Le media Times of Israël a publié un long article rappelant que Manuel Valls est le candidat favori de la communauté juive pour l’élection présidentielle.

(…) Manuel Valls pourrait bénéficier d’un soutien sans faille de la communauté juive française lors de cette primaire socialiste. Contrairement à certains de ses adversaires remarqués pour leurs positions pro-palestiniennes – comme Benoit Hamon , on peut le considérer comme ami fidèle et sincère des Juifs de France et d’Israël.

En début de semaine, à l’occasion des commémorations des attentats de janvier 2015, Manuel Valls participait à l’hommage aux victimes de l’Hyper Cacher, rappelant qu’il ne fallait « jamais oublier la montée de l’antisémitisme et du racisme » dans le pays.

« Je ne veux plus entendre, dans mon pays, dans ce beau pays qu’est la France, des Juifs exprimer leurs peurs ou des musulmans leur honte et voir ces affrontements, ces confrontations. Nous avons besoin de nous rassembler », expliquait-il.

Avant même son entrée au gouvernement, Manuel Valls se montrait déjà proche de la communauté juive française et engagé contre l’antisémitisme, prononçant régulièrement des discours dans des synagogues ou lors d’évènements organisés par des associations juives communautaires. Ainsi, en 2011, lors d’une conférence-débat organisée par la radio Judaica Strasbourg, il déclarait : « Ma famille est profondément liée à Vladimir Jankélevitch, qui a écrit le plus beau livre qu’on puisse écrire sur L’imprescriptible et la Shoah ; par ma femme [Anne Gravoin, violoniste de confession juive], je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël… »

Lors de son mariage l’année précédente, il avait déjà mis en avant son lien qui l’unissait désormais à la communauté dont est issue la famille de sa femme.

En septembre 2012, à l’occasion de Rosh HaShana, alors ministre de l’Intérieur et des Cultes, il affirmait que les Juifs de France pouvaient « porter avec fierté leur kippa ». « L’attachement charnel des Juifs de France pour leur pays ne saurait évidemment empêcher que des liens les unissent à la terre d’Israël », poursuivait-il.

Dans un entretien avec le journal Information juive publié le mois suivant, il déclarait : « La France a une part juive incontestable. »

Plus tard, en mars 2014, lors d’un hommage aux victimes du terroriste Mohamed Merah, il présentait la communauté juive de France comme « à l’avant-garde de la République et de ses valeurs » et scandait : « Juifs de France, sans vous, la France n’est plus la France ! »

Une affirmation qu’il avait déjà corroborée quelques mois auparavant et qu’il continue à affirmer. « Ici, dans cette terre de France, le judaïsme a trouvé des racines profondes. Juif et Français : l’un ne va pas sans l’autre », avait-il notamment déclaré lors d’un dîner du CRIF.

Avec ces prises de positions, Manuel Valls a bien sûr attiré la sympathie de représentants de la communauté.

Interrogé en 2014 par la Jewish Telegraphic Agency (JTA), Roger Cukierman, président du CRIF, déclarait à son égard que les Français juifs étaient « chanceux d’avoir un leadership qui est parfaitement attentif aux besoins de la communauté ».

« Manuel Valls a mis des mots sur le sentiment d’abandon qui était le nôtre depuis quelques années, et que personne ne comprenait », soulignait quant à lui Haïm Korsia, grand rabbin de France, dans des propos rapportés par L’Express.

Joël Mergui, président du Consistoire, disait lui qu’il a « toujours été exemplaire. [Il est] le premier à porter de façon aussi claire le diagnostic d’islamisme radical. Sans lui, aujourd’hui, les départs pour Israël seraient probablement beaucoup plus nombreux. »

(…) Début 2014, l’homme politique s’est d’ailleurs illustré dans un bras de fer avec l’un des plus célèbres de ces activistes : Dieudonné M’Bala M’Bala. Afin de faire annuler les représentations de son nouveau spectacle « Le Mur », Valls faisait parvenir une circulaire aux préfets français dans laquelle il avançait que « la lutte contre le racisme et l’antisémitisme est une préoccupation essentielle du gouvernement et exige une action énergique ». « [Le show du polémiste contient] des propos antisémites et infamants à l’égard de plusieurs personnalités de confession juive […] et des atteintes virulentes et choquantes à la mémoire des victimes de la Shoah. »

« Le message insoutenable que les propos de M. Dieudonné véhiculent est parfaitement compréhensible de la plupart des spectateurs », poursuivait-il, indiquant que « le respect de la liberté d’expression ne [faisait] pas obstacle à ce que, à titre exceptionnel, l’autorité investie du pouvoir de police interdise une activité si une telle mesure est seule de nature à prévenir un trouble à l’ordre public. »

(…) En plus d’être « politique » et « personnel », ce nouveau combat entrait dans le cadre de sa lutte plus générale contre le racisme, l’antisémitisme et l’extrême droite radicale : quelques mois plus tôt, il avait fait dissoudre les groupuscules de l’Œuvre française et des Jeunesses nationalistes suite à la mort de Clément Méric.

