Sanctoral

 Saint Bruno, Confesseur

Bruno, fondateur de l’Ordre des Chartreux, naquit à Cologne. Dès le berceau, il montra de tels indices de sa sainteté future, par la gravité de ses mœurs, par le soin qu’il mettait, avec le secours de la grâce divine, à fuir les amusements frivoles de cet âge, qu’on pouvait déjà reconnaître en lui le père des moines, en même temps que le restaurateur de la vie anachorétique. Ses parents, qui se distinguaient autant par leur noblesse que par leurs vertus, l’envoyèrent à Paris, et il y fit de tels progrès dans l’étude de la philosophie et de la théologie, qu’il obtint le titre de docteur et de maître dans l’une et l’autre faculté. Peu après, il se vit, en raison de ses remarquables vertus, appelé à faire partie du Chapitre de l’Église de Reims. Quelques années s’étant écoulées, Bruno renonçant au monde avec six de ses amis se rendit auprès de saint Hugues, Évêque de Grenoble. Instruit du motif de leur venue, et comprenant que c’était eux qu’il avait vus en songe, la nuit précédente, sous l’image de sept étoiles se prosternant à ses pieds, il leur concéda, dans son diocèse, des montagnes très escarpées connues sous le nom de Chartreuse. Hugues lui-même accompagna Bruno et ses compagnons jusqu’à ce désert, où le Saint mena pendant plusieurs années la vie érémitique. Urbain II, qui avait été son disciple, le fit venir à Rome, et s’aida quelques années de ses conseils dans les difficultés du gouvernement de l’Église, jusqu’à ce que, Bruno ayant refusé l’archevêché de Reggio, obtint du Pape la permission de s’éloigner. Poussé par l’amour de la solitude, il se retira dans un lieu désert, sur les confins de la Calabre, près de Squillace. Ce fut là que Roger, comte de Calabre, étant à la chasse, le découvrit en prière, au fond d’une caverne où ses chiens s’étaient précipités à grand bruit. Le comte, frappé de sa sainteté, commença à l’honorer et à le favoriser beaucoup, lui et ses disciples. Les libéralités de Roger ne demeurèrent pas sans récompense. En effet, tandis qu’il assiégeait Capoue, Sergius, un de ses officiers, ayant formé le dessein de le trahir, Bruno, vivant encore dans le désert susdit, apparut en songe au comte et, lui découvrant tout le complot, le délivra d’un péril imminent. Enfin, plein de mérites et de vertus, non moins illustre par sa sainteté que par sa science, Bruno s’endormit dans le Seigneur et fut enseveli dans le monastère de Saint-Etienne, construit par Roger, où son culte est resté jusqu’ici en grand honneur.

Sainte Marie Françoise des Cinq Plaies de Notre Seigneur Jésus-Christ, Vierge, Tertiaire franciscaine

