Le terme «révolution colorée» désigne les opérations de changement de régime qui ont été effectuées dans les ex-pays communistes à partir de l’an 2000. Le résultat de toutes ces révolutions a été de ramener les pays en question dans le giron occidental. Des interventions gigantesques de la part de gouvernements occidentaux, en particulier par les Américains, mais aussi de la part d’ONG payées par eux et par les Européens, ont été pratiquées pour garantir le résultat attendu.
Les «révolution colorées» de référence sont le renversement du président yougoslave Slobodan Milosevic le 5 octobre 2000 ; la «révolution des roses» en Géorgie en 2003 qui a amené le jeune Mikhaïl Saakachvili au pouvoir en renversant l’ancien ministre soviétique des affaires étrangères, Edouard Chevardnadze ; et la révolution «orange» en Ukraine en 2004. Nombreuses sont les autres révolutions calquées sur celles-ci, financées par les mêmes pays, et qui ont suivi le même modèle. Source
Parmi les autres révolutions colorée calquées sur celles qui sont citée ci-dessus, les Printemps arabes, et le coup d’État de 2014 en Ukraine sont emblématiques. Les Printemps arabes ont conduit à la guerre en Libye, en Syrie et au chaos islamique qui du Moyen-Orient s’est répandu en Afrique, en Europe et un peu partout dans le monde. Le coup d’Etat de 2014 en Ukraine aussi appelé Euromaïdan, a conduit à la guerre civile dans un pays européen et à une tentative persistante de retour à la guerre froide vis-à-vis de la Russie.
Une «révolution colorée» est caractérisée par les éléments suivants : des mouvements dits de masse (manifestations, affiches, slogans, logos), surtout menés par des jeunes et dirigés contre le président sortant décrié comme un dictateur et un réactionnaire. Ayant personnalisé à outrance le conflit politique pour diaboliser le sortant, la révolution colorée adopte systématiquement le langage – ou plutôt la propagande – du changement et du renouveau.
Tous ces hommes étaient en réalité des tables rases sur lesquelles l’électorat pouvait projeter tous ses espoirs
Pour mener à bien cette propagande, le candidat qui est porté au pouvoir doit être jeune ou inconnu ou les deux à la fois. Ainsi, Slobodan Milosevic, qui avait été d’abord président de la Serbie et ensuite président de la Yougoslavie fédérale, a été remplacé par un professeur inconnu, Vojislav Kostunica, qui pouvait incarner tous les espoirs car il n’en avait déçu aucun, n’ayant exercé aucune fonction politique auparavant. Avec le renversement de Milosevic, la Yougoslavie a immédiatement abandonné sa politique d’opposition au camp occidental et le nouveau président Kostunica fut accueilli, quelques jours après son élection, à un sommet européen en véritable vainqueur de la pensée unique.
Il en fut de même en Géorgie, ou Mikheïl Saakashvili n’avait que 36 ans au moment où des manifestations et autres troubles ont renversé le président Chevardnadze. En Ukraine, le bénéficiaire de la révolution orange, Victor Iouchtchenko, qui avait 50 ans en 2004, avait été, il est vrai, Premier ministre pendant deux ans. Mais il s’était effacé devant le président Koutchma pendant son mandat et il était surtout connu pour avoir été gouverneur de la Banque centrale, c’est-à-dire un inconnu.
Tous ces hommes étaient en réalité des tables rases sur lesquelles l’électorat pouvait projeter tous ses espoirs. Plus jeunes ou plus neufs ils étaient, mieux il remplissaient cette fonction d’écran vide. Mais leur virginité politique n’était qu’une opération de séduction pour vendre toujours le même produit : intégration dans les structures euro-atlantiques, répétition morne et ad nauseam des mêmes slogans politiquement corrects sur la diversité, progrès et ouverture.
