Sanctoral
Saint Guillaume de Verceil, Abbé, Fondateur de la Congrégation des Ermites
Ancienne et fameuse ville de Lombardie, Verceil servit de berceau à saint Guillaume. Illustres par la noblesse de leur sang, son père et sa mère étaient encore plus respectables par la sainteté de leur vie. Guillaume perdit ses parents dès son enfance et vécut sous la conduite d’un de ses parents qui prit grand soin de son éducation. A quinze ans, le pieux adolescent résolut de mener une vie pénitente et entreprit le pèlerinage de St-Jacques de Compostelle, en Galice, comme on nommait alors l’Espagne. Il voyageait les pieds nus, revêtu d’un simple habit de pèlerin. Durant ce long voyage, Guillaume souffrit la faim, la soif, avec toutes sortes d’incommodités. Son amour de la mortification lui inspira cependant de faire confectionner deux cercles de fer qu’il appliqua sur sa chair nue. Dieu révéla au jeune pénitent qu’Il l’appelait à la vie solitaire dans laquelle il pratiquerait la vertu avec plus de perfection. Obéissant à cette céleste inspiration, Guillaume de Verceil quitta son pays afin de trouver moins d’obstacle à son projet. Il se retira au royaume de Naples, sur une montagne déserte où il pratiqua des abstinences et des austérités presque incroyables. Saint Guillaume ne jouit pas longtemps de cette douce solitude, car une foule de personnes attirées par sa réputation de sainteté et le désir de recevoir ses instructions, se mirent à le visiter fréquemment. Plusieurs prêtres séculiers ravis de ses entretiens spirituels le supplièrent de les admettre au nombre de ses disciples. En l’an 1119, sous le pontificat de Calixte II, saint Guillaume de Verceil commença donc l’établissement de la Congrégation, dite du Mont-Vierge. Animés par les ardentes exhortations de leur saint fondateur, les nouveaux religieux embrassèrent la pratique de la vertu avec une ferveur indescriptible. Vivant dans une parfaite concorde, ils avançaient à grands pas dans le chemin de la perfection, lorsque le démon excita en eux un esprit de murmure contre saint Guillaume, à cause de l’austérité des Règles qu’il leur prescrivait.
Comme l’esprit de critique et de rébellion animait de plus en plus ses religieux, le Saint jugea que sa présence leur devenait plutôt désavantageuse qu’utile et décida de se retirer. Après avoir quitté le Mont-Vierge, saint Guillaume fonda plusieurs monastères tant d’hommes que de femmes, en divers endroits du royaume de Naples. Ainsi, la sourde persécution fomentée contre le saint fondateur, servit à étendre davantage le nouvel Ordre qu’il avait institué. Le but de son institut consistait principalement et avant tout, dans l’exercice d’une vie pénitente et mortifiée. C’est pourquoi il interdit à ses enfants spirituels l’usage du vin, de la viande et de toutes sortes de laitage. Il ordonna aussi que ses religieux mangeraient des herbes crues avec un peu de pain pendant trois jours de la semaine. Roger Ier, roi de Naples, désirait vivement s’entretenir avec saint Guillaume de Verceil; il le fit donc venir à sa cour. Sa conversation tout angélique l’édifia tellement qu’il ordonna de bâtir un couvent de son Ordre à Salerne, juste en face de son palais, afin de pouvoir jouir plus souvent de ses célestes entretiens et de ses sages avis. Saint Guillaume profita de son influence pour porter le roi à la pratique de la vertu et lui rappeler ses importants devoirs. Il exhortait les grands seigneurs de la même façon, tâchant de leur inspirer l’horreur du péché et l’amour de la piété.
Comme la dévotion trouve des ennemis partout, quelques courtisans persuadèrent le roi Roger d’éprouver la vertu du Saint, qui n’était selon eux, que pure hypocrisie. On chargea une courtisane de le solliciter au mal et de le faire tomber dans le péché. Saint Guillaume feignit d’abord d’acquiescer à ses honteuses propositions et la pria de revenir vers le soir. La courtisane se félicitait de sa réussite, mais lorsqu’elle retourna chez le Saint, elle resta fort perplexe en le voyant se coucher sur un lit de charbons ardents tout en l’invitant à faire de même. Ce prodige bouleversa tellement cette misérable femme, que fondant en larmes, elle demanda pardon au serviteur de Dieu en se prosternant jusqu’à terre. D’infâme pécheresse, elle devint abbesse d’un couvent de religieuses fondée par saint Guillaume, à Venosa. Elle est connue sous le nom de la bienheureuse Agnès de Venosa. Saint Guillaume de Verceil apprit par révélation qu’il irait bientôt recevoir la récompense de ses travaux. Il en avertit le roi et lui recommanda la pratique des instructions données. Pour mieux se préparer à son prochain départ pour le ciel, il se retira au monastère de Guglieto. Lorsque l’heureux jour arriva, le 25 juin de l’an du salut mil cent quarante-deux, saint Guillaume se fit transporter à l’église, et là, couché sur la terre nue, il exhorta ses religieux à la persévérance et rendit paisiblement son âme à Dieu. Son corps fut inhumé dans l’église où il exhala son dernier soupir. Depuis ce temps, cette église a changé son nom de St-Sauveur, pour celui de St-Guillaume.