Anna-Maria-Rosa-Nicoletta Gallo vit le jour à Naples le 25 mars 1715. Son père s’appelait François et sa mère Barbe Basinsin. Ses parents étaient « peu fortunés » disent les PP. Bénédictins. Ils étaient « une famille de condition médiocre » disent les Petits Bollandistes. Elle prendra le nom de Marie-Françoise des cinq plaies de Notre-Seigneur Jésus-Christ lorsqu’elle entrera dans le Tiers ordre de Saint François d’Assise, sous la direction des Pères réformés et déchaussés de Saint Pierre d’Alcantara. Elle était assistée, d’une façon visible par son ange gardien. A quatre ans, elle suppliait qu’on l’emmène à la messe et se servait déjà d’instruments de pénitence. A cet âge, on la prenait déjà pour une Sainte. Mais son père, François, la mit rapidement à la fabrication de galons d’or. Comme elle était chétive, elle eut un crachement de sang avec une fièvre violente. On la mit alors à un travail moins pénible, elle quitta la navette pour, le fuseau et pour filer l’or. A l’âge de 16 ans, un riche jeune homme, charmé par sa conduite, demanda sa main. François, heureux de cette future union qui augmenterait le capital familial donna son accord sans celui de Marie-Françoise. Mais il s’entendit refuser : « Mon père, ne vous donnez pas cette peine, ne voulant rien connaître du monde, j’ai, depuis longtemps décidé de prendre l’habit des religieux du Tiers ordre de Saint François. » François, après avoir essayé de la dissuader, entra dans une violente colère, prit une corde et se mit à la frapper sans pitié. Barbe, la mère, dut intervenir en arrachant la corde des mains de son mari. Son père l’enferma dans une chambre où il la laissa plusieurs jours sans autre nourriture que du pain et de l’eau. Durant ce temps, Marie-Françoise pouvait prier tranquillement. Un Père Mineur de l’Observance réussit à convaincre François d’accepter le désir de sa fille d’entrer au service de Saint François. Ravie, Marie-Françoise baisa la main de son père et courut se faire mettre l’habit tant espéré. C’était le 8 septembre 1731, le jour de la nativité de la vierge. François s’apercevait bien de l’état de sa fille et se demandait s’il ne pourrait pas tirer profit d’un éventuel don de divination. Or, une dame riche, qui était enceinte, aurait bien voulu savoir si c’était d’un garçon ou d’une fille. François poussa Marie-Françoise à donner une réponse à la dame. Mais elle ne voulut pas passer pour une voyante qui dirait la bonne aventure. Alors le père entra en fureur et flagella Marie-Françoise jusqu’à ce que sa mère et sa soeur vinrent lui arracher le fouet. Sur les conseils de sa mère, elle s’enfuit de la maison et vint raconter ses misères à Don Jules Torno évêque du lieu. Il la raccompagna chez elle et fit les remontrances à François qui se calma. Pour la consoler, le Seigneur lui fit l’honneur de plusieurs apparitions. Sa mère mourut et son père voulut se remarier. Il fit peser sur Marie-Françoise tout le poids de l’entretien de la famille. Il lui menait la vie dure en répétant tout le temps « qui ne travaille pas ne mange pas ! » et exigeait d’elle qu’elle paya dix écus par ans. Son parrain subvenait à cette rente. Ses soeurs, moins patientes, allèrent trouver la femme que leur père désirait épouser et la persuadèrent de rompre avec lui. François cru que ce complot avait été perpétré par Marie-Françoise. Il entra en colère et quitta la maison en emportant tout. Sur l’injonction de son confesseur, elle prit un petit appartement, rue de la Coutellerie, et s’associa à soeur Marie-Félix de la Passion. Après maintes tribulations, Marie-Françoise, dénoncée comme suppôt de Satan, fut enfermée au Couvent dit du Bon-Chemin. Malgré cela, son père et ses soeurs vinrent l’y accabler d’injures. Il y avait avec eux une femme impudente envoyée par ses persécutrices. Cela fit scandale et les soeurs du Bon-Chemin prirent Marie-Françoise en grippe à tel point que l’une d’elle voulut la précipiter du haut d’un escalier et on lui jeta sur la figure une terrine de braises. Il faut dire qu’elles étaient jalouses de la réputation de Marie-Françoise. Puis, elle se mit à enfler des pieds à la tête. Sa santé s’altéra. Elle serait bien rentrée chez elle mais son confesseur s’y opposa. Elle vint alors habiter chez dame Candide Principe, épouse de Joseph de Mase. Elle commença à avoir de vives douleurs d’intestins. Comme un malheur ne va pas sans l’autre, elle apprit que son père allait mourir. Elle se mit à pleurer parce qu’elle réalisait qu’elle ne pouvait pas être au chevet de son père. En 1763, elle révéla que Naples allait être décimé par une grande famine et une grande peste. L’année suivante, elle fut atteinte par la maladie mais finit par se rétablir après plusieurs mois. Elle en sortit réduite à l’état de squelette. Elle pleurait jour et nuit en étant si dérangée d’esprit qu’elle avait un besoin constant de la présence de son confesseur Jean Pessiri. Il résolut d’ailleurs de venir habiter la maison de la Sainte. C’était plus pratique pour lui. Elle eut alors une « ébullition du sang ». Ses médecins lui firent prendre inutilement des bains froids puis lui pratiquèrent une saignée au pieds. Mais le chirurgien la blessa maladroitement, ce qui fit souffrir horriblement Marie-Françoise en lui provoquant des spasmes. Le pied devint rouge, il fallut taillader dans les chairs car la gangrène s’y était mise. Elle attrapa une toux violente suivie de vomissements de sang. Pour l’adoucir, elle dut porter un collier de plomb pendant douze ans. Elle disait alors « Le Seigneur m’a orné, comme son épouse, d’un collier de perles ! » Finalement, elle eut les stigmates du Christ : plaies aux deux mains, plaies aux deux pieds et plaie sur le côté gauche, là où est le coeur. En 1789, l’Archange Raphaël lui apparut il était d’une beauté extraordinaire. Marie-Françoise resta sans voix. Il lui annonça qu’il était envoyé pour la guérir de sa plaie au côté. Quand elle visitait les hôpitaux, elle aimait beaucoup passer du temps près des malades les plus repoussants et surtout ceux qui avaient des maladies contagieuses. Puis elle se mit à sentir bon de temps à autres, et ce qu’elle touchait gardait son parfum. On remarqua qu’elle sentait bon surtout aux fêtes de la Vierge et les vendredis de mars où elle souffrait la passion du Christ. L’état de Marie-Françoise s’aggravant de plus en plus, on l’envoya, en 1791, prendre un « bol d’air » à la campagne. Mais le résultat fut qu’elle se mit à tousser plus violemment et fut la victime de deux hernies étranglées qui provoquèrent des graves vomissements. Elle revint à Naples pour y subir une opération. Ensuite, elle eut de vives douleurs à un pied. On pria pour elle et la douleur se calma. Mais elle eut alors d’horribles convulsions par tout le corps. Ses pieds et ses jambes s’enflèrent. Elle dut passer des jours et des nuits sur une chaise sans pouvoir dormir. Comme elle se préparait à la fête de la Nativité de la Vierge, elle fut prise d’une telle crampe d’estomac qu’on aurait cru qu’elle était transpercée par un glaive. Le 11 septembre, elle reçut l’extrême onction. Le 13, elle entra en extase et vit s’élever devant elle une grande croix nue. La maladie continua son cours et elle entra en agonie. Le matin, on la fit communier. Elle retrouva toutes ses facultés et entra en extase. Elle dit « Madona… Voici que ma mère vient au-devant de moi ! » Puis elle pâlit. Don Pessiri alluma un cierge bénit et lui donna une dernière absolution. Il saisit alors un crucifix : « Soeur Marie-Françoise », lui dit-il, « baisez les pieds de votre époux mort pour nous sur la croix ! » Soulevant la tête, la mourante colla ses lèvres sur les pieds de son sauveur, et après les avoir tendrement baisés, retombant sur son oreiller, elle expira. Dès qu’elle sut la mort de la Sainte la piété napolitaine entra en éruption. La foule se rua pour emporter une relique. Il fallut appeler les soldats de la garde royale et porter le corps dans une chapelle fermée avec une grille de fer. On faisait toucher à la défunte les objets que présentait la foule assiégeante.