La réalité est que ces soi-disant acteurs, comme les centaines de candidats issus de la société civile qui ont été nommés par le parti de Macron ne sont que les idiots utiles d’un scénario parfaitement chorégraphié
Il faut insister sur la jeunesse et/ou le manque de notoriété car c’est le point clé de la popularité d’Emmanuel Macron. Le nouveau président de la République n’incarne, en définitive, que sa nouveauté – tout comme son modèle, Valéry Giscard d’Estaing, lui aussi un jeune ancien ministre des Finances, l’avait fait en 1974. Source
Le cas Macron, un copié-collé du cas Giscard
Concernant l’élection de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, elle a permis une véritable révolution qui coûte très très cher aux Français, 43 ans plus tard, et qui continuera de leur coûter de plus en plus cher si la France ne s’extirpe pas du piège de l’euro et de l’Union européenne. En effet Giscard d’Estaing est le père de la loi Pompidou-Rothschild Giscard laquelle a cédé les prérogatives de la Banque de France aux banques privées. Alors que jusque-là la Banque de France prêtait à l’État à taux zéro, à partir de cette loi et de Giscard d’Estaing les banques privées vont prêter à l’État contre intérêts. Les milliers de milliards de dette de la France en 2017 ne sont que l’accumulation des intérêts de la dette depuis cette date, alors qu’à l’époque la France n’avait aucune dette. Sans cette loi, la France n’aurait encore aujourd’hui en 2017 aucune dette significative. On comprend donc qu’il a fallu une conjuration pour porter Giscard d’Estaing au pouvoir. Comme Macron il faisait parti du gouvernement sortant. Le président sortant, comme Hollande, ne se représentait pas puisque Pompoudou était mort durant son mandat présidentiel. Comme Macron, Giscard avait quitté le parti gaulliste au pouvoir pour fonder son propre parti l’UDR. Les partisans d’une Union européenne, les milliardaires et la haute finance avaient tous appuyé la candidature Giscard au point que Chaban Delmas, le candidat gaulliste investi qui représentait encore le parti dominant, en avait été réduit à tirer de petites affiches en noir et blanc par manque de fonds. Tous les bailleurs de fonds avaient investi sur la candidature du jeune et sémillant Giscard d’Estaing, venu de nulle part, mais qui a en commun avec Macron d’être un partenaire de la banque Rothschild.
Cette loi Giscard-Rothschild, a été promulguée durant la maladie de Pompidou, alors que Giscard était ministre des Finances, tout comme Macron ministre des Finances a promu la loi Travail qui va complètement déstabiliser les règles du Travail, surtout lorsqu’au cours de cet été les ordonnances l’auront mise aux normes germano-européennes.
La Loi Giscard-Rothschild a été par la suite perfectionnée dans le cadre de l’Union européenne, gravée dans le marbre, et étendue à l’ensemble des pays membres, au point que les banques sont devenues l’élément-clef de l’UE.
Giscard d’Estaing est aussi le père de la Constitution européenne qui a été rejetée par référendum par les Français à 55% en dépit d’une propagande effrénée, et par les Pays-bas. Malgré cela elle a tout de même été imposée par-dessus la volonté populaire à travers le Traité de Lisbonne.
Plus de 40 ans plus tard et c’est toujours le même baratin : modernité, jeunesse, développement, Europe. L’attraction de Macron, dont le manifeste personnel s’intitulait d’ailleurs Révolution, réside uniquement dans le fait qu’il n’est pas son prédécesseur, tout comme les exemple précités en Europe de l’Est. Macron, ce n’est pas l’art pour l’art mais le changement pour le changement.
Deuxième élément clé de la révolution colorée : l’accent qui est mis sur la «société civile», c’est-à-dire sur des groupes non intégrés dans les structures de l’Etat ou de la vie politique formelle. Le rôle joué par des organisations non gouvernementales financées ouvertement ou de façon occulte par le gouvernement américain (par le biais du National Endowment for Democracy), ou par les fondations dites de la «société ouverte» de Georges Soros, a été amplement documenté. L’idéologie de la société civile est essentielle car elle veut nous faire croire à un mouvement spontané de citoyens qui a pour vocation d’en finir avec les structures de l’Etat, décriées comme ringardes et rigides. C’est toute la propagande de la dissolution de l’État prônée par le marxo-libéralisme. Or, la réalité est que ces soi-disant acteurs, comme les centaines de candidats issus de la société civile qui ont été nommés par le parti de Macron, La République en marche, ne sont en réalité que les idiots utiles d’un scénario parfaitement chorégraphié et écrit à l’avance : plus d’Europe, plus d’occidentalisme, plus de bénéfices pour les banques et plus de dislocation des structures traditionnelles comme la famille et la nation.
