La jeune Marion Maréchal-Le Pen, vice-présidente du Front-National, étoile montante du parti fondé par son grand-père, est en visite à Florence, après avoir rencontré Matteo Salvini pour construire un réseau de cette nouvelle droite anti-européenne poussée en avant par la victoire du Brexit et de Trump aux États-Unis.
Sa venue dans la capitale toscane a suscité l’ire voilée du maire de la ville, Dario Nardella, qui s’est déclaré prêt à ouvrir les portes de la ville mais, car il y a un mais, il a tenu a souligné le passé partisan de Florence qui ne s’accorde pas, selon ce bien-pensant, avec la pensée politique la jeune française :
« Nous souhaitons toujours la bienvenue à tout le monde, il ne manquerait plus que cela. Mais étant donné que Marion Le Pen vient d’un mouvement, le Front National français, qui a ses racines dans le national-socialisme européen le plus autoritaire, qui se complaît dans des valeurs qui ont porté à l’explosion de la seconde guerre mondiale en Europe, j’espère que quelqu’un aura la force et le courage de rappeler, à ces messieurs qui viennent à Florence, que notre ville est médaille d’or de la valeur militaire de la Résistance et de la guerre de libération contre le fascisme. »
Ces leçons de morale d’un vieux politicien en perte de prestige, réductio ad Hitlerum bien facile, n’ont pas empêché Marion Le Pen de se rendre à Florence comme prévu et d’exposer son programme politique pour la France et l’Europe lors d’un entretien avec le quotidien Il Corriere della Sera : négociation avec la Commission européenne pour obtenir un statut dérogatoire; rétablissement des frontières, sortie de l’espace Schengen, obtention de la souveraineté monétaire et de la suprématie des droits français sur ceux européens, sont les points phares de sa politique française dans le cadre européen. Autrement, affirme-t-elle le FN
« proposera un référendum pour la sortie de la France de l’UE. »
Sa critique sur les deux candidats en lice pour les primaires de la droite, Juppé et Fillon, est lapidaire :
« Ils font partie du même régime politique. Ils ont contribué à la création de l’Europe fédérale. Aujourd’hui ils se présentent comme des hommes qui veulent résoudre un problème qu’ils ont eux-mêmes créé. «
Et contraste avec sa vive sympathie pour la victoire de Trump :
« Sa victoire est une bonne nouvelle pour la France et pour l’équilibre du monde. Trump resserrera l’alliance avec la Russie, en sortant de la logique de la guerre froide, et il refusera la politique belliqueuse portée en avant par Clinton en Irak et en Afghanistan. Trump refuse aussi les traités de libre-échange, comme celui entre l’Europe et les États-Unis. Sa victoire est une déconfiture d’un système médiatique et politique qui a cherché à manipuler la volonté populaire. »
Quant à l’immigration, elle prône la fin de l’invasion :
« Il ne s’agit pas de construire des murs mais de mettre des portes. La porte on peut l’ouvrir ou la fermer. »
Tout en rendant responsable l’Europe de cette déferlante migratoire :
« C’est la faute de l’Europe, qui a encouragé l’immigration et a déstabilisé la Libye, en faisant tomber Kadhafi. L’Europe va chercher les bateaux, souvent avertie par les trafiquants eux-mêmes, et organise leur rapatriement sur nos côtes. Elle devrait faire, au contraire, comme l’Australie, qui ramène les bateaux dans les pays d’origine et n’a pas de morts sur ses côtes. L’Europe incite à l’immigration clandestine qui a comme conséquence directe la mort de centaines de personnes. La vraie approche humanitaire est celle de l’Australie. »
Marion Le Pen ne croit pas non plus que l’immigration soit une richesse pour la France et le dit clairement :
« Non. Aujourd’hui en France il y a des zones de son territoire dans lesquelles il n’y a plus ni culture ni loi françaises. En France, il y a 100 Molenbeek. Ils y a des millions de musulmans qui veulent appliquer la charia. Nous sommes le pays européen où se forme le plus grand nombre de djihadistes et où domine la version salafiste de l’islam. »
Son but, en rencontrant Matteo Salvini chef de la Ligue du Nord, est, explique-t-elle, de
« construire un réseau de partis qui partagent nos idées sur l’Europe ». « Salvini a beaucoup de charisme et c’est un grand orateur politique : il peut être l’homme fort pour construire une grande droite identitaire et souverainiste et pour préparer une nouvelle idée de l’Europe qui naîtra des ruines de l’Union Européenne. L’Italie aussi souffre beaucoup de la monnaie unique, sur le plan industriel notamment. »
Interrogée sur les propos réductionnistes du maire de Florence, elle réplique par l’ironie :
« J’ai entendu ce qu’il a dit. C’est le type même de la vieille classe politique qui, en manque d’arguments, fait la morale aux autres. La grande différence entre nous deux, c’est que je ne passe pas mon temps à penser à 1945 mais je regarde vers l’avenir et je cherche à réparer les erreurs faites dans le passé par la classe politique. » Quant au fascisme « il ne me dit rien. Je n’ai aucun lien avec cette histoire », explique-t-elle. « J’appartiens à un parti souverainiste qui défend la culture française. Quand je viens à Florence, je ne pense pas au fascisme. Plutôt à Marie et Catherine de Médicis qui furent de grandes reines de France. »
Francesca de Villasmundo
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