui, en s’unissant à la nature humaine, a préparé le collyre par lequel nos yeux sont guéris de leur infirmité, et rendus capables de contempler à jamais les splendeurs de la divinité même !
Sanctoral
Saint François de Paule, Confesseur, Ermite, Fondateur de l’Ordre des Minimes
François naquit dans une humble condition à Paule, ville de Calabre. Ses parents, longtemps privés d’enfants, ayant fait un vœu, l’obtinrent du ciel par l’intercession du bienheureux François (d’Assise). Dès son adolescence, enflammé d’une divine ardeur, il se retira dans un lieu désert et il y mena pendant six ans un genre de vie très rude, mais que la méditation des choses célestes remplissait de douceur. Comme la renommée de ses vertus se répandait au loin, et qu’un grand nombre de personnes accouraient vers lui dans le but de servir Dieu, la charité fraternelle le décida à sortir de sa solitude ; il bâtit une église près de Paule, et c’est là qu’il jeta les fondements de l’Ordre des Minimes qui est une branche de l’Ordre franciscain. Ces « ermites de Saint-François d’Assise » doivent vivre ensemble dans des petites maisons et mener, étant les « plus petits » frères, une vie encore plus stricte, plus pauvre et plus humble que les frères « mineurs » de Saint-François. François avait le don de la parole à un degré merveilleux ; il garda une perpétuelle virginité ; il pratiqua l’humilité au point de se dire le moindre de tous, et voulut que ses disciples portassent le nom de Minimes. Son vêtement était grossier, il marchait nu-pieds, et couchait sur la dure.
Son abstinence fut admirable : il ne mangeait qu’une fois par jour, après le coucher du soleil, et sa nourriture n’était que du pain et de l’eau, auxquels il ajoutait à peine l’assaisonnement qui est permis en Carême ; il obligea ses frères à promettre, par un quatrième vœu, d’observer cette dernière pratique pendant toute l’année. Dieu voulut attester la sainteté de son serviteur par de nombreux miracles, entre lesquels un des plus célèbres eut lieu lorsque François, repoussé par des matelots, étendit son manteau sur les flots et passa ainsi le détroit de Sicile avec son compagnon. Ayant reçu le don de prophétie, il annonça beaucoup d’événements futurs. Louis XI, roi de France, souhaita de le voir et lui donna de grandes marques d’estime. Enfin, âgé de quatre-vingt-onze ans, se trouvant à Tours, il s’en alla vers le Seigneur, le 2 avril 1507. Pendant les onze jours qu’on garda son corps sans l’ensevelir, il resta sans corruption, exhalant même une odeur suave. Il fut béatifié dès 1513, canonisé en 1519 par Léon X. Fête introduite en 1557 comme semi-double mais supprimée par St Pie V en 1568. Sixte-Quint la rétablit en 1585 comme double, Clément VII la ramena au rite semi-double en 1602. Paul V en fit à nouveau un double en 1613 comme fête de fondateur d’ordre.
Bienheureux Louis d’Arazilo, Confesseur, Premier Ordre Franciscain
Louis d’Arazilo vivait dans la province espagnole de Valence dans un couvent où, par dispense légale, plusieurs atténuations étaient autorisées dans l’observance de la stricte règle de saint François. Il aspirait à passer dans une unité de l’ordre qui observerait la règle franciscaine dans toute sa rigueur, mais sa santé délicate ne permettait pas la réalisation de ce pieux désir. Cependant, lorsque son désir d’une observance parfaite continua de croître, il résolut de réaliser son dessein, confiant en Celui qui est fort même chez les faibles. Et voici, dès qu’il entra dans le couvent le plus strict, il se sentit acquérir une telle force qu’il put se joindre à l’observance de toutes les austérités. Ce n’est que pour les difficultés de la prédication qu’il lui manqua la force nécessaire, mais sa vie sainte était un sermon continu et sa bonté aimante gagna toutes les oreilles.
Choisi gardien du couvent, il administra la charge avec beaucoup de sollicitude et d’amour. C’est surtout dans le soin des malades qu’il manifesta sa charité, se sacrifiant entièrement pour eux. Lorsqu’une maladie contagieuse éclatait dans cette région, il s’occupait inlassablement de visiter les malades, de les réconforter et de les préparer à une mort chrétienne.
Mais ses énergies affaiblies commencèrent à décliner et lui-même fut saisi par l’épidémie. Après avoir enduré héroïquement les plus grandes douleurs, il mourut en martyr de la charité en 1583. Après sa mort, il apparut à ses frères du couvent rayonnant de gloire !
Martyrologe
A Tours, en France, saint François de Paule confesseur, fondateur de l’Ordre des Minimes. Célèbre par ses vertus et ses miracles, il a été inscrit au nombre des saints par le pape Léon X.
A Césarée de Palestine, l’anniversaire de saint Aphien martyr. Avant saint Edèse, son frère martyr, durant la persécution de Galère Maximien, pour avoir repris le préfet Urbain de ce qu’il sacrifiait aux idoles, Aphien fut cruellement déchiré avec un raffinement de barbarie, on lui enveloppa les pieds avec un linge trempé d’huile et on y mit le feu; enfin il fut précipité dans la mer. Ainsi après avoir passé par le feu et par l’eau, il fut appelé au lieu du rafraîchissement.
En la même ville, la passion de sainte Théodosie, vierge de Tyr. Pendant la même persécution de Galère Maximien, cette vierge, pour avoir salué publiquement ses confesseurs traduits devant le tribunal, et leur avoir demandé de se souvenir d’elle quand ils seraient auprès du Seigneur, fut aussitôt arrêtée par les soldats et conduite devant le préfet Urbain; par ordre de ce juge, les bourreaux lui déchirèrent profondément les flancs et les seins, et enfin la jetèrent à la mer.
A Langres, en Gaule, saint Urbain évêque.
A Côme, saint Abonde, évêque et confesseur.
A Capoue, saint Victor évêque, remarquable par son érudition et sa sainteté.
A Lyon, en France, saint Nizier, évêque de cette ville, illustre par sa vie et par ses miracles.
En Palestine, la mise au tombeau de sainte Marie l’égyptienne, surnommée la pécheresse.
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