Mercredi des Quatre-Temps de septembre
« En ce temps-là : Un homme de la foule, prenant la parole, dit : Maître, je vous ai amené mon fils, qui est possédé d’un esprit muet. » Ce démoniaque, que le Seigneur guérit en descendant de la montagne, saint Marc dit qu’il était sourd et muet ; saint Matthieu, qu’il était lunatique. Il nous paraît l’image de ces hommes dont il est écrit : « L’insensé est changeant comme la lune ; » de ceux qui, ne demeurant jamais dans le même état, portés tantôt à tels vices et tantôt à tels autres, semblent croître et décroître.
Ils sont muets, ne confessant pas la foi ; sourds, n’entendant pas, jusqu’à un certain point, la parole même de la vérité. Ils écument, quand leur sottise les rend sans consistance, comme l’eau. C’est en effet le propre des fous, des malades énervés et des gens hébétés, de laisser échapper de leur bouche l’écume salivaire. Ils grincent des dents, lorsqu’ils sont enflammés par la fureur de la colère ; ils se dessèchent, lorsqu’ils languissent dans la torpeur de l’oisiveté, et ils vivent sans énergie, n’étant soutenus par aucune des forces de la vertu. Cette parole [du père du possédé] : « J’ai dit à vos disciples de le chasser, [ce démon,] et ils ne l’ont pu », accuse indirectement les Apôtres, quoique l’impossibilité de guérir soit rapportée parfois, non point à la faiblesse de ceux qui sont appelés à procurer la guérison, mais à l’état de la foi en ceux qui demandent à être guéris, le Seigneur ayant prononcé cette parole : « Qu’il te soit fait selon ta foi. » Jésus s’adressant à la foule, s’écria : « O race incrédule, jusqu’à quand serai-je avec vous ? Jusqu’à quand vous supporterai-je ? »
[La patience du divin Maître] n’était ni lassée ni vaincue, car il est plein de bonté et de douceur lui qui, « semblable à l’agneau devant celui qui le tond, n’ouvrit pas la bouche, » et n’éclata pas en paroles de colère ; mais, à la façon d’un médecin qui verrait son malade se conduire contrairement à ses prescriptions, le Sauveur semble dire : Jusqu’à quand viendrai-je en ta maison ? Jusqu’à quel point perdrai-je les soins de mon art, car j’ordonne une chose et tu en fais une autre ? « Il leur dit : Ce genre [de démons] ne peut se chasser que par la prière et le jeûne. » En instruisant les Apôtres sur la manière dont le démon le plus méchant doit être chassé, Jésus-Christ nous donne à tous une règle de vie, afin que nous sachions que les tentations les plus fortes, provenant soit des esprits immondes, soit des hommes, doivent être vaincues par les jeûnes et les prières, et que la colère du Seigneur aussi, lorsqu’elle s’est allumée pour venger nos crimes, peut être apaisée par ce remède spécial. Or, le jeûne, en un sens général, consiste à s’abstenir non seulement des aliments, mais de tous les plaisirs charnels ; bien plus, à se défendre de toute affection au mal. Pareillement, la prière, en un sens général, ne s’entend pas seulement des paroles par lesquelles nous invoquons la clémence divine, mais aussi de tous l !es actes que nous accomplissons avec la dévotion de la foi pour servir notre Créateur.
Sanctoral
Saint Joseph de Cupertino, Confesseur, Ordre des Frères Mineurs Conventuels
Joseph naquit de parents pieux, l’an du salut mil six cent trois, à Cupertino, ville située sur le territoire de Salente, au diocèse de Nardo. Prévenu de bonne heure par l’amour de Dieu, il passa son enfance et son adolescence dans une parfaite simplicité et pureté de mœurs. Délivré par l’entremise de la Vierge Mère de Dieu, d’une longue et douloureuse maladie, qu’il avait supportée avec beaucoup de patience, il se donna tout entier aux pratiques de la piété et à la culture des vertus. Afin de s’unir plus étroitement à Dieu, qui l’appelait à de plus grandes choses, il résolut de s’enrôler dans l’Ordre séraphique.
Après différentes péripéties, réalisant enfin son vœu, il entra chez les Mineurs conventuels, au couvent de la Grotella. Il fut mis d’abord au nombre des frères lais, à cause de son ignorance des lettres ; puis, par une disposition de la Providence, on le fit passer dans les rangs des Clercs. Admis à la prêtrise après ses vœux solennels, il se proposa de mener une vie plus parfaite. C’est pourquoi, renonçant sur le champ à toutes les affections mondaines et même aux choses temporelles presque nécessaires à la vie, il mortifia son corps par le cilice, la discipline, les chaînes, enfin par toutes sortes de rigueurs et de souffrances. En même temps, il nourrissait assidûment son âme du suave aliment de l’oraison et de la contemplation la plus sublime. Il en résulta que l’amour de Dieu, déjà répandu dans son cœur dès le premier âge, prit de jour en jour un éclat plus merveilleux et tout à fait extraordinaire. Son ardente charité parut surtout avec éclat dans les délicieuses extases qui le transportaient en Dieu et dans les ravissements extraordinaires qu’il éprouvait souvent. Et, chose digne de remarque, alors que son esprit avait abandonné ses sens, la seule obéissance suffisait à le rappeler immédiatement de l’extase.