Saint Prosper d’Aquitaine, Docteur de l’Église
Saint Prosper naquit dans l’Aquitaine, au commencement du Vème siècle ; nous le connaissons surtout par ses excellents ouvrages, car ce savant homme semble avoir passé sa vie la plume à la main, dans les controverses contre les hérétiques. Il s’était évidemment appliqué à l’étude des belles-lettres et surtout à l’intelligence de la Sainte Écriture. Chez Prosper, à la science se joignait la vertu, et un auteur contemporain, faisant de lui les plus grands éloges, l’appelle homme saint et vénérable. Les semi-pélagiens, en particulier, eurent en lui l’un de leurs plus redoutables adversaires. Son érudition et sa sainteté le rendirent célèbre dans toute l’Église, et saint Léon le Grand qui se connaissait en mérite, ne fut pas plutôt élevé au suprême pontificat, qu’il attira Prosper à Rome pour faire de lui son secrétaire et se servir de lui, comme saint Damase avait fait de saint Jérôme, pour répondre aux questions qui lui étaient adressées de tout l’univers chrétien. Plusieurs historiens croient même que le fond de l’admirable lettre de saint Léon sur l’Incarnation du Verbe est de la composition de saint Prosper, et que le grand Pape n’a fait qu’y mettre son style. Le Saint n’était pas moins habile dans les sciences humaines que dans les sciences ecclésiastiques, surtout dans les mathématiques, l’astronomie et chronologie.
Prosper était laïc, mais il se jeta avec ardeur dans les controverses religieuses de son époque, pour la défense et la propagation de la pensée d’Augustin. Dans son « De omnium gentium vocatione » (« L’Appel de toutes les nations»), dans lequel la question de l’appel des Gentils est examinée à la lumière de la doctrine de la grâce d’Augustin, Prosper apparaît comme le premier des augustinistes médiévaux. Son principal ouvrage est le « De gratia Dei et libero arbitrio » (432), écrit contre le « Collatio » de Jean Cassien. Il a également poussé le pape Célestin à publier une lettre ouverte aux évêques de Gaule, « Epistola ad episcopos Gallorum » contre certains membres de l’Église de Gaule. Il avait déjà ouvert une correspondance avec saint Augustin, avec son ami Hilaire (qui n’est pas Hilaire d’Arles), et bien qu’il n’ait pu le rencontrer physiquement, son enthousiasme pour le grand théologien le conduit à faire une version abrégée de son commentaire sur les Psaumes, ainsi qu’une collection de phrases extraites de ses œuvres, sans doute la première compilation dogmatique de ce genre, dans lequel le « Liber Sententiarum » de Pierre Lombard est l’exemple le plus connu. Il a également versifié en 106 épigrammes, quelques-uns des dits théologiques d’Augustin.
Beaucoup plus important historiquement est l’« Epitoma Chronicon » (qui couvre la période de 379 à 455) que Prosper a d’abord composé en 433 et complété plusieurs fois, jusqu’en 455. En l’absence d’autres sources, il est très précieux pour la période de 425 à 455, tirée de l’expérience personnelle de saint Prosper. Par rapport à ses continuateurs, Prosper donne un exposé détaillé des événements politiques. Il couvre les invasions d’Attila de la Gaule (451) et l’Italie (452). Il y a eu cinq éditions différentes, la dernière datant de 455, juste après la mort de Valentinien III.
Bienheureux Benvenute de Gubbio, frère convers, Premier Ordre Franciscain
Dans la ville ombrienne de Gubbio, au nord d’Assise, vivait un chevalier nommé Benvenute, qui avait acquis une grande renommée martiale grâce à sa bravoure. Lorsque saint François vint à Gubbio en 1222 pour prêcher dans ces environs, Benvenute le vit et l’écouta avec étonnement. Son esprit martial prenait un grand plaisir à la parfaite mortification et au mépris du monde du saint.
La grâce de Dieu toucha tellement son cœur qu’au bout de quelques jours, Benvenute se présenta à saint François en tenue complète de chevalier et le supplia humblement de l’admettre comme frère convers. François a toujours eu une grande estime pour les soldats qui se distinguaient par leur obéissance, leur abnégation et leur courage intrépide, car il considérait une telle formation comme une très bonne préparation à la vie religieuse. Comme Benvenute manifestait en plus de ces bonnes qualités une très profonde humilité, François reconnut en lui le véritable soldat de Jésus-Christ et le reçut avec joie parmi ses frères.
