De la férie : messe du mardi de la troisième semaine de Carême
La Station est dans l’Église de sainte Pudentienne, petite-fille du sénateur Pudens. Cette vierge illustra Rome chrétienne au IIe siècle par sa piété, sa charité et son zèle à ensevelir les corps des Martyrs. Son église est bâtie sur l’emplacement de la maison qu’elle habitait avec son père et sa sœur sainte Praxède, maison qui avait été, sous son aïeul, honorée de la présence de saint Pierre. Le mystère de cette lecture est facile à saisir. Le créancier de l’homme est Satan, à qui nos péchés ont donné sur nous d’immenses droits. Le seul moyen de nous acquitter est l’huile, c’est-à-dire la miséricorde, dont l’huile est le symbole par sa douceur. « Heureux ceux qui sont miséricordieux : car ils obtiendront eux-mêmes miséricorde » En ces jours de salut, préparons donc notre réconciliation par notre empressement à soulager nos frères, joignant l’aumône au jeûne, et pratiquant les œuvres de miséricorde. Par ce moyen, nous déchirons le cœur de Dieu ; et nous remettant lui-même notre dette, il enlèvera à Satan le titre qu’il s’apprêtait à faire valoir contre nous. Profitons de l’exemple de cette femme de l’Écriture : c’est loin des regards des hommes qu’elle remplit ses vases de l’huile mystérieuse ; fermons aussi notre porte pour faire le bien ; et « que notre main gauche ignore ce qu’aura fait notre main droite ». Observons encore ceci : l’huile ne s’arrête que lorsqu’il n’y a plus de vases à remplir. Ainsi notre miséricorde envers le prochain doit être proportionnée à nos moyens d’action. Dieu les connaît, et il ne veut pas que nous restions en deçà de ce que nous pouvons faire. Soyons donc larges en ce saint temps, et prenons la résolution de l’être toujours. Quand les ressources matérielles nous manqueront, soyons encore miséricordieux par nos désirs, par nos instances auprès des hommes, par nos prières auprès de Dieu.
La miséricorde que le Seigneur veut voir en nous ne consiste pas seulement à répandre l’aumône corporelle et spirituelle dans le sein des malheureux ; elle embrasse encore le pardon et l’oubli des injures. C’est ici que Dieu nous attend pour éprouver la sincérité de notre conversion. « La mesure dont vous aurez usé envers les autres, dit-il, sera celle dont on usera envers vous. » Si nous pardonnons du fond du cœur à nos ennemis, le Père céleste nous pardonnera sans restriction à nous-mêmes. En ces jours de réconciliation, efforçons-nous de gagner nos frères, comme dit le Seigneur ; et pour cela, pardonnons, quand bien même il le faudrait faire septante fois sept fois. Nos rixes d’un jour sur le chemin de l’éternité ne doivent pas nous faire manquer le terme du voyage. Remettons donc les torts et les injures, et imitons la conduite de Dieu lui-même à notre égard. Remarquons encore dans notre Évangile ces paroles qui sont le fondement de notre espérance, et qui doivent retentir jusqu’au fond de nos cœurs reconnaissants : Tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Quel nombre immense de pécheurs vont faire l’expérience de cette heureuse promesse ! Ils confesseront leurs péchés, ils offriront à Dieu l’hommage d’un cœur contrit et humilié ; et au moment où le prêtre les déliera sur la terre, la main de Dieu au ciel les dégagera des liens qui les tenaient enchaînés pour les supplices éternels.
Enfin, n’oublions pas non plus cette autre parole qui est liée à la précédente : Si quelqu’un n’écoute pas l’Église, qu’il vous soit comme un païen et un publicain. Qu’est-ce donc que cette Église dont il est parlé ici ? Des hommes auxquels Jésus-Christ a dit : Qui vous écoute m’écoute ; qui vous méprise me méprise ; des hommes par la bouche desquels la vérité, qui seule peut sauver, arrive à l’oreille du Chrétien ; des hommes qui seuls sur la terre peuvent réconcilier le pécheur avec Dieu, lui fermer l’enfer et lui ouvrir le ciel. Devons-nous donc nous étonner après cela que le Sauveur, qui les a voulus pour ses intermédiaires entre lui et les hommes, menace de regarder comme un païen, comme un homme sans baptême, celui qui ne reconnaît pas leur autorité ? En dehors de leur enseignement, point de vérité révélée ; en dehors des Sacrements qu’ils administrent, point de salut ; en dehors de la soumission aux lois spirituelles qu’ils imposent, point d’espérance en Jésus-Christ.
