Sanctoral
Saint Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge Marie et Patron de l’Église universelle
Nous faisons trêve à la sévérité du Carême pour célébrer la grande fête de saint Joseph. Nous ne pouvons pas, aujourd’hui, célébrer la messe du Carême. Nous n’omettrons pas cependant d’en méditer les pensées. Une nouvelle joie nous arrive, au sein des tristesses du Carême. Hier, c’était le radieux Archange qui déployait devant nous ses ailes ; aujourd’hui, c’est Joseph, l’Époux de Marie, le Père nourricier du Fils de Dieu, qui vient nous consoler par sa chère présence. Dans peu de jours, l’auguste mystère de l’Incarnation va s’offrir à nos adorations : qui pouvait mieux nous initier à ses splendeurs, après l’Ange de l’Annonciation, que l’homme qui fut à la fois le confident et le gardien fidèle du plus sublime de tous les secrets ? Le Fils de Dieu descendant sur la terre pour revêtir l’humanité, il lui fallait une Mère ; cette Mère ne pouvait être que la plus pure des Vierges, et la maternité divine ne devait altérer en rien son incomparable virginité. Jusqu’à ce que le Fils de Marie fût reconnu pour le Fils de Dieu, l’honneur de sa Mère demandait un protecteur : un homme devait donc être appelé à l’ineffable gloire d’être l’Époux de Marie. Cet heureux mortel, le plus chaste des hommes, fut Joseph. Le ciel le désigna comme seul digne d’un tel trésor, lorsque la verge qu’il tenait dans le temple poussa tout à coup une fleur, comme pour donner un accomplissement sensible à l’oracle prophétique d’Isaïe : « Une branche sortira de la tige de Jessé, et une fleur s’élèvera de cette branche ». Les riches prétendants à la main de Marie furent écartés ; et Joseph scella avec la fille de David une alliance qui dépassait en amour et en pureté tout ce que les Anges ont jamais connu dans le ciel. Ce ne fut pas la seule gloire de Joseph, d’avoir été choisi pour protéger la Mère du Verbe incarné ; il fut aussi appelé à exercer une paternité adoptive sur le Fils de Dieu lui-même. Pendant que le nuage mystérieux couvrait encore le Saint des saints, les hommes appelaient Jésus, fils de Joseph, fils du charpentier ; Marie, dans le temple, en présence des docteurs de la loi, que le divin Enfant venait de surprendre par la sagesse de ses réponses et de ses questions, Marie adressait ainsi la parole à son fils : « Votre père et moi nous vous cherchions, remplis d’inquiétude » ; et le saint Évangile ajoute que Jésus leur était soumis, qu’il était soumis à Joseph, comme il l’était à Marie. Qui pourrait concevoir et raconter dignement les sentiments qui remplirent le cœur de cet homme que l’Évangile nous dépeint d’un seul mot, en l’appelant homme juste ? Une affection conjugale qui avait pour objet la plus sainte et la plus parfaite des créatures de Dieu ; l’avertissement céleste donné par l’Ange qui révéla à cet heureux mortel que son épouse portait en elle le fruit du salut, et qui l’associa comme témoin unique sur la terre à l’œuvre divine de l’Incarnation ; les joies de Bethléhem lorsqu’il assista à la naissance de l’Enfant, honora la Vierge-Mère, et entendit les concerts angéliques ; lorsqu’il vit arriver près du nouveau-né d’humbles et simples bergers, suivis bientôt des Mages opulents de l’Orient ; les alarmes qui vinrent si promptement interrompre tant de bonheur, quand, au milieu de la nuit, il lui fallut fuir en Égypte avec l’Enfant et la Mère ; les rigueurs de cet exil, la pauvreté, le dénuement auxquels furent en proie le Dieu caché dont il était le nourricier, et l’épouse virginale dont il comprenait de plus en plus la dignité » sublime ; le retour à Nazareth, la vie humble et laborieuse qu’il mena dans cette ville, où tant de fois ses yeux attendris contemplèrent le Créateur du monde partageant avec lui un travail grossier ; enfin, les délices de cette existence sans égale, au sein de la pauvre