«La technique d’un coup d’Etat»
Troisième élément : la technicité du pouvoir et de son acquisition. Curzio Malaparte avait formulé l’expression «la technique d’un coup d’Etat» et les révolutions colorées se sont inspirées de son exemple. D’autres auteurs, tels que Edward Bernays (Propagande, 1928) ou Gustave le Bon (La Psychologie des foules, 1895), ont également essayé de découvrir le secret de la manipulation des masses. De nos jours, le grand gourou est le politologue américain, Gene Sharp qui, ayant véhiculé une théorie de la résistance non-violente, revendique aujourd’hui aussi la paternité de révolutions violentes comme le printemps arabe ou l’Euromaidan.
C’est ici où la comparaison avec Macron est la plus frappante. Le secret de son succès réside dans le fait que les premiers militants d’En Marche! ont en réalité collecté, dans leurs rencontres avec des gens dans la rue, une base de données permettant à un logiciel de reconnaître les phrases clés que l’électorat veut entendre. Il ne s’agit pas, dans le discours d’Emmanuel Macron, de proposer des solutions concrètes mais, au contraire, de prononcer des phrases qui rassurent. Le changement sans les risques du changement, c’est le beurre et l’argent du beurre : il n’est pas étonnant que l’électorat vote pour cela.
La technique de Macron, autrement dit, c’est de ne pas faire peur aux gens. C’est tout le contraire de Marine le Pen, qui indépendamment du lourd héritage de son père, fait peur aux gens car elle leur explique que tout va mal et qu’il faut renverser l’échiquier. Macron, lui, a compris que l’électorat français était anxieux et qu’un tel discours suscitait un refus instinctif sur le plan émotionnel. Il a compris ce qu’ont compris ses prédécesseurs François Hollande, Jacques Chirac et François Mitterrand (mais non, pas le frénétique Nicolas Sarkozy), à savoir que l’électorat français voulait être endormi. Endormi, dirais-je, pas pour être euthanasié, mais endormi tout de même, au moins au moment du scrutin. Voilà la clé, aussi triste que banale, de la victoire de cet homme sans qualités, qui, tel le Bel-Ami de Maupassant, est venu de nulle part à la conquête du monde. Il n’est, en définitive, qu’une outre neuve pour un vin si ancien qu’il tournera, comme cela a été le cas pour tous ces prédécesseurs en France comme en Europe de l’Est, très vite au vinaigre. Source RT
Certes, le Français lambda aime se faire endormir, mais concernant Marine Le Pen, ce n’est pas elle qui fait peur aux gens avec ses propositions qu’au contraire la majorité d’entre eux approuvent, mais plutôt le Système médiatique qui est entièrement préoccupé à convertir toutes ses propositions en dangers imminents, elle-même étant le pire des dangers par a-priori. Parallèlement les médias étant acquis à Macron, toutes ses propositions, même les pires et les plus impopulaires comme la loi Travail qu’il a promis de mener à la puissance 10 à coup d’ordonnances, passent comme une lettre à la poste. Mais si Marine Le Pen est présentée par les médias comme un futur Hitler, Emmanuel Macron au contraire est présenté comme l’homme idéal.
John Laughland
L’auteur des larges citations contenues dans cet article est John Laughland, un académicien et un politologue eurosceptique britannique. Formé successivement à Oxford et à l’université de Munich, il a été conférencier à la Sorbonne et à l’Institut d’Études Politiques de Paris. Contributeur de nombreux journaux et médias, il était jusqu’en 2008 directeur européen de la Fondation européenne, un groupe de réflexion eurosceptique. Depuis 2008, il est directeur des études à l’Institut de démocratie et de coopération à Paris, dirigé par Natalia Narochnitskaya, historienne russe et ancien député de la Douma d’État. En 1997, il a publié une critique dans laquelle il soutient que l’Union européenne partage une certaine affinité idéologique avec le fascisme, le nazisme et le communisme, notamment son rejet de l’État-nation.
Il est, entre autre, spécialiste des révolutions colorées et autres coups d’État qui ont succédé à la chute de l’empire soviétique pour amener les anciennes républiques soviétiques européennes dans la sphère de l’OTAN et de l’UE.
emiliedefresne@medias-presse.info
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