Sanctoral
Saint Jean-Joseph de la Croix, Prêtre, Premier Ordre Franciscain
Saint Jean-Joseph de la Croix naquit dans l’île d’Ischia, près de Naples, le jour de l’Assomption, 1654. Tout enfant, il aimait la retraite, le silence et la prière, et fuyait les jeux de son âge, aimant mieux consacrer le temps de ses récréations à visiter des églises et à y adorer le Sauveur. Marie avait, après Jésus, toute sa prédilection; il dressa dans sa chambre un petit autel, récitait chaque jour les offices de la Mère de Dieu et jeûnait en Son honneur tous les samedis et aux vigiles de Ses fêtes. Dès ce temps, il aimait les pauvres au point de leur distribuer tout l’argent dont il pouvait disposer. A cet âge où l’enfant suit si facilement les premiers mouvements de la colère, on le vit, un jour, se mettre à genoux dans la boue et réciter le Pater pour un de ses frères qui l’avait souffleté. C’est à dix-sept ans qu’il entra chez les Frères Mineurs réformés de Saint-Pierre d’Alcantara. A dix-neuf ans, il s’acquitta avec succès des missions les plus difficiles; à vingt-quatre ans, il était Maître des novices, puis Gardien d’un couvent; mais il n’accepta jamais les honneurs qu’avec une humble crainte et les quitta toujours avec joie.
Sa mortification la plus extraordinaire fut une longue croix d’un pied environ, garnie de pointes aiguës, qu’il s’attachait sur les épaules au point qu’il s’y forma une plaie inguérissable. Il en portait une autre plus petite, sur la poitrine. Rarement il dormait, et pendant trente ans, il s’abstint de toute espèce de liquide. Il aimait Dieu d’un ardent amour: « Quand il n’y aurait ni Ciel ni enfer, disait-il, je voudrais néanmoins aimer Dieu toujours. » Sa charité pour les pauvres fut plusieurs fois l’occasion de multiplication de pains; son dévouement pour les malades le porta à demander à Dieu de faire retomber sur lui les souffrances des autres, demande qui fut quelquefois exaucée. Dieu opérait de nombreuses merveilles par les mains de ce fidèle disciple de saint François d’Assise et de saint Pierre d’Alcantara. Prophéties, visions, extases, présence en deux lieux à la fois, sont des preuves étonnantes de sa sainteté. Il fut proclamé saint le 26 mai 1839 par le pape Grégoire XVI.
Martyrologe
A Antioche, l’anniversaire de saint Phocas martyr. Après de nombreux outrages subis pour le nom du Rédempteur, il triompha heureusement de l’antique serpent; ce qui est confirmé actuellement encore aux yeux des populations par le fait que quiconque, ayant été mordu par un serpent, vient toucher avec foi la porte de la basilique du martyr, se trouve aussitôt guéri, le venin perdant alors toute sa force.
A Césarée de Palestine, saint Adrien martyr. Durant la persécution de l’empereur Dioclétien et par ordre du préfet Firmilien, il fut d’abord exposé à un lion, à cause de sa foi au Christ, puis on lui perça la gorge d’un coup d’épée et il reçut ainsi la couronne du martyre.
Le même jour, la passion de saint Eusèbe, officier du palais, et de neuf autres martyrs.
A Césarée de Palestine, saint Théophile évêque, qui, sous l’empereur Sévère, se rendit remarquable par sa sagesse et l’intégrité de sa vie.
Sur le bord du Jourdain, également en Palestine, saint Gérasime, anachorète et abbé, qui fut célèbre au temps de l’empereur Zénon.
A Naples, en Campanie, la mise au tombeau de saint Jean Joseph de la Croix, prêtre de l’Ordre des Frères Mineurs et confesseur. Par son zèle il fut l’émule des saints François d’Assise et Pierre d’Alcantara, et ajouta une nouvelle gloire à l’Ordre séraphique. Il a été inscrit au catalogue des saints par le pape Grégoire XVI.
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