L’hebdomadaire nationaliste Rivarol a bénéficié ce week-end d’un coup de pouce publicitaire inespéré. Samedi soir, pour une chorégraphie de l’émission Star Academy, deux jeunes femmes déplient chacune un journal autour d’un chanteur. Jusque-là rien de particulier. Sauf que quelqu’un – un certain GaKaTan – a zoomé sur l’un des deux journaux pour ensuite souligner sur X/Twitter que le journal en question n’est autre que Rivarol. Sur le même réseau social, Tristan Mendès-France, traqueur de pacotille, saisit l’occasion de se faire mousser.
Tristan Mendès-France utilise – toujours sur X/Twitter – les différents comptes qu’il anime, comme Sleeping Giants, son outil de délation favori (car le bonhomme a une âme de corbeau) pour faire enfler l’anecdote.
Et voilà que ce détail passé inaperçu devient une « affaire » qui secoue Endémol, la boîte de production, qui promet une enquête pour retrouver le coupable qui a glissé ce Rivarol dans les mains d’une danseuse. Le communiqué d’Endémol ne précise pas si, une fois le coupable identifié, celui-ci sera fusillé pour haute trahison…
Les journaux, de Libération au Monde, se fendent tous d’un article inquisiteur. Le sujet fait même l’objet d’un débat chez les guignols des Grandes Gueules de RMC. Ces péroreurs s’indignent : comment un tel journal antisémiiite a-t-il atterri dans les mains de cette danseuse ? Ces donneurs de leçons ne se rendent même pas compte de leurs incohérences. Ils traitent l’équipe de la Star Academy d’incultes parce que personne n’a remarqué que c’était Rivarol mais ils se demandent ensuite si Rivarol existe encore en papier ou s’il faut l’imprimer soi-même, démontrant qu’ils ne savent pas à quoi ressemble ce journal… Au concours des plus incultes, certains semblent ignorer qu’ils en sont les gagnants.
Vaniteux, ils sont tombés dans le piège
Au final, ces abrutis sont visiblement tombés dans le piège d’un facétieux lecteur de Rivarol qui travaille pour Endémol.
Les hypnotisés de la télé vautrés devant la Star Academy n’avaient aucune raison de faire un arrêt sur image puis de zoomer pour parvenir à remarquer une illustration Martine lit Rivarol. Existerait-il un téléspectateur fasciné par les arrêts sur image qui aurait remarqué ce dessin, il fallait encore qu’il soit lui-même lecteur de Rivarol pour savoir que cette image figurait dans la rubrique des courriers des lecteurs, en page 2 de l’hebdomadaire Rivarol du 31 janvier 2024.
Et si Tristan Mendès-France n’était pas à ce point vaniteux, cherchant à tout prix le sujet qui fera parler de lui, il aurait probablement trouvé que l’affaire ne méritait pas d’écho. Dès lors, aucun média n’aura fait gonfler le sujet. Et La Star Academy lit Rivarol serait resté une bonne blague que les amis de Rivarol se seraient racontés avec amusement pendant quinze jours.
Jérôme Bourbon a bien des raisons de rire. N’est-ce pas satisfaisant d’apprendre que même parmi les gens qui travaillent à la télé, il y a au moins un ami de Rivarol ? Et n’est-ce pas encore plus savoureux de constater que Tristan la fouine et divers journalistes professionnels et autres chroniqueurs qui se croient sortis de la cuisse de Jupiter s’avèrent aussi facilement manipulables ? En fin gourmet, Jérôme Bourbon s’est certainement délecté de cette gourmandise inopinée servie juste avant le Carême.
Pierre-Alain Depauw
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