Charles-Eloi Vial, archiviste paléographe, docteur habilité en histoire, est conservateur au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France. Auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la monarchie, il signe une nouvelle biographie de la reine Marie-Antoinette chez Perrin.
Une reine finalement méconnue
La Marie-Antoinette que le grand public imagine, entretenue par le cinéma et une littérature de fiction, n’a pas grand chose à voir avec la femme qui arpentait les jardins du Petit Trianon au couchant de l’Ancien Régime. Elle était même à l’opposé de cette reine de caricature. L’enjeu de cette nouvelle biographie est de se libérer des stéréotypes, de proposer la synthèse de trois décennies de travaux novateurs et enfin d’offrir au lecteur un travail essentiellement appuyé sur les sources primaires : journaux intimes, lettres, Mémoires et correspondances diplomatiques, dans le dessein de dépasser la version d’une femme « banale » pour retrouver au contraire un personnage complexe avec ses idées, ses ambitions, ses défauts et ses qualités, aux prises avec son époque et son environnement, au sein d’une cour en pleine évolution.
Victime d’une profusion de mensonges
Les faux témoignages sur Marie-Antoinette ont été constamment pris pour argent comptant. Les témoignages authentiques sur la dernière reine de France sont rares. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la reine est fort peu bavarde, la plupart des citations célèbres qui lui sont attribuées ont été inventées au XIXe siècle et reprises à l’envi dans des ouvrages les plus divers, jusqu’à entrer dans le langage courant. C’est l’occasion de pourfendre quelques fameux bobards. L’auteur a préféré s’en remettre aux archives, souvent sous-exploitées.
Reine à dix-neuf ans
Ce livre rend à Marie-Antoinette le rôle qui fut le sien à la fin de l’ancien monde auquel elle appartenait et à l’aube d’une ère nouvelle qu’elle ne voulait ni ne pouvait comprendre. Surexposée et constamment observée, Marie-Antoinette n’avait que dix-neuf ans en montant sur le trône en 1774. Si elle aimait s’amuser et dédaignait en toute ingénuité l’étiquette à son arrivée en France, elle ne mit que quelques années à s’assagir et à en maîtriser les subtilités, tout en cherchant continuellement à s’en affranchir, sa quête d’une introuvable tranquillité et sa volonté de profiter d’une vie privée évoquant celles de son mari. Selon le prince de Ligne, qui la connaissait bien, elle n’aurait en réalité jamais vécu ne serait-ce qu’une seule journée parfaitement heureuse.
Le développement d’une pensée politique
Finalement, c’est dans la contre-politique que Marie-Antoinette finit par s’épanouir, en suppléant les défaillances de son mari à la fin de l’Ancien Régime d’abord, puis en mettant sur pied un réseau international, échangeant sans cesse avec les monarques européens à seule fin de combattre cette Révolution. Elle développa à ce moment une pensée politique qui lui fut propre.
Le martyre
Le récit de son martyre est poignant. C’est mourante qu’elle est trainée à l’échafaud. L’exécution de Marie-Antoinette eut lieu six heures après la fin de son procès. Préalablement, elle avait rédigé son fameux testament, une longue lettre de deux pages adressée à Madame Elisabeth – qui ne lui fut jamais remise.
Ex Libris
Marie-Antoinette, Charles-Eloi Vial, éditions Perrin, 720 pages, 28 euros
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