C’est qu’en effet, il s’attachait à cette vertu avec un très grand zèle, répétant habituellement qu’il se laissait aveuglément conduire par elle et qu’il préférerait mourir plutôt que de ne pas obéir. Il s’appliqua avec tant de soin à imiter la pauvreté du patriarche séraphique que, sur le point de mourir, il put en toute vérité affirmer à son supérieur qu’il n’avait rien à abandonner, suivant la coutume des religieux. C’est ainsi que, mort au monde et à lui-même, il manifestait la vie de Jésus dans sa chair, et tandis qu’il discernait chez quelques-uns la flétrissure du vice, son propre corps exhalait un parfum miraculeux, indice de sa très éclatante pureté. Malgré les tentations très violentes par lesquelles l’esprit immonde s’efforça longtemps, mais en vain, de ternir cette pureté, il sut la conserver sans tache, tant par la grande sévérité qu’il apportait à la garde de ses sens, qu’au moyen des macérations continuelles dont il affligeait son corps, et grâce à une protection spéciale de la très pure Vierge. Il avait, coutume d’appeler Marie sa mère, et il la vénérait en effet du plus profond de son cœur, comme une mère très tendre. Il désirait beaucoup la voir honorer par les autres, afin disait-il, que sa protection leur valût tous les biens. Cette sollicitude du bienheureux Joseph avait sa source dans sa charité envers le prochain. Tel était le zèle dont il brûlait pour les âmes, qu’il travaillait très activement et de toutes manières à procurer le salut de tous. Étendant encore cette charité, il secourait, autant que cela était en son pouvoir, ceux qui étaient pauvres, infirmes, ou affligés de quelque autre épreuve. Il n’excluait point de son affection ceux même qui ne lui ménageaient pas les reproches, les outrages et toutes sortes d’injures. II acceptait tout cela avec la même patience, la même douceur et la même sérénité de visage, qu’il montra à supporter les vicissitudes si nombreuses et si pénibles qu’il traversa, lorsque, pour obéir aux supérieurs de l’Ordre, ou aux décisions de la sacrée Congrégation de l’Inquisition, il se vit obligé de changer plusieurs fois de résidence.
Admiré, non seulement du peuple, mais même des grands, pour son éminente sainteté et les grâces qu’il recevait du ciel, il n’en conserva pas moins une telle humilité que, s’estimant un grand pécheur, il priait Dieu avec constance d’éloigner de lui les dons remarquables dont il le comblait, et demandait aux hommes de jeter son cadavre dans un lieu où son souvenir s’effaçât totalement. Mais Dieu, qui exalte les humbles et qui avait très libéralement enrichi son serviteur durant sa vie d’une sagesse toute céleste, des dons de prophétie, de pénétration des cœurs, de guérir, ainsi que d’autres encore, rendit sa mort précieuse aux yeux de ceux à qui il en avait prédit le lieu et le temps. Cette mort arriva la soixante et unième année de son âge, à Osimo, dans la Marche d’Ancône, et Dieu glorifia le lieu de sa sépulture. Enfin, comme après sa mort même, les miracles qu’il accomplit firent briller son nom, il fut inscrit par Benoît XIV au nombre des Bienheureux, et par Clément XIII au nombre des Saints. Clément XIV, qui faisait partie du même Ordre que lui, étendit son Office et sa Messe à toute l’Église.
Saint Ferréol de Vienne, Martyr
Ferréol est né à Vienne, capitale de la Viennoise, vers le milieu du IIIème siècle. Ses parents qui étaient nobles et chrétiens, élevèrent Ferréol dans la religion chrétienne alors combattue et le destinèrent à occuper des postes importants dans l’administration de l’empire. Il embrassa la carrière militaire, et guerrier intrépide se signala par sa bravoure qui fut remarquée, assez rapidement il reçut le grade de Tribun, ce qui correspond à notre actuel grade de Colonel. Il se fit remarquer par son attachement à la religion du Christ et par son zèle à la défendre et à la propager. Chaque jour il instruisait ses compagnons d’armes dans la doctrine chrétienne, et par l’exemple de sa foi comme de la rectitude de sa vie il faisait de nombreuses conversions, et leur faisait abjurer la paganisme des cultes romains. Ce prosélytisme déplaisait à ses chefs, d’autant que l’empereur Dioclétien avait décrété la persécution des chrétiens pour éradiquer la nouvelle religion.
