Sanctoral
Saints Prime et Félicien, Martyrs
Prime et Félicien étaient frères. Pendant la persécution de Dioclétien et de Maximien, ils furent accusés de professer la religion chrétienne et jetés dans les fers ; mais un Ange brisa leurs liens et les rendit à la liberté. On ne tarda pas à les amener devant le préteur, et là ils persévérèrent énergiquement dans la foi chrétienne ; alors on les sépara l’un de l’autre. La constance de Félicien fut d’abord mise à l’épreuve de diverses façons. Mais les conseillers d’impiété désespérant d’obtenir quoi que ce soit par leurs paroles, clouèrent ses pieds et ses mains à un tronc d’arbre, et le laissèrent ainsi suspendu pendant trois jours sans boire ni manger. Le lendemain, le préteur fit mander Prime et lui dit : « Vois combien ton frère est plus sage que toi : il a obéi aux empereurs, et ils l’ont comblé d’honneurs. Si tu veux l’imiter, tu partageras les mêmes faveurs et les mêmes grâces. Prime répondit : « J’ai appris par un Ange ce qu’on a fait à mon frère. Plaise à Dieu que je lui sois uni dans le martyre comme je lui suis uni par la volonté ! » A ces paroles le préteur s’emporta et, sans compter les tourments qu’il fit subir à Prime, cette fois sous les yeux de Félicien, il ordonna encore de lui verser du plomb fondu dans la bouche. Bientôt il les fit conduire tous deux à l’amphithéâtre, où deux lions furent lâchés sur eux ; mais ces animaux se couchèrent à leurs pieds et les caressèrent de la tête et de la queue. Sur plus de douze mille hommes venus à ce spectacle, cinq cents embrassèrent avec leurs familles la religion chrétienne. Le préteur troublé de ces faits, donna l’ordre de trancher la tête à Prime et à Félicien. Les martyrs reposèrent d’abord à Mentana (Italie). Le pape Théodore 1er (+649) les transféra dans l’église Saint-Étienne sur le mont Cœlius (on peut y voir leurs images en mosaïque).
Bienheureuse Anna-Maria Taïgi, Épouse et mère, Tertiaire trinitaire (1769-1837)
Née à Sienne, Anna-Maria Gianetti suivit son père à Rome où des revers de fortune l’avait contraint d’aller se fixer. La petite passa à peine deux ans à l’école où elle n’apprit qu’à lire. Ses parents faisaient retomber leur amertume sur leur fillette, mais l’angélique pauvrette redoublait de douceur envers eux. Anna-Maria entra très tôt en service afin d’aider ses parents. Elle grandissait, pieuse, travailleuse et coquette, prenant plaisir à se parer. Domenico, qui travaillait au jour le jour au palais Chigi, homme honnête, rude et prompt à la colère, offrit de l’épouser; Anna-Maria accepta sa proposition de mariage. Dans les premiers temps de son ménage, elle conserva ses habitudes mondaines, aimant à fréquenter le théâtre des marionnettes et à porter des colliers de verroterie. Après trois ans de cette vie ainsi partagée entre l’amour de Dieu et l’amour du monde, Anna-Maria se confessa au Père Angelo de l’Ordre des Servites, se convertit totalement et, avec l’assentiment de son mari, elle se fit recevoir dans le Tiers-Ordre des Trinitaires. Domenico ne demandait qu’une chose: que la maison soit bien tenue et paisible! Or, les parents d’Anna-Maria vinrent partager la vie du jeune foyer. Depuis leur arrivée, les scènes de criailleries qu’elle apaise de son mieux se répètent tous les jours, car sa mère acariâtre cherche sans cesse querelle à son gendre qui s’emporte facilement. Atténuant les heurts le mieux possible, elle s’empresse auprès de son époux trop vif qui jette le dîner par terre avec la table quand un plat lui déplaît. Après la mort de sa mère, son père vit aux dépens de sa fille et multiplie disputes sur disputes. Lorsque la lèpre l’atteint, la bienheureuse Anna-Maria le soigne tendrement et l’aide à mourir chrétiennement. Pour leurs sept enfants, la maison risquait de devenir un enfer, mais la bienheureuse demeurait si surnaturellement douce, que Domenico affirmera que c’était un vrai paradis chez lui, et que l’ordre et la propreté régnaient partout dans son pauvre gîte. Anna-Maria se levait de grand matin pour se rendre à l’église, et communiait tous les jours. Lorsqu’un membre de la famille était malade, pour ne donner à personne l’occasion de se plaindre et de murmurer, elle se privait de la messe et de la communion. Pour suppléer à cette privation involontaire, elle se recueillait pendant les moments libres de la journée.