Vêtu d’un vêtement pauvre et ceint d’une corde, on voyait maintenant le majestueux guerrier se vaincre héroïquement. Les plus pauvres en vêtements, en logement et en nourriture étaient son choix. La pureté de son cœur brillait dans son visage et dans toute son apparence extérieure. Il semblait n’avoir aucune volonté propre, tant il était parfait dans l’obéissance à tout moment.
Saint François le charge de soigner les malades dans une léproserie. Il avait, en vérité, des occasions quotidiennes et horaires de pratiquer la charité héroïque et l’abnégation. Mais on voyait toujours Benvenute servir les patients, même les plus repoussants d’entre eux, avec un dévouement et un soin si joyeux, comme s’il servait son divin Seigneur. Par ailleurs très sérieux et réservé, il était très sociable lorsqu’il parlait aux malades et aux déprimés pour leur remonter le moral.
Benvenute était également favorisé par Dieu avec un haut degré de contemplation. Parfois, il passait des nuits entières en prière, implorant Dieu avec des larmes brûlantes pour la conversion des pécheurs. Il entretenait envers le Saint-Sacrement une dévotion ardente et pleine de foi vive, et fréquemment notre Seigneur Plongeur descendait dans ses bras sous la forme d’un charmant enfant. Il avait également une dévotion toute particulière envers Marie, la Bienheureuse Mère de Dieu.
Afin de purifier plus complètement son âme et d’augmenter son mérite, Dieu a permis que le bienheureux Benvenute de Gubbio soit atteint d’une grave maladie, après avoir lui-même soigné les malades pendant de nombreuses années. De même que sa charité active édifiait autrefois tout le monde, de même sa patience et sa parfaite résignation à la sainte volonté de Dieu le faisaient maintenant à un plus grand degré. Le bienheureux Benvenute de Gubbio est décédé dix ans après son entrée dans l’ordre, le 27 juin 1232, dans la ville de Corneto.
D’étonnants miracles accomplis sur la tombe du bienheureux Benvenute de Gubbio témoignèrent de sa sainteté et attirèrent un grand concours de pèlerins, de sorte que quelques années seulement après sa mort, le pape Grégoire IX sanctionna sa vénération publique à Corneto et dans les environs. Le pape Innocent XI a étendu la dévotion à tout l’Ordre franciscain en 1697.
Martyrologe
Au territoire de Goleto, près de Nusco, saint Guillaume confesseur, père des Ermites du Mont Vierge (en Campanie).
A Bérée (auj. Alep), l’anniversaire de saint Sosipatre, disciple du bienheureux apôtre Paul.
A Rome, sainte Lucie, vierge, avec vingt-deux autres martyres.
A Alexandrie, saint Gallican martyr, personnage consulaire qui avait reçu les honneurs du triomphe et était en faveur auprès de l’empereur Constantin. Converti à la foi par les saints Jean et Paul, il se retira avec saint Hilarin dans la ville d’Ostie, où il se donna tout entier à l’hospitalité et au service des infirmes. Ce fait fut partout connu et on vint alors de tous côtés pour voir un homme naguère patrice et consul, laver maintenant les pieds des pauvres, dresser leur table, verser l’eau sur leurs mains, servir avec soin les malades, s’appliquer aux autres exercices de la piété chrétienne. Dans la suite, sous Julien l’Apostat, il fut chassé de cette ville, se rendit à Alexandrie, où le juge Raucien voulut le contraindre à sacrifier aux idoles, et voyant ses efforts méprisés, le fit mourir par le glaive et le rendit ainsi martyr du Christ.
A Sibapolis, en Mésopotamie, sainte Fébronie, vierge et martyre. Durant la persécution de Dioclétien et sous le juge Silène, pour avoir voulu conserver sa foi et sa chasteté, elle fut d’abord battue de verges et tourmentée sur le chevalet; ensuite déchirée avec des peignes de fer et éprouvée par le feu; enfin ayant eu les dents brisées, puis les seins et les pieds coupés, on lui trancha la tête. Parée de ces souffrances comme d’autant d’ornements, elle monta vers l’époux.
A Reggio d’Emilie, évêque de cette ville. Saint Prosper d’Aquitaine, remarquable par son érudition et sa piété, il combattit généreusement contre les pélagiens pour la défense de la foi catholique.
A Turin, l’anniversaire de saint Maxime, évêque et confesseur, très célèbre par sa science et sa sainteté.
En Hollande, saint Adalbert confesseur, disciple de l’évêque saint Willibrord.
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