mais_grains2016, annus horribilis pour l’agriculture… Le blé, le vin, le cacao, l’orge et maintenant le maïs.

Ces mauvaises nouvelles étaient connues depuis longtemps. On annonce pour cette année une baisse de la récolte de 20 %, la France et les Etats-Unis étant touchés, la pire récolte depuis 2003.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas pour le maïs. Après une année 2013 catastrophique, une année 2014 excellente (ce qui avait entraîné une chute des cours) et une année 2015 de nouveau très mauvaise, l’année 2016 s’annonce désastreuse. Le responsable ? Comme dans toutes les problématiques agricoles, c’est le climat qui est fautif. Un enneigement tardif en Amérique, des plus trop importantes en Europe, et les chiffres s’en ressentent. Les conditions météos de 2012 avaient été les pires depuis le fameux hiver 1985. A contrario, en 2015, c’est la sécheresse qui avait nui aux récoltes.

Notons également une énorme déconvenue pour la firme Monsanto, qui vient de fusionner avec Bayer, si fière de son maïs OGM MON810 qui produisait une bactérie, le Bacillus thuringiensis, pouvant tuer les insectes parasites, notamment les papillons qui détruisaient entre 30 et 50 % des récoltes. Pas de chance, en 2013, six ans après sa commercialisation, les premiers cas de papillons résistants à la toxine apparurent en Afrique du Sud. Pour les contrer, les chercheurs explorent d’autres voies de lutte biologique prometteuses contre les ravageurs du maïs en Afrique, soit à partir d’un champignon pathogène ou grâce à des petites guêpes parasitoïdes. Celles-ci pondent leurs œufs dans les chenilles de busséola  fusca, puis leurs larves tuent les chenilles après s’être développées à leurs dépens. C’est ballot tout de même de constater cela l’année même de son autorisation en France…

Monsanto lança alors un nouvel maïs OGM, le NK603, censé être résistant contre les mauvaises herbes et résistants au pesticide maison Round-up à la triste réputation. Un scientifique français, Gilles-Eric Séralini, montra la dangerosité de ce maïs. Ses travaux furent financés par le sénateur-maire de Woippy François Grosdider (UMP), mais aussi par les chaînes de distribution Carrefour et Auchan. Il gagna un procès en diffamation contre le journal communautariste de centre-gauche Marianne, dirigée alors par Jean-François Kahn. Les « arguments » de l’hebdomadaire ne reposaient en guise « d’enquête » sur la présupposée « charlatannerie » de Séralini sur un seul article à charge, écrit par le très contesté professeur Henry I. Miller (curieusement, impossible de connaître son second prénom), du Beth Israel Hospital de Boston (Miller s’était fait connaître pour nier le lien entre tabac et cancer). Une autre opposante à ce maïs, la communiste Marie-Monique Robin, fut par contre décorée de la Légion d’Honneur par les socialistes…

Pour l’année en cours, les yeux sont tournés vers la Chine. Trois céréales alimentaires dominent le marché mondial : le riz, le blé, le maïs. La Chine est première productrice mondiale des deux premiers, mais « seulement » 2e productrice pour le dernier, derrière les Etats-Unis. Consommant 22 % du maïs mondial, la Chine en produit 21,4 % et pourtant est une grande importatrice, multipliant les achats jusqu’en 2014. Ce qui explique que, malgré deux mauvaises récoltes de suites, les prix du maïs aient dévissés : entre juin et septembre 2016, le maïs est tombé de 4,49 $ le boisseau à 3,15 $, très au-dessous de ses cours habituels variant autour de 4 $. Notons que le 5e producteur mondial de maïs est l’Ukraine, dont l’effondrement de la monnaie a eu des répercutions sur les producteurs. Les 3e et 4e producteurs sont le Brésil et l’Argentine, concurrents directs des Etats-Unis trop heureux de leur mettre un maximum de bâtons dans les roues. Quant à la France, elle devrait sauvegarder son 9e rang mondial et 2e rang européen, les conditions climatiques difficiles ayant aussi frappées la Roumanie, qui nous suit immédiatement au classement.

La vigoureuse campagne contre le sirop de maïs (qui frappe également l’industrie sucrière) a également joué un rôle dans le tassement des cours.  Notons que l’Indonésie, qui produit à la fois maïs, sucre et huile de palme, est au centre de cette campagne comme nous allons le voir dans le prochain article.

Hristo XIEP

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