maison qu’embellissait la présence de la Reine des Anges, que sanctifiait la majesté du Fils éternel de Dieu ; tous deux déférant à Joseph l’honneur de chef de cette famille qui réunissait autour de lui par les liens les plus chers le Verbe incréé, Sagesse du Père, et la Vierge, chef-d’œuvre incomparable de la puissance et de la sainteté de Dieu ? Non, jamais aucun homme, en ce monde, ne pourra pénétrer toutes les grandeurs de Joseph. Pour les comprendre, il faudrait embrasser toute retendue du mystère avec lequel sa mission ici-bas le mit en rapport, comme un nécessaire instrument. Ne nous étonnons donc pas que ce Père nourricier du Fils de Dieu ait été figuré dans l’Ancienne Alliance, et sous les traits d’un des plus augustes Patriarches du peuple choisi. Saint Bernard a rendu admirablement ce rapport merveilleux : « Le premier Joseph, dit-il, vendu par ses frères, et en cela figure du Christ, fut conduit en Égypte ; le second, fuyant la jalousie d’Hérode, porta le Christ en Égypte. Le premier Joseph, gardant la foi à son maître, respecta l’épouse de celui-ci ; le second, non moins chaste, fut le gardien de sa Souveraine, de la Mère de son Seigneur, et le témoin de sa virginité. Au premier fut donnée l’intelligence des secrets révélés par les songes ; le second reçut la confidence des mystères du ciel même. « Le premier conserva les récoltes du froment, non pour lui-même, mais pour tout le peuple ; le second reçut en sa garde le Pain vivant descendu du ciel, pour lui-même et pour le monde entier. » Une vie si pleine de merveilles ne pouvait se terminer que par une mort digne d’elle. Le moment arrivait où Jésus devait sortir de l’obscurité de Nazareth et se manifester au monde. Désormais ses œuvres allaient rendre témoignage de sa céleste origine : le ministère de Joseph était donc accompli. Il était temps qu’il sortît de ce monde, pour aller attendre, dans le repos du sein d’Abraham, le jour où la porte des cieux serait ouverte aux justes. Près de son lit de mort veillait celui qui est le maître de la vie, et qui souvent avait appelé cet humble mortel du nom de Père ; son dernier soupir fut reçu par la plus pure des vierges, qu’il avait eu le droit de nommer son Épouse. Ce fut au milieu de leurs soins et de leurs caresses que Joseph s’endormit d’un sommeil de paix. Maintenant, l’Époux de Marie, le Père nourricier de Jésus, règne au ciel avec une gloire inférieure sans doute à celle de Marie, mais décoré de prérogatives auxquelles n’est admis aucun des habitants de ce séjour de bonheur. C’est de là qu’il répand sur ceux qui l’invoquent une protection puissante. Dans quelques semaines, la sainte Église nous révélera toute l’étendue de cette protection ; une fête spéciale sera consacrée à honorer le Patronage de Joseph ; mais désormais la sainte Église veut que la fête présente, élevée à l’honneur des premières solennités, devienne le monument principal de la confiance qu’elle éprouve et qu’elle veut nous inspirer envers le haut pouvoir de l’époux de Marie. Le huit décembre 1870, Pie IX, au milieu de la tempête qui jusqu’à cette heure mugit encore, s’est levé sur la nacelle apostolique, et a proclamé, à la face de la Ville et du monde, le sublime Patriarche Joseph comme devant être honoré du titre auguste de Patron de l’Église universelle. Bonis soient l’année et le jour d’un tel décret, qui apparait comme un arc-en-ciel sur les sombres nuages de l’heure présente ! Grâces soient rendues au Pontife qui a voulu que le 19 mars comptât à l’avenir entre les jours les plus solennels du Cycle, et que la sainte Église, plus en butte que jamais à la rage de ses ennemis, reçût le droit de s’appuyer sur le bras de cet homme merveilleux à qui Dieu, au temps des mystères évangéliques, confia la glorieuse mission de sauver de la tyrannie d’Hérode, et la Vierge-mère et le Dieu-homme à peine déclaré à la terre !