La bienheureuse Anna-Maria Taïgi tenait ses enfants toujours occupés. Après le souper, la famille récitait le rosaire et lisait une courte vie du Saint du jour, puis les enfants se mettaient au lit après avoir reçu la bénédiction. Le dimanche, ils visitaient les malades à l’hôpital. Sa tendresse maternelle ne l’empêchait pas d’appliquer fermement les sanctions méritées, telles la verge ou le jeûne. Ses enfants profitèrent avantageusement de cette éducation si équilibrée et devinrent vite l’honneur de leur vertueuse mère et le modèle de leurs camarades. Sa délicatesse envers les humbles était exquise. Elle nourrissait sa servante mieux qu’elle-même; à une qui cassait la vaisselle par maladresse, elle disait gentiment: «Il faut bien faire gagner la vie aux fabricants de faïence.» Lors de sa réception comme membre du Tiers-Ordre de la Sainte Trinité, la bienheureuse s’était offerte comme victime expiatrice pour les péchés du monde. En retour de cette généreuse offrande, Dieu lui accorda la vision permanente d’un globe ou soleil lumineux dans lequel elle lisait les besoins des âmes, l’état des pécheurs et les périls de l’Église. Ce phénomène extraordinaire dura quarante-sept-ans. Surprise au milieu de ses occupations domestiques par les ravissements et les extases, Anna-Maria s’efforçait vainement de s’y soustraire. Grâce à elle, les malades avertis de leur fin prochaine mouraient saintement. Comme le sort des défunts lui était révélé, sa compassion pour eux lui inspirait de multiplier ses pénitences afin de libérer au plus tôt ces pauvres âmes qui venaient la remercier de leur délivrance. Bien que la bienheureuse Anna-Maria Taïgi souhaitait ardemment rester ignorée de tous, une foule de visiteurs composée de pauvres, de princes, de prêtres, d’évêques, du pape même, accourait pour demander conseil à sa sagesse inspirée. Simple et humble, elle répondait tout bonnement en se dérobant aux louanges, refusant toujours le plus petit cadeau.
Or, celle qui répandait ainsi la sérénité et la lumière autour d’elle, fut privée de consolation spirituelle pendant vingt ans, et éprouvait le sentiment très net d’être reléguée en enfer. Pendant sept mois, les angoisses et les ténèbres de son âme s’étant accrues, Anna-Maria Taïgi expérimenta une véritable agonie, n’en continuant pas moins à diriger sa maison comme si de rien n’était. Malgré ses doigts devenus si douloureux, elle cousait beaucoup afin d’assurer le pain quotidien de la maisonnée. La femme du gouverneur de Savoie qui avait obtenu tant de grâces par les prières de la servante de Dieu, voulut lui donner une forte somme d’argent, mais la bienheureuse la refusa catégoriquement. Le Lundi-Saint, dans une extase, Anna-Maria apprit qu’elle mourrait le Vendredi-Saint. Après avoir béni tous les siens, et les avoir remercié, elle rendit l’âme dans un cri de bonheur et de délivrance. Il semble que Dieu ait voulu montrer dans la personne de cette admirable bienheureuse, la possibilité d’allier des vertus éminentes et des dons surnaturels exceptionnels à la fidélité aux devoirs les plus humbles et les plus matériels de la vie commune. Le pape Benoît XV béatifia Anna-Maria Taïgi, le 30 mai 1920.
Martyrologe
A Nomentum (auj. La Mentana), dans la Sabine, l’anniversaire des saints frères et martyrs Prime et Félicien, sous les empereurs Dioclétien et Maximien. Ces glorieux martyrs, après avoir vécu fort longtemps dans le service du Seigneur, après avoir souffert les supplices les plus cruels, tantôt ensemble, tantôt séparément, furent tous deux mis à mort par le glaive sous Promote, préfet de Nomentum, et arrivèrent ainsi à l’heureux terme de leur combat. Les corps de ces deux martyrs transférés ensuite à Rome, ont été placés avec honneur dans l’église de saint Etienne premier martyr, sur le mont Cœlius.
A Agen, en Gaule, la passion de saint Vincent, diacre et martyr, qui, pour la foi du Christ, fut cruellement frappé de verges et décapité.
A Antioche, sainte Pélagie, vierge et martyre, à qui saint Ambroise et saint Jean Chrysostome décernent de grandes louanges.
A Syracuse, en Sicile, saint Maximien évêque, dont le pape saint Grégoire fait souvent mention.
A Andria, dans la Pouille, saint Richard, premier évêque de cette ville, illustre par ses miracles.
A Jona, île d’Ecosse, saint Colomba, prêtre et abbé.
A Edesse, en Syrie, le moine saint Julien, dont le diacre saint Ephrem a décrit les belles actions.
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