Martyrologe

Au monastère de la Tour, diocèse de Squillace en Calabre, saint Bruno, confesseur, fondateur de l’Ordre des Chartreux.

A Laodicée, en Phrygie, le bienheureux Sagaris, évêque et martyr, l’un des anciens disciples de l’Apôtre Paul.

A Auxerre, saint Romain, évêque et confesseur.

A Capoue, l’anniversaire des saints martyrs Marcel, Caste, Emile et Saturnin.

A Trèves, la commémoraison d’une multitude pour ainsi dire innombrable de martyrs, qui, durant la persécution de Dioclétien, sous le préfet Rictiovare, souffrirent divers genres de mort pour la foi du Christ.

A Agen, en Gaule, l’anniversaire de sainte Foi, vierge et martyre, dont l’exemple encouragea au martyre le bienheureux Caprais, qui, lui-même, acheva heureusement son combat le 13 des calendes de novembre (20 octobre).

De même, sainte Erotide martyre. Embrasée de l’amour du Christ, elle supporta patiemment le supplice du feu.

A Oderzo, aux confins de la Vénétie, saint Magne évêque, dont le corps repose à Venise.

A Naples, en Campanie, la mise au tombeau de sainte Marie Françoise des Cinq Plaies de Notre Seigneur Jésus-Christ, vierge, du Tiers Ordre de saint François : remarquable par ses vertus et ses miracles, elle a été inscrite au nombre des saintes Vierges par le pape Pie IX.

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