Saint Wulfran, Archevêque de Sens (647-720)
Saint Wulfran était fils d’un officier du roi Dagobert; il passa quelques années à la cour, mais il n’échoua point contre les écueils où la vertu des grands fait si souvent naufrage, et sut allier toujours les devoirs de son état avec la pratique des maximes de l’Évangile. Élevé sur le siège archiépiscopal de Sens, il se livra tout entier aux oeuvres de son saint ministère. Après avoir gouverné son diocèse pendant deux ans et demi à peine, il se sentit intérieurement sollicité d’aller prêcher l’Évangile aux Frisons. Il s’embarqua avec plusieurs religieux décidés à courir tous les dangers de son apostolat. Pendant la traversée, un fait miraculeux fit connaître le mérite de l’évêque missionnaire. Comme il disait la Messe sur le navire, celui qui faisait l’office de diacre laissa tomber la patène à la mer; Wulfran lui commanda de mettre la main à l’endroit où la patène était tombée, et aussitôt elle remonta du fond des eaux jusque dans sa main, à l’admiration de tous. A force de miracles, le courageux apôtre opéra chez les sauvages Frisons de nombreuses conversions. Wulfran, son oeuvre à peu près terminée, alla passer le reste de ses jours dans un monastère; sa sainte mort arriva vers l’an 720. Saint Wulfran a toujours été très honoré en Picardie, et de nombreuses faveurs ont été obtenues de Dieu par son intercession.
Bienheureux Théophane Vénard, Martyr, (1829-1861)
Théophane Vénard naquit le 21 novembre 1829, à saint-Loup-sur-Thouet, au diocèse de Poitiers. Son père, qui était instituteur et sa mère Marie Guéret élevèrent leurs enfants dans des sentiments très chrétiens: Mélanie, l’aînée, mourut religieuse de l’Immaculée-Conception, et leur plus jeune frère, Eusèbe, fut curé d’Assais. Théophane, encore enfant, aimait à lire les « Annales de la Propagation de la Foi,» soit seul, soit en compagnie de sa sœur Mélanie. Un jour, la revue racontait les souffrances et la mort du Père Cornay, qui venait de souffrir le martyre au Tonkin. Saisi d’une émotion indicible, et d’un véritable enthousiasme apostolique, il s’écria: « Moi aussi, je veux aller au Tonkin ! Et moi aussi, je veux être martyr !» Il avait alors dix ans. Quelques jours après, il se trouve avec son père dans une prairie. « Mon père, fit-il soudain, combien vaut ce pré? – Je ne sais pas au juste; mais pourquoi cette question? – Ah! si vous pouviez me le donner, ce serait ma part; je le vendrais et ferais mes études.» Le père comprit et favorisa une vocation si déterminée : Théophane fit ses études au petit séminaire de Montmorillon et au grand séminaire de Poitiers. Après son ordination au sous-diaconat (février 1850), il disait adieu à sa famille et entrait au séminaire des Missions-Étrangères, à Paris. L’abbé Vénard reçut l’onction sacerdotale le 5 juin 1852, bien qu’il n’eût que vingt-deux ans et demi, et le 23 septembre, il s’embarquait à Anvers pour la Chine. Arrivé à Hongkong, il y attendit dix mois sa destination. En définitive, il fut désigné pour le royaume d’Annam: le 13 juin 1854, il arrivait à Vinh-Tri, auprès de son évêque, Mgr Retord. Les débuts de M. Vénard furent assez laborieux: il paya son acclimatation par une grave maladie. A peine remis, il est obligé de changer constamment de demeure, afin d’échapper aux édits de persécution de l’empereur Tu-Duc. Traqués comme des bêtes sauvages, les missionnaires de l’Annam sont contraints de fuir, de descendre dans des cachettes souterraines, pendant qu’au-dessus de leurs têtes les troupes des mandarins pillent et détruisent leur chrétientés. M. Vénard cherche un refuge à Hoang-Nghuen, auprès de M. Castex, provicaire de la Mission, qui meurt entre ses bras (6 juin 1857), Il est chargé du district qu’administrait le défunt. Tu-duc lance contre les chrétiens de nouveaux édits plus sévères encore que les précédents : les mandarins des provinces s’empressent de les exécuter. Grâce à un lettré apostat qui renseigne les mandarins sur les cachettes des missionnaires, de nombreuses arrestations ont lieu dans la mission d’Annam. Le Père Néron, livré par un traître, venait de terminer sa carrière par le martyre, le 3 novembre 1860. Le 30 du même mois, le Père Vénard, dénoncé par un païen, était arrêté avec son catéchiste et conduit à la sous-préfecture. Le mandarin le traita avec de grands égards et parut même regretter son arrestation. En fin décembre, il fut transporté à Hanoï. Sur son passage, la foule chuchotait: « Qu’il est joli, cet Européen !» Il fut condamné à mort. En attendant la sanction impériale, M. Vénard installé dans sa cage sur la rue, causait gaiement avec les gardiens et les curieux et souvent chantait des cantiques. L’ordre d’exécuter la sentence de mort arriva dans la nuit du 1er au 2 février 1861. Dès sept heures du matin, on lui lut le jugement qui le condamnait à mort, et à neuf heures, il était décapité.