(…) Valls avait été accusé par Nicolas Anelka, ancien footballeur international français, Roland Dumas, ancien ministre socialiste, et par des sites d’extrême droite d’être sous l’influence de sa femme concernant Israël et dans son combat contre Dieudonné.

Au fil des années et des soubresauts de sa carrière politique, en plus de ses engagements contre l’antisémitisme et de son amitié avec la communauté juive française, Manuel Valls a longtemps fait preuve d’un soutien indéfectible mais aussi équivoque envers Israël.

En 2010, dans le journal Le Monde, accompagné notamment de François Hollande et d’Anne Hidalgo, il cosignait une tribune titrée « Le boycott d’Israël est une arme indigne ».

« Au vu de [la] charte [du collectif Boycott, désinvestissement, sanctions], tout ce qui est israélien serait coupable, ce qui donne l’impression que c’est le mot même d’Israël que l’on souhaite, en fait, rayer des esprits et des cartes. L’illégalité de la démarche ne fait pas de doute et la justice française ne tardera pas à la confirmer. […] Nous sommes convaincus que les boycotteurs se trompent de combat en prenant le parti de la censure plutôt que celui de la paix, celui de la séparation plutôt que celui de la possible et nécessaire coexistence – celui, en un mot, de la haine et non de la parole et de la vie partagées », annonçait le texte, qui décrivait les partisans du mouvement comme « des saboteurs et des naufrageurs d’espérance ». Farouchement opposé au boycott, il n’a depuis cessé de rappeler cet engagement et a songé à prendre des mesures contre le mouvement. « Je pense que nous allons prendre des dispositifs – mais toujours dans l’Etat de droit – qui doivent montrer que ça suffit, et qu’on ne peut pas tout se permettre dans notre pays. J’en parlerai, et j’en ai déjà parlé avec le ministre de l’Intérieur », annonçait-il en janvier 2016, suite à une manifestation du collectif BDS devant l’Opéra Garnier où se produisait une compagnie de danse israélienne.

« Il y a trop souvent dans ces initiatives la volonté de confondre la critique légitime de la politique de l’État d’Israël avec l’antisionisme, et l’antisionisme qui bascule dans l’antisémitisme », déclarait-il peu avant, interrogé à l’Assemblée nationale par le député Meyer Habib, tout en restant néanmoins évasif sur l’étiquetage des produits israéliens.

(…) En 2011, au micro d’Europe 1, quelques mois après la publication de la tribune anti-boycott, il s’opposait également à la reconnaissance de l’État palestinien par l’ONU « dans les conditions actuelles ».

Accusé par Jean-Pierre Elkabbach de « parler comme Netanyahu », il expliquait « qu’imposer un dispositif, une solution qui braque Israël et qui empêche véritablement le dialogue et donc la construction d’un processus de paix » n’était pas la « meilleure solution ».

En mars 2012, lors du premier congrès des communautés juives, Manuel Valls qualifiera notamment de « légitime » l’attachement à la terre d’Israël, qui est un « foyer spirituel pour les Juifs du monde entier ».

Lors du premier congrès des Amis d’Israël le mois suivant, il déclare : « Au regard du chemin parcouru par l’État d’Israël, disons-le une fois pour toute, Israël existe et Israël existera. »

En juillet, participant à l’inauguration de l’Allée des Justes à Strasbourg, il s’engage à « combattre l’antisionisme, cet antisémitisme qui vise à nier Israël » et se dit « fier de faire partie d’un gouvernement qui veut bâtir une amitié forte avec Israël ».

Une affirmation qu’il renouvellera lors d’un gala de soutien à Radio J en novembre, où il se dit « absolument engagé pour Israël ».

Malgré ces propos pro-israéliens, il fut un temps où l’ancien maire d’Evry adoptait une position très critique de l’État hébreu. Ainsi, en 2002, il appelait à suspendre l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël. « Il faut qu’Israël respecte les résolutions de l’ONU, annonçait-il. Pour cela, le rapport de forces est indispensable et donc oui, il faut amener les parlements et les gouvernements à suspendre l’accord d’association Union européenne-Israël, ce qui aurait effectivement un écho énorme en Israël et en Palestine. » En 2006, adossé face à un pupitre décoré du drapeau palestinien lors d’une cérémonie commémorant la « Journée de la Terre », organisée par l’association Evry Palestine et sa municipalité, il dénonçait « l’édification d’un mur honteux, la poursuite de la colonisation, le sort des prisonniers, l’absence de dialogue, l’humiliation, bref des événements qui ne vont pas dans le sens de la paix. »

 « Il est plus que nécessaire de souligner l’urgence de la création d’un État, d’une patrie viable, concrète, réelle, pour les Palestiniens », concluait-il. La même année, sa ville était jumelée avec le camp de réfugiés de Khan Younès, à Gaza.

Simple opportunisme politique ou sincères convictions, avant de finalement changer radicalement de position quelques années plus tard ?

(…) Dans le cas où Manuel Valls venait à remporter la primaire de son parti puis l’élection présidentielle du printemps prochain, une clarification de ses positions sur ces différents dossiers moyen-orientaux sera attendue par de nombreux membres de la communauté juive française, qui voient en lui leur favori.

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