Avec prés de 40% des voix, le parti anti-immigration, « Droit et Justice » a acquis les moyens de prendre en main le pays sans faire d’alliance. Le futur nouveau Premier Ministre, Beata Szydlo, gouvernera avec une majorité estimée de 240 sièges sur 460. Pour la première fois depuis la chute du communisme le pays sera dirigé par un seul parti. Avec l’élection en mai dernier d’Andrzej Duda comme président, les identitaires tiennent pratiquement toutes les commandes du pouvoir en Pologne, sauf la défense, dont l’emprise US sort renforcée par ce scrutin.
Les conservateurs catholiques du parti eurosceptique, catholique, anti-immigration et pro-américain: Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski ont obtenu la majorité absolue aux élections législatives polonaises. le parti libéral au pouvoir qui a eu le tort de faire des compromis sur les quotas imposés par l’Union européenne est écrasé avec environ 135 sièges. Les autres partis se partagent les sièges restants. La gauche représentée par deux formations concurrentes, est purement et simplement éliminée, pour la première fois depuis la chute du régime communiste en 1989, pour n’avoir pas atteint les seuils d’éligibilité.
Programme de Droit & Justice:
- Immigration zéro concernant les musulmans clandestins. Petite ouverture pour les chrétiens clandestins.
- renforcement de l’exécutif, du rôle du président et du premier ministre, pour aboutir à un système de pouvoir plus centralisé. PIS souhaite une plus grande influence du président sur le système judiciaire, sur les médias publics et les services secrets.
- La question de l’adhésion à l’eurozone: La Pologne n’est pas encore membre de l’eurozone, ce qui lui laisse une certaine autonomie que la France n’a pas. Mais elle est candidate à la monnaie unique. Duda a exclu toute adhésion à l’Eurozone sous son mandat présidentiel. La candidature à l’euro a été mise en place par l’actuel président du parlement européen, Donald Tusk. Les pouvoirs que confère la constitution polonaise ne permettent pas au président d’interférer contre l’adhésion. C’est l’une des raisons de l’extension des pouvoirs du président incluse dans le programme de Droit & Justice.
- Sur le plan social: baisse de l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour les femmes, 65 ans pour les hommes (aujourd’hui à 65 et 67), maintien des régimes spéciaux (juges, procureurs, agriculteurs…), médicaments gratuits pour les personnes de plus de 75 ans, allocation familiale de 500 zlotys par mois et par enfant. La Pologne est théoriquement obligée d’adopter l’euro en 2016.
- Education: Suppression du modèle commun de l’Union pour le cursus scolaire, pour revenir à l’ancien système de huit ans d’école primaire et de quatre ans de lycée. Libre choix aux parents de mettre ou non leurs enfants à l’école à 6 ans ou à 7 ans. A propos des épreuves du bac, « La religion devrait pouvoir être une matière du bac. Puisque l’on peut passer son bac dans autant de matières exotiques que l’histoire de la danse ou l’histoire de l’art, alors pourquoi ne devrait-il pas y avoir de religion ? » a affirmé la porte-parole du PiS, Elzbieta Witek, qui est pressentie comme ministre de l’éducation.
- La politique économique du PiS est largement inspirée de la politique hongroise de Viktor de Orban : taxation des supermarchés et des banques (qui appartiennent en grande partie à des capitaux étrangers) avec une préférence nationale, pour redynamiser les petites entreprises. Taxe sur les institutions financières et renationalisation de certaines banques. Le programme du PIS emploie les termes de « réindustrialisation » et de « repolonisation » de l’économie. Contrôle renforcé sur les entreprises partiellement publiques. Le PiS prévoit aussi une baisse de l’impôt sur les société de 19 à 15 %.
- Agriculture: le PIS n’envisage pas cependant une sortie de l’Union, mais il entend « protéger strictement » les propriétés polonaises contre les achats par les étrangers (comme en France, la Chine, le Qatar, l’Arabie saoudite etc.).
- Climat: aucun compromis sur la politique climatique, au nom de la défense de l’industrie du charbon sur laquelle repose l’essentiel de l’énergie polonaise.
- Souveraineté: refus de tout transfert de souveraineté supplémentaire à Bruxelles, mais renforcement de la vassalité de la Pologne sous suzeraineté américaine.
Un souverainisme qui ne craint pas les incohérences:
- L’aversion cultivée en Pologne contre la Russie pousse le PIS dans les bras des USA, ce qui fragilise considérablement ses velléités souverainistes.
- Cette soumission assumée aux USA en matière de défense explique sans doute ce succès sans entrave à la Présidentielle au printemps et aux Législatives cet automne; sans ces concessions à l’OTAN, il est fort peu probable que ce parti aurait aussi facilement gagné les élections. Loin de contester son appartenance à l’OTAN ou de vouloir créer une véritable défense nationale, le PIS désire renforcer la présence des troupes américaines sur le sol polonais et assume complètement sa soumission à l’ordre mondial américain, du moins en matière de défense. Le contrat signé avec Airbus pour 50 hélicoptères Caracal, devrait être remis en question au profit des hélicoptères américains de Sikorski Aircraft, qui ont des usines en Pologne.
Le renforcement de la position satellitaire de la Pologne vis-à-vis des USA laisse planer la crainte d’une évolution à la Tsipras… Le site de missiles de l’OTAN basé en Pologne est psychologiquement naturellement soutenu par une population favorable à la nouvelle guerre froide qu’elle mène contre la Russie. Les Américains ont tout intérêt à y cultiver et exacerber la rivalité historique des Polonais contre la Russie, alors que l’Organisation atlantique ne cesse d’enserrer toujours plus prés et avec davantage de moyens la Russie.
Conséquences: cette victoire en Pologne du parti Droit & Justice pourrait « booster » les partis identitaires (anti-immigrationnistes) au sein de l’Union, et leur permettre de mieux lutter pour le renforcement des frontières, et le respect des racines chrétiennes de l’Europe, mais en contre-partie la soumission du nouveau pouvoir à la puissance outre-atlantique renforce l’emprise des USA en Pologne et dans l’Union, et renforce, de ce fait, dans une certaine mesure, les risques d’une IIIème guerre mondiale.
Emilie Defresne
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