Bienheureux Hippolyte Galantini, fondateur de la Congrégation de saint François de la doctrine chrétienne
Hippolyte Galantini est né et mort à Florence le 14 octobre 1565. Son père est tisserand et il commence à apprendre le métier, mais sa vocation à la catéchèse est forte, ce qui le conduit dès son enfance à instruire ses camarades sur les questions de foi, créant petit à petit un groupe de dévots autour de lui. L’archevêque Alexandre de Médicis, futur pape Léon XI, est impressionné par sa figure et le nomme, bien que très jeune, professeur de doctrine chrétienne à l’ église de Santa Lucia al Prato, bien qu’il soit laïque, ce qu’il est resté toute sa vie. À seulement 17 ans il prend la tête de la congrégation de Sainte-Lucie puis de celle du Très Saint Sauveur, deux congrégations de fidèles laïcs. Il mène une vie de grands sacrifices au nom de la foi – il jeûne trois fois par semaine, ne mange que des choses pauvres et dort très peu la nuit pour pouvoir prier – ce qui suscite l’admiration de beaucoup et rassemble un certain nombre d’adeptes. Lorsque les franciscains d’Ognissanti lui font le don d’un terrain qui faisait partie du jardin de leur couvent à Florence, il construit un grand oratoire grâce aux dons. Doté d’une brillante intuition pédagogique, son attention est toujours dirigée avant tout vers l’éducation humaine, morale et religieuse des classes les plus modestes de la population et au fil des années, il trouve toujours le temps d’aider son père au travail. En 1604, après avoir terminé l’oratoire, il fonde la Congrégation de saint François de la doctrine chrétienne ou archiconfrérie de saint François, une congrégation composée de fidèles laïcs qui a eu un succès important au point de s’étendre également à d’autres villes, surtout en Émilie et en Toscane. Il survit à la peste et à une chute dans le fleuve Arno, mais sa santé va devenir chancelante lui occasionnant diverses maux. À la fin de l’année 1618, il tombe plus gravement malade et au bout de 4 mois, il meurt le 20 mars 1619 à Florence. Il est béatifié le 19 juin 1825 par le Pape Léon XII.
Martyrologe
En Judée, l’anniversaire de saint Joachim confesseur, père de l’Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu. Sa fête se célèbre le 17 des calendes de septembre (16 août).
En Asie, l’anniversaire de saint Archippe, compagnon dans ses travaux du bienheureux apôtre Paul. Ce dernier fait mention de lui dans son Épitre à Philémon et dans celle aux Colossiens.
En Syrie, les saints martyrs Paul, Cyrille, Eugène et quatre autres.
Le même jour, sainte Photine la Samaritaine, ses enfants Joseph et Victor; Sébastien, officier de l’armée, Anatole, Photius, et Photide, les deux sœurs Parascève et Cyriaque. Tous ayant confessé le Christ parvinrent au martyre.
A Amise, en Paphlagonie, les sept saintes femmes Alexandra, Claudia, Euphrasie, Matrone, Julienne, Euphémie et Théodosie, qui souffrirent la mort en confessant la foi: elles furent suivies de Derphute et de sa sœur.
A Apollonie, saint Nicétas évêque. Relégué en exil pour le culte des saintes images, il y mourut.
Au monastère de Fontenelle, en France, saint Wulfran, évêque de Sens. Il résigna son évêché, et finit ses jours dans cette solitude, après y être devenu célèbre par ses miracles.
En Angleterre, la mise au tombeau de saint Cuthbert, évêque de Lindisfarne. Depuis son enfance jusqu’à sa mort, il fut illustre par ses œuvres saintes et ses éclatants miracles.
A Sienne, en Toscane, le bienheureux Ambroise, de l’Ordre des Frères Prêcheurs, célèbre par sa sainteté, sa prédication et ses miracles.
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