La persécution sévissait dans l’armée, et l’on venait déjà de massacrer toute la légion Thébaine au pied du Mont Cenis, parce que tous ces soldats convertis au christianisme refusaient de sacrifier aux dieux de l’empire, et partout sur le sol de la Gaule des chrétiens étaient mis à mort. Crispinus, alors gouverneur de Vienne, entreprit d’amener Ferréol et Julien son ami intime et compagnon d’arme, à sacrifier aux idoles et à abjurer le christianisme, il les flatta, leur fit des promesses mirifiques de promotion et d’évolution dans la haute société de l’époque, mais en vain; alors il passa aux menaces et aux mauvais traitements sans autres succès tant leur foi était profonde; Julien étant recherché, Ferréol l’envoya se cacher en Auvergne près de Brioude, ou il fut découvert, dénoncé et arrêté, on lui trancha la tête.
Le corps de Julien fut inhumé à Brioude et sur sa tombe se produisirent de nombreux miracles, tandis que Ferréol agissait pour récupérer la tête de Julien comme insigne relique. Bientôt Ferréol fut arrêté et conduit au gouverneur Crispinus qui essaya par tous les moyens de le ramener au culte des idoles. Ferréol ne céda pas » Je suis chrétien, je ne peux sacrifier. Il me suffit de vivre en chrétien et, si ce n’est pas possible, je suis prêt à mourir. » Il fut fouetté et battu puis emprisonné, un ange lui apparut et le délivra, il traversa le Rhône à la nage, mais peu de temps après il fut repris, ramené à Vienne et mis à mort vers l’an 304. Ses fidèles lui donnèrent une sépulture au bord du Rhône et conformément aux souhaits qu’il avait exprimés, on mis dans son tombeau la tête de Saint Julien. Aussitôt des miracles et des guérisons nombreuses furent constatées journellement autour de son tombeau, les démons étaient chassés du corps des possédés, les paralytiques retrouvaient l’usage de leurs membres, etc. Ces nombreux miracles eurent un grand retentissement, et des foules toujours plus nombreuses se pressaient à Vienne sur le tombeau de Ferréol.
De tous les miracles évoqués, nous en connaissons trois, tout d’abord une femme et son enfant, le futur Saint Clair, qui vont en pèlerinage à Vienne sur le tombeau du Saint, et qui au retour sont en grave péril lors de la traversée du Rhône en furie, l’enfant supplie St Ferréol, et la tourmente s’arrête immédiatement. Le deuxième miracle concerne Grégoire de Tours lui-même qui nous le relate : « Pendant deux jours je me sentis, miné, consumé par d’interminables douleurs à la tête. Le troisième jour….je me rendis à la basilique de St Ferréol, je plongeai ma tête horriblement endolorie dans les eaux de la fontaine qui coule au pied de son église et je me sentis tout à coup délivré de ma souffrance. » Le troisième miracle plus près de nous survient au XVII siècle, en 1653 la peste frappait le Quercy, la ville de Montauban avait vu périr 8000 habitants en quelques jours, et l’on se résolu de demander l’intervention de Dieu, par l’intermédiaire de Saint Ferréol, Toute la population se rendit pour cela en procession au sanctuaire du Saint à Montauban, et l’on promis de recommencer chaque année ce pèlerinage, alors l’épidémie cessa aussitôt. En 473, l’évêque de Vienne, saint Mamert, découvrit, dans le même tombeau, le corps de saint Ferréol et la tête de saint Julien.
Martyrologe
A Osimo, dans les Marches, saint Joseph de Cupertino prêtre de l’Ordre des Frères Mineurs Conventuels et confesseur, inscrit au nombre des saints par le pape Clément XIII.
A Chalcis, en Grèce, l’anniversaire de saint Méthode. D’abord évêque d’Olympe en Lycie, puis de Tyr en Phénicie, il fut très célèbre par l’élégance de son style et par sa science; au rapport de saint Jérôme, il reçut la couronne du martyre sur la fin de la dernière persécution.
Au territoire de Vienne, saint Ferréol martyr. Elevé à la dignité de tribun, il fut arrêté par le très impie préfet Crispin, très cruellement battu de verges, puis chargé de lourdes chaines et enfermé dans un ténébreux cachot d’où il sortit, Dieu ayant permis que ses liens se brisent et que s’ouvrent les portes de sa prison; repris par ceux qui le poursuivaient, il fut décapité et obtint la palme du martyre.
Le même jour, les saintes martyres Sophie et Irène.
A Milan, saint Eustorge Ier, évêque de cette ville, rendu célèbre par le témoignage de saint Ambroise.
A Gortyne, en Crète, saint Eumène, évêque et confesseur.
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