Sylvain Favière

Sylvain Favière, simple infirmier militaire en Afghanistan en 2008, raconte son expérience. Il nous livre tout sur cette partie de sa vie. L’Afghanistan, ce n’est pas que 6 mois mais plusieurs mois de préparation loin de sa famille. Sylvain nous raconte ses rencontres avec les habitants afghans, leurs habitudes,  leurs coutumes totalement différentes des nôtres. Il tisse des liens même s’il doit apprendre à se méfier car même des enfants se font exploser. La vie est parfois précaire mais chaque militaire apprend à être solidaire de l’autre. Sylvain devient un combattant aguerri tandis qu’il apprend à ses camarades à faire une perfusion au cas où, lui-même est touché. Au téléphone, il échange de simples banalités avec sa femme et lui cache tout ce qu’il vit pour ne pas l’effrayer plus. Son quotidien c’est la fatigue, la peur, l’angoisse, la peur de mourir. Le 18 juin, il se trouve dans un convoi motorisé. Un IED (engin explosif improvisé qui peut être déclenché à distance) explose sous un des véhicules dans lequel il aurait dû se trouver. Il y aura des victimes et il ne pourra pas intervenir. Il évoque aussi la colère surtout après la fameuse embuscade d’Uzbin. Il avoue avoir eû envie d’aller tuer un taliban pour se venger de la mort de ses frères d’armes.

Quand il rentre chez lui, il découvre qu’il a changé. D’abord, il se sent en décalage par rapport à sa famille. Il a raté des événements et ne comprend pas tout. Surtout il rencontre de l’incompréhension et un désintérêt. Il a besoin de parler mais personne ne l’écoute. Alors il s’isole et mène une vie monotone. C’est alors qu’apparaissent les premiers signes d’irritabilité. Il y a cette tentation d’adapter la vie militaire à la maison après avoir vécu 24h/24 avec des règles strictes. Il se met en colère mais peut se calmer tout aussi vite. S’ajoute à cela une hypersensibilité. La moindre chose peut l’émouvoir au point de pleurer. Surtout il rêve de l’Afghanistan. Il se voit frapper par une balle en plein gilet pare-balles avant de se réveiller. Pour ne pas tomber dans l’alcool et la drogue, il se met à travailler de manière intensive. Il fait lui-même le constat : il a changé. Il fait vivre un enfer à sa famille. Sa femme lui demande de se reprendre. Il reconnait qu’il est malade et décide de consulter un médecin. Aujourd’hui il se déclare ni malade ni guéri. C’est un autre homme qui est revenu d’Afghanistan avec une blessure indélébile. Il a vécu l’écriture de ce livre comme une thérapie. Il espère sensibiliser l’opinion publique à cette maladie qu’est le stress post traumatique aujourd’hui reconnu comme blessure de guerre mais aussi aider ses camarades qui en souffriraient car il y a un long chemin avant de reconnaitre cette maladie invisible.

Le livre est sorti en janvier 2013. Témoignage simple, édifiant et émouvant, il nous fait découvrir un nouvel aspect de la guerre en Afghanistan. Il ne s’épanche pas sur ce qu’il a vécu mais entend témoigner pour les autres. Cependant il revient souvent sur ce manque de reconnaissance de la population et des médias vis-à-vis de l’armée française en Afghanistan. Il est revenu à la vie civile mais il ne regrette rien de ces moments passés à l’armée.

Vous êtes militaires, femmes de militaires ou vous avez un proche militaire, ce livre s’adresse à vous !

 

 

Le livre est disponible aux éditions Esprit Com’ : http://www.esprit-com.net/

Le prix est de 12 euros

La totalité des droits d’auteurs est reversé à la CABAT (Cellule d’aide aux blessés de l’armée de terre)

 

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Jean-Yves Le Brian
Jean-Yves Le Brian
il y a 11 années

Émouvant! une pensée pour tous nos combattants déployés en OPEX et pour leur famille. Une pensée également pour tous ceux qui ne sont jamais revenus et pour tous ces blessés.

MAIS pourquoi faut-il que les militaires ne nous prouvent généralement leur « profondeur » qu’une fois à la retraite!?

Avant de se plaindre des médias, du pouvoir ou de l’incompréhension ambiante de leur concitoyens… la « Grande Muette » ferait bien de commencer par se faire entendre, respecter et défendre ses propres intérêts!

C’est très beau les récits de faits d’armes héroïques, les stress post traumatique… mais cela ne fait plus rêver personne à part les jeunes en prépa à La Flèche ou Saint Cyr.

Alors,
Officier généraux, Officiers, sous-officier, soldat, faites vous entendre, défendez vos intérêts (matériels), n’acceptez plus indifféremment les retards de soldes, les brimades, etc. Dans votre intérêt et celui de vos familles, montrez-nous que même pendant votre service vous n’avez pas seulement « des ordres » mais aussi « du bon sens » et « une conscience ». Ne vous laissez pas piétiner au nom d’un régimisme servile!
Pourquoi la CGT arrive t elle toujours à se faire entendre et le CSFM jamais? faites du benchmarking! trouvez des solutions, réagissez!
Avant d’accepter par « honneur et fidélité » d’aller jouer les centaures aux quatre coins de la planète… Rendez vous respectables et commencez par assurer vos arrières en métropoles (votre solde, votre poste, implantation, reconversion…)!
En commençant par courageusement vous faire respecter chez vous, vous en assurerez d’autant mieux vos missions et le pays dont vous redeviendrez la fierté vous en sera éternellement reconnaissant.

Ordre du jour 410,

Jean-Yves Le Brian
Ministre du droit des Muets et des futurs anciens combattants loquaces.