Cette anthologie inédite rassemble des textes écrits aux différents âges de la vie de la reine Marie-Antoinette par des personnes qui l’ont rencontrée. Lors de son arrivée en France en 1770, Marie-Antoinette est accueillie avec beaucoup d’enthousiasme. La baronne d’Oberkirch décrit l’entrée de la jeune dauphine dans la ville de Strasbourg.  » Oh, je vivrais cent ans que je n’oublierais pas cette journée, ces fêtes, ces cris de joie poussés par un peuple ivre de bonheur à l’aspect de sa souveraine.  » Il faut rappeler que Marie-Antoinette n’a que quinze ans lorsqu’elle arrive en France en tant que dauphine. Le lecteur sera frappé par la méchanceté que l’on retrouve rapidement dans maints écrits d’aristocrates qui l’observent et critiquent sa frivolité sans tenir compte de son jeune âge. Qui plus est, on constate aussi vite les jalousies de membres de la cour, vexés de ne pas être du cercle d’amis dont s’entoure Marie-Antoinette, parfois il est vrai avec une certaine maladresse.

Le Comte d’Hézecques, qui fut page à la cour de Louis XVI, raconte dans ses souvenirs :  » Echappant à la tutelle d’une mère sévère, cette princesse était arrivée, à quinze ans, sans autre guide que les dernières recommandations maternelles, au milieu d’une cour dissolue, où le vice régnait ouvertement, protégé par un monarque faible. Elle sut s’y faire respecter; mais elle crut pouvoir s’affranchir des entraves de l’étiquette pour se procurer d’innocentes distractions; et comme il fallait à la méchanceté quelque prétexte, on lui en fit un crime : ce fut la source de toutes les calomnies qu’on répandit contre elle « .

Le Comte d’Hézecques précise encore :  » Elle fut la plus tendre des mères et sut conserver l’affection de son époux, faveur que l’épouse infidèle perd bien vite. Jamais elle ne s’écarta des devoirs de la religion, et, sans les suivre avec l’exactitude de sa mère, elle imitait le roi, principe aussi religieux qu’on peut l’être au milieu des embarras de la royauté « .

Les pages qui vont de la révolution de 1789 à l’exécution de la Reine ne manquent pas d’intérêt et plongeront parfois le lecteur dans une vive émotion.

Mais on reste interloqué par cette façon de finalement tout mettre sur le même pied, des mesquineries et ragots colportés par les membres de la cour les plus jaloux, aux témoignages les plus intéressants. Quant à la préface d’Arthur Chevallier, elle est hélas dans l’esprit du temps présent.

Marie-Antoinette …racontée par ceux qui l’ont connue, éditions Grasset, collection Les Cahiers Rouges, 286 pages, 